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Des exemples précis et riches en enseignement<br />
Quelques exemples, tirés le plus souvent des codes d’éthique, permettent d’apprécier la portée de ces dispositifs.<br />
Le dispositif d’alerte et de réclamation chez AREVA (article 19 du code d’éthique)<br />
« Tout salarié doit pouvoir faire état et porter à la connaissance de l’entreprise des événements discriminatoires (discrimination,<br />
agissement ou harcèlement discriminatoire). Les parties rappellent que de telles situations peuvent remonter par les voies normales<br />
et habituelles que sont les lignes hiérarchiques, fonctionnelles, les ressources humaines, les représentants du personnel, les<br />
déontologues, voire les voies judicaires. Ces réclamations peuvent également être portées à la connaissance du responsable en<br />
charge de la lutte contre les discriminations au sein de la direction de la diversité et l’égalité des chances. Cette possibilité est aussi<br />
ouverte à des tiers, témoins de telles situations. Ce dispositif de traitement des réclamations et d’alerte est interne au groupe,<br />
centralisé et complémentaire aux voies de recours précitées et soumis à autorisation de la CNIL».<br />
Le dispositif de référent égalité de BPN Paribas<br />
«Il est institué un référent à l’égalité professionnelle au sein de la fonction RHG. Ce référent pourra être saisi par le délégué syndical<br />
national d’une organisation syndicale représentative au niveau national, à la suite d’une demande écrite et motivée présentée soit<br />
par le salarié, soit par un délégué du personnel 177 ».<br />
La cellule d’écoute de CASINO<br />
«Elle est composée du directeur de la promotion de la diversité et de la solidarité, du médecin du travail du siège social, d’une experte<br />
interne en fonction du sujet. Son objectif est de permettre la traçabilité des incidents discriminatoires et d’en assurer le suivi du traitement.<br />
[…] La cellule d’écoute pourra être contactée par tout salarié, soit par email (adresse dédiée), soit par téléphone (numéro dédié) 178 ».<br />
Le protocole mis en place par SANOFI<br />
«L’attitude de votre collègue ne favorise pas l’esprit d’équipe et est également contraire aux principes éthiques du Groupe en matière de<br />
lutte contre la discrimination des salariés (comme de tout tiers) relativement à leur origine, leur race, leur sexe ou leur appartenance<br />
religieuse. N’hésitez pas à faire part de cette situation aux départements ou aux personnes compétentes de la Société qui pourront vérifier<br />
rapidement les faits et prendre si nécessaire les mesures correctives appropriées. Vous pouvez ainsi vous adresser à votre supérieur<br />
hiérarchique, à votre Direction des Ressources Humaines ou à votre Responsable Compliance/Conformité, conformément aux règles<br />
applicables dans votre pays». L'entreprise possède également une ligne téléphonique et une adresse mail dont l'utilisation est «sécurisée».<br />
Un risque de dérive lié à ces dispositifs d’alerte<br />
La mise en place de tels dispositifs posent quatre<br />
questions essentielles : le choix ou non du principe<br />
d’anonymat ou de confidentialité, la légitimité de l’instance<br />
ou de la personne qui est saisie de l’alerte, le périmètre de<br />
l’alerte, enfin la traçabilité des données recueillies 183 .<br />
Ainsi, une réserve de principe a été émise par la<br />
Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés<br />
(CNIL), au motif que «la mise en œuvre par un employeur<br />
d’un dispositif destiné à organiser auprès des employés le<br />
recueil, quelqu’en soit la forme, de données personnelles<br />
concernant des faits contraires aux règles de l’entreprise<br />
ou à la loi, imputables à leurs collègues de travail, pourrait<br />
conduire à un système organisé de délation professionnelle»<br />
(Délibération du 26 mai 2005). Les tribunaux ont donc<br />
ordonné le retrait de ces notes éthiques comprenant les<br />
descriptifs des procédures d’alerte (arrêt du Tribunal de<br />
Grande Instance de Libourne datant du 15 septembre<br />
2005). Depuis 2009, les codes d’éthique établis en vue de<br />
satisfaire à la loi Sarbanes Oxley doivent être autorisés par<br />
la CNIL (arrêt de la Cour de Cassation en date du 8<br />
décembre 2009).<br />
Ainsi ces dispositifs d’alerte constituent-ils, en raison de<br />
leur flexibilité, un outil précieux à même d’intégrer des<br />
éléments nouveaux de prise en compte du sexisme, à<br />
condition d’assurer juridiquement les dispositions qui<br />
pourraient en relever.<br />
1.4. Le pouvoir disciplinaire de l’employeur:<br />
un moyen de combattre<br />
le sexisme ordinaire ?<br />
Au-delà des instruments normatifs évoqués ci-dessus,<br />
l’employeur dispose d’un pouvoir de sanction disciplinaire<br />
(avertissement ou blâme, mutation ou rétrogradation,<br />
licenciement disciplinaire) qui réprime soit des manque -<br />
ments des salarié-e-s à la discipline générale découlant du<br />
177 - Rapport de l’ORSE précité<br />
178 - ibidem<br />
183 - Voir à ce sujet les réponses apportées par le rapport de l’ORSE précité ainsi que les travaux du Défenseur des droits<br />
TROISIÈME PARTIE<br />
<strong>LE</strong>S INSTRUMENTS DE RÉGULATION MIS EN ŒUVRE<br />
AU SEIN DES ENTREPRISES :<br />
Insensibilité au Sexisme<br />
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