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LE SEXISME DANS LE MONDE DU TRAVAIL

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RAPPORT SUR <strong>LE</strong> <strong>SEXISME</strong> <strong>DANS</strong> <strong>LE</strong> <strong>MONDE</strong> <strong>DU</strong> <strong>TRAVAIL</strong><br />

ENTRE DÉNI ET RÉALITÉ<br />

6.3. Le droit de la santé<br />

et de la sécurité au travail :<br />

une entrée du sexisme ordinaire<br />

par les risques psychosociaux ?<br />

L’employeur est tenu d’assurer la sécurité et la santé des<br />

travailleurs, obligation qui s’étend aujourd’hui à tout ce qui<br />

touche au bien-être physique, mental, social des salariés 144 .<br />

En effet, depuis la transposition de la directive-cadre du<br />

12 juin 1989 en droit français, la construction normative en<br />

matière de santé et de sécurité au travail a contribué à<br />

renforcer la politique de prévention des risques professionnels<br />

en élargissant son champ d'action. La loi du 17 janvier 2002<br />

a introduit dans le Code du travail la notion de «santé<br />

physique et mentale». L’article L. 4121-1 du Code du travail<br />

fait obligation à chaque employeur de prendre les mesures<br />

nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé<br />

physique et mentale des travailleurs 145 .<br />

Avec l’apparition de l’obligation de protection de la santé<br />

physique et mentale des salariés, de nouveaux facteurs ou<br />

catégories de risques ont émergé. Une nouvelle approche<br />

de la prévention s’est dessinée, notamment par la prise<br />

en considération des risques psychosociaux, dont le<br />

but dépasse l’objectif de sécurité et de protection de la<br />

santé des travailleurs, pour tendre vers la reconnaissance<br />

d’un bien-être au travail.<br />

Bien que largement utilisée, la notion de risques psycho -<br />

sociaux n’a pas pour autant une acception claire et univoque<br />

dans l’usage qu’en font les acteurs sociaux. A cet égard,<br />

il convient de souligner que la notion de «risques psycho -<br />

sociaux» (RPS) n’est pas définie juridiquement et il n'existe,<br />

dans le Code du travail, aucune occurrence de cette<br />

expression.<br />

Selon le ministère du Travail, cette notion recouvre en réalité<br />

des risques professionnels d’origine et de nature variée, qui<br />

mettent en jeu l’intégrité physique et la santé mentale des<br />

salariés et ont, par conséquent, un impact sur le bon fonction -<br />

nement des entreprises. On les appelle «psychosociaux»<br />

car ils sont à l’interface de l’individu (le «psycho») et de sa<br />

situation de travail 146 .<br />

La signature d’accords-cadres européens, l’un sur le stress<br />

au travail (8 octobre 2004), l’autre sur le harcèlement et la<br />

violence au travail (26 avril 2007) ont contribué à identifier<br />

les risques psychosociaux. Ces accords ont donné lieu à la<br />

signature de l’ANI du 2 juillet 2008 147 relatif au stress au<br />

travail et celui du 26 mars 2010 sur le harcèlement et la<br />

violence au travail. Ces dispositifs n’ont toutefois pas un<br />

caractère coercitif, faute de mesures contraignantes, et<br />

constituent des sortes de codes de bonne conduite.<br />

a. Une référence aux violences sexistes<br />

et aux stéréotypes de sexe<br />

Dans l’ANI sur le harcèlement et la violence au travail du<br />

26 mars 2010, il est fait référence aux violences sexistes<br />

sur le lieu de travail : « La violence au travail se produit<br />

lorsqu’un ou plusieurs salariés sont agressés dans des<br />

circonstances liées au travail. Elle va du manque de respect<br />

à la manifestation de la volonté de nuire, de détruire, de<br />

l'incivilité à l'agression physique. La violence au travail peut<br />

prendre la forme d'agression verbale, d'agression comporte -<br />

mentale, notamment sexiste, d'agression physique».<br />

La nécessité de lutter contre les stéréotypes est également<br />

soulignée avec force au sein d’un paragraphe consacré<br />

aux violences faites aux femmes 148 : «En ce qui concerne<br />

plus particulièrement les violences faites aux femmes, la<br />

persistance des stéréotypes et des tabous ainsi que la<br />

non reconnaissance des phénomènes de harcèlement<br />

sexuel nécessitent une forte sensibilisation à tous les<br />

niveaux de la hiérarchie et la mise en place de politiques de<br />

prévention et d'accompagnement dans les entreprises. Il<br />

s’agit notamment d’identifier ces stéréotypes et de les<br />

démystifier en réfutant les représentations erronées<br />

de la place des femmes dans le travail. Une telle<br />

démarche s’inscrit(…) dans une approche volontariste et<br />

opérationnelle pour combattre ces phénomènes qui peuvent<br />

se révéler dans le cadre du travail, au travers de situations<br />

de harcèlement et de violence au travail».<br />

Par ailleurs, l’ANI du 19 juin 2013 vers une politique<br />

d’amélioration de la qualité de vie au travail et de l’égalité<br />

professionnelle, en son article 7, réaffirme la nécessité de<br />

lutter contre les stéréotypes sexués qui font obstacle à la<br />

144 - C’est ce que souligne la CJCE dans un arrêt du 12 nov.1996, Aff C-84/94, Royaume-Uni c/Conseil<br />

145 - L’article L. 4121-1 du Code du travail fait obligation à chaque employeur de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé<br />

physique et mentale des travailleurs. Ces mesures comprennent :<br />

1° Des actions de prévention des risques professionnels et de la pénibilité au travail ;<br />

2° Des actions d'information et de formation ;<br />

3° La mise en place d'une organisation et de moyens adaptés.<br />

L'employeur veille à l'adaptation de ces mesures pour tenir compte du changement des circonstances et tendre à l'amélioration des situations existantes<br />

146 - Site du ministère du Travail<br />

147 - Un état de stress survient lorsqu’il y a déséquilibre entre la perception qu’une personne a des contraintes que lui impose son environnement et la perception<br />

qu’elle a de ses propres ressources pour y faire face. L’individu est capable de gérer la pression à court terme mais il éprouve de grandes difficultés face à<br />

une exposition prolongée ou répétée à des pressions intenses.<br />

148 - Au sens du BIT la violence au travail s’entend de « toute action, tout incident ou tout comportement qui s’écarte d’une attitude raisonnable par lesquels une<br />

personne est attaquée, menacée, lésée, ou blessée dans le cadre du travail ou du fait de son travail :<br />

- la violence au travail interne est celle qui se manifeste entre les travailleurs, y compris le personnel d’encadrement ;<br />

- la violence au travail externe est celle qui s’exprime entre les travailleurs (et le personnel d’encadrement) et toute personne présente sur le lieu de travail. »<br />

DEUXIÈME PARTIE<br />

<strong>LE</strong> <strong>SEXISME</strong> <strong>DANS</strong> <strong>LE</strong> DROIT :<br />

Quasi-inexistence ou approche floutée<br />

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