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LE SEXISME DANS LE MONDE DU TRAVAIL

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III. LA CONVENTION <strong>DU</strong> CONSEIL DE L’EUROPE<br />

SUR LA PREVENTION ET LA LUTTE<br />

CONTRE <strong>LE</strong>S VIO<strong>LE</strong>NCES FAITES AUX FEMMES<br />

ET LA VIO<strong>LE</strong>NCE DOMESTIQUE : des avancées<br />

dans l’appréhension des violences de genre<br />

au travail et un ciblage récent sur le sexisme<br />

Cette Convention, adoptée par le Comité des ministres du<br />

Conseil de l’Europe le 7 avril 2011 et ratifiée par la France<br />

le 1 er aout 2014, « a notamment pour but (article 1) de<br />

protéger les femmes contre toutes les formes de violence,<br />

et de prévenir, poursuivre et éliminer la violence à l’égard<br />

des femmes et la violence domestique, de contribuer à<br />

éliminer toutes les formes de discrimination à l’égard des<br />

femmes et de promouvoir l’égalité réelle entre les femmes et<br />

les hommes, y compris par l’autonomisation des femmes».<br />

Dès son préambule, cette Convention apporte une<br />

définition de la violence fondée sur les rapports sociaux de<br />

sexe :<br />

◗ « Reconnaissant que la violence à l’égard des femmes<br />

est une manifestation des rapports de force<br />

historiquement inégaux entre les femmes et les hommes<br />

ayant conduit à la domination et à la discrimination des<br />

femmes par les hommes, privant ainsi les femmes de leur<br />

pleine émancipation;<br />

◗ Reconnaissant que la nature structurelle de la violence à<br />

l’égard des femmes est fondée sur le genre, et que la<br />

violence à l’égard des femmes est un des mécanismes<br />

sociaux cruciaux par lesquels les femmes sont maintenues<br />

dans une position de subordination par rapport aux<br />

hommes ».<br />

Un certain nombre de précisions terminologiques<br />

témoignent, par ailleurs, d’une prise en compte d’un<br />

champ assez large des violences, notamment au travail<br />

(article 3).<br />

◗ « Le terme de « violence à l’égard des femmes » doit être<br />

compris comme une violation des droits de l’homme et<br />

une forme de discrimination à l’égard des femmes, et<br />

désigne tous les actes de violence fondés sur le genre<br />

qui entraînent ou sont susceptibles d’entraîner pour les<br />

femmes des dommages ou souffrances de nature<br />

physique, sexuelle, psychologique ou économique, y<br />

compris la menace de se livrer à de tels actes, la<br />

contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit<br />

dans la vie publique ou dans la vie privée ;<br />

◗ Le terme «genre» désigne «les rôles, les comportements,<br />

les activités et les attributions socialement construits,<br />

qu’une société donnée considère comme appropriés<br />

pour les femmes et les hommes» ;<br />

◗ Le terme violence à l’égard des femmes fondée sur le<br />

genre « désigne toute violence faite à l’égard d’une<br />

femme parce qu’elle est une femme ou affectant les<br />

femmes de manière disproportionnée » ».<br />

A noter que le secteur privé est clairement ciblé (article 17):<br />

«Les parties encouragent les secteurs privés, […] dans<br />

le respect de la liberté d’expression et de leur indépendance,<br />

à participer à l’élaboration et à la mise en œuvre des<br />

politiques ainsi qu’à mettre en place des lignes<br />

directrices et des normes d’autorégulation pour<br />

prévenir la violence à l’égard des femmes et renforcer le<br />

respect de leur dignité».<br />

Le mouvement qui tend à systématiser l’utilisation de la<br />

notion de « violence » dans les textes internationaux pour<br />

englober l’ensemble des mauvais traitements dont les<br />

femmes sont susceptibles d’être l’objet au travail est<br />

intéressant dans la mesure où il cible de plus en plus, au<br />

fil du temps, les violences psychologiques et les violences<br />

sexistes. Il ne permet pas toutefois de rendre compte du<br />

caractère multidimensionnel du sexisme, et notamment<br />

des manifestations du sexisme ordinaire. L’ensemble de<br />

ces instruments rappellent en revanche le rôle essentiel<br />

des employeurs, des syndicats et des salarié-e-s dans la<br />

mise en place des politiques et des normes d’auto -<br />

régulation au sein des organisations du travail.<br />

Toutefois, la stratégie 2014-2017 du Conseil de l’Europe<br />

en matière d’égalité entre les femmes et les hommes,<br />

publiée en 2013, établit comme objectif n°1, le fait de<br />

combattre les stéréotypes de genre et le sexisme. C’est là<br />

une avancée remarquable à la fois en raison de la place de<br />

cet objectif, jugé prioritaire, et parce que le mot sexisme<br />

est prononcé et décliné en actions concrètes de résistance<br />

dont la place des femmes dans les médias.<br />

Mais, pour voir apparaître une disposition juridique plus<br />

précise qui pourrait rendre compte des manifestations de<br />

sexisme ordinaire, il faut regarder du côté de l’Union<br />

européenne, depuis les années 2000.<br />

DEUXIÈME PARTIE<br />

<strong>LE</strong> <strong>SEXISME</strong> <strong>DANS</strong> <strong>LE</strong> DROIT :<br />

Quasi-inexistence ou approche floutée<br />

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