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Il y a eu une étude universitaire sur cette<br />

campagne. On a mesuré dans cette étude<br />

qu’effectivement cette campagne avait<br />

réduit la stigmatisation dans la perception<br />

du grand public des soins de santé mentale<br />

au Royaume-Uni. Cette campagne a eu un<br />

impact très positif et elle continue à avoir<br />

cet impact. Enfin, une dame tout à l’heure<br />

a demandé comment nous pouvions<br />

partager maintenant l’information au-delà<br />

des frontières. Je suggère qu’il y ait un<br />

portail de l’OMS qui permette de rassembler<br />

et d’échanger les informations entre les<br />

pays et les organisations, car il existe de<br />

très bons exemples de bonnes pratiques<br />

d’empowerment des usagers et des aidants.<br />

Julie Repper : Bonjour, je suis Julie.<br />

Ce matin, j’ai été frappée par l’importance<br />

d’entendre les témoignages et expériences<br />

personnels, l’importance de faire émerger<br />

l’expertise des personnes qui ont vécu<br />

cela et qui y ont survécu. Nous le voyons<br />

à l’action dans cette pièce. Tout à l’heure,<br />

quand une personne a demandé : « est-ce<br />

que je peux guérir de la schizophrénie ? » et<br />

qu’on lui a apporté une réponse, je trouve<br />

ça très important. Nous avons essayé de<br />

mettre cela en place en Angleterre. Nous<br />

avons des « écoles de rétablissement ».<br />

J’aimerais suggérer cette idée comme<br />

exemple de bonne pratique. C’est organisé<br />

comme une structure d’enseignement, tout<br />

un ensemble de cours sont proposés pour<br />

aider les gens à comprendre leur droit à<br />

l’information, à l’accès au dossier médical,<br />

à la compréhension des services et des<br />

prestations sociales. C’est aussi un endroit<br />

où on peut apprendre des autres, des<br />

enseignants qui sont aussi des pairs avec des<br />

expériences similaires, où on apprend à vivre<br />

avec une psychose, avec une dépression,<br />

à trouver un emploi, à gérer son argent.<br />

Nous dirigeons l’école du rétablissement de<br />

Nottingham, avec environ 150 cours chaque<br />

trimestre qui sont ouverts aux personnes qui<br />

souffrent de problèmes de santé mentale,<br />

aux familles et aux professionnels. Ce sont<br />

des cours qui sont donnés et conçus par des<br />

usagers, accompagnés de professionnels. Je<br />

pense que c’est un exemple qui illustre bien<br />

les points positifs évoqués aujourd’hui.<br />

Stefania Arici : Bonjour, je viens de<br />

Trento. J’aimerais dire que, selon moi,<br />

l’information doit exister à différents niveaux.<br />

Nous, nous proposons des interviews et<br />

des exercices dans les écoles parce que les<br />

étudiants sont les hommes et les femmes de<br />

demain. Dans ces rencontres, il n’y a pas que<br />

des professionnels, mais aussi les usagers<br />

et des membres de la famille, et c’est très<br />

efficace. Quand les étudiants rencontrent<br />

ces personnes, le message est tout à fait<br />

différent. Mais ce n’est pas suffisant, je pense<br />

qu’il faut aussi organiser des activités au<br />

sein de la communauté avec des bénévoles,<br />

des campagnes en collaboration avec les<br />

médias. Il faut concevoir tout un programme<br />

pour travailler sur différents niveaux afin de<br />

créer un réseau et je pense que ce n’est que<br />

comme ça qu’on y arrivera.<br />

Corinne Noel : Bonjour, je voudrais réagir<br />

par rapport au passage qui concerne les<br />

campagnes d’information en relatant une<br />

expérience que j’ai vécu. Je suis médiatrice<br />

de santé pair et j’ai été embauchée par<br />

un chef de pôle. Quand j’ai commencé à<br />

travailler dans un hôpital de jour, le chef du<br />

service m’a demandé de participer à une<br />

réunion et de me présenter. Je me suis posée<br />

la question de savoir comment j’allais me<br />

présenter. J’ai donc parlé de mon parcours<br />

de rétablissement en mentionnant que<br />

j’avais un trouble bipolaire, elle m’a coupé la<br />

parole en disant : « Oh ! Bipolaire, c’est une<br />

maladie à la mode ». Donc, je me demande<br />

si les campagnes d’information n’ont pas un<br />

revers.<br />

Anneke Bolle : Qui veut réagir ?<br />

Stéphanie Wooley : Je voudrais rebondir<br />

sur votre remarque Madame. Nous avons<br />

peu abordé cette question du revers de la<br />

médaille et les risques et dangers inhérents<br />

à ces campagnes. L’expérience que j’ai eu<br />

avec France-Dépression et la conception de<br />

notre spot avec tout un groupe d’usagers<br />

et le travail sur quelles images utiliser, quel<br />

message donner était très enrichissante.<br />

J’aurais pu vous montrer tous les exemples<br />

de campagnes vraiment mauvaises que j’ai<br />

trouvé où on se dit : « Eh ! Il y a tous les dingos<br />

qui arrivent ! » ou alors, des pubs en Amérique<br />

où c’est : « Allez vous faire soigner, vous<br />

êtes malades ! ». Au niveau de l’évaluation,<br />

Monsieur, j’ai regardé ça de près et c’est clair<br />

qu’il faut plus d’études dans ce domaine, qu’il<br />

faut regarder les nouvelles technologies qui<br />

sont très efficaces. J’ai beaucoup d’exemples<br />

avec des jeunes, avec des rappeurs, des<br />

skateurs qui vont attirer différentes cibles de<br />

la population et qui vont changer le regard<br />

des autres. J’ai beaucoup souffert de cette<br />

stigmatisation vraiment personnellement et<br />

je pense que c’est impossible de changer<br />

la situation des usagers tant qu’on n’a pas<br />

combattu la stigmatisation encore présente.<br />

De cette façon, on pourra aider la population<br />

générale et les 25 %, ou les 38 %, dont on a<br />

entendu parler hier qui dans leur vie, auront<br />

un jour un problème de santé mentale.<br />

Dominique Laurent : Je voudrais ajouter<br />

que cette participation collective qui est de<br />

donner la parole et l’information, toujours<br />

dans notre région des Pyrénées orientales,<br />

pourtant éloignée du reste de la France, on<br />

se sent souvent au bout du bout, il se trouve<br />

que nous avons été souvent invités et on a<br />

un petit peu forcé la main pour rentrer dans<br />

les collèges et dans les lycées ou dans les<br />

IRTS (Institut régional du travail social), etc.<br />

Mais surtout pour prévenir chez les jeunes,<br />

pour éviter cette stigmatisation, on va audevant<br />

des questions. C’est à dire, on arrive,<br />

on parle maladie, santé mentale, symptômes<br />

et on cite la bipolarité, la schizophrénie avec<br />

les personnes que nous sommes, c’est à<br />

dire quand on arrive, on dit : « Vous voyez,<br />

vous n’avez pas peur de nous, on est comme<br />

vous, on a une tête, un nez, une bouche, on<br />

n’est pas différents ». Parce que ce qu’on<br />

doit apprendre aussi, c’est qu’on peut vivre<br />

avec la maladie et qu’on n’est pas tout le<br />

temps en crise, on est stabilisé aussi et ça je<br />

pense que les médias l’oublient. Ils ne voient<br />

que les personnes qui ont un comportement<br />

dérangeant, mais quand on va bien, c’est<br />

une maladie qui ne se voit pas donc ça, il faut<br />

le dire. Oui, j’ai le droit d’aller bien et j’ai le<br />

droit de le dire. L’impact sur les scolarisés est<br />

très important, il faut pousser les portes des<br />

établissements scolaires, il faut insister pour<br />

aller auprès des jeunes, c’est un public qu’il<br />

faut cibler.<br />

Felix Soussan : Je suis bénévole à la<br />

maison des usagers du Centre Hospitalier<br />

Sainte-Anne. J’ai vraiment envie d’insister<br />

sur l’idée que je disais tout à l’heure et que<br />

je n’ai peut-être pas bien explicitée. C’est en<br />

rendant la parole à la personne, en créant des<br />

lieux où elle peut s’exprimer, et en particulier<br />

les lieux de soins, que l’on va retrouver des<br />

habiletés interpersonnelles qui vont vraiment<br />

préparer la personne à devenir son propre<br />

représentant auprès du public. On voit bien<br />

aussi que dans toutes les activités que nous<br />

menons en tant que pairs aidants, nous<br />

retrouvons un certain nombre d’habiletés<br />

interpersonnelles qui vont servir à ensuite<br />

s’ouvrir à la cité. Je trouve que l’exemple<br />

donné par l’UFE en Italie est tout à fait<br />

intéressant, il montre qu’il y a une continuité<br />

entre les apprentissages, ce que l’on peut<br />

faire pendant le soin et les performances<br />

qu’on peut avoir ensuite. Je crois qu’il ne<br />

faut pas trop se poser cette question, ce<br />

n’est pas de savoir comment communiquer<br />

mais plutôt comment donner l’occasion<br />

aux gens qui sont touchés par les troubles<br />

de vivre subjectivement leur expérience,<br />

de la partager. Là, on va effectivement<br />

passer à ce que vous expliquiez, Aude, des<br />

connaissances, des représentations qui<br />

changent, mais ce n’est pas suffisant. Il faut<br />

passer, grâce à ce contact interpersonnel que<br />

nous pouvons établir, à des comportements<br />

et attitudes différentes.<br />

198 AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT - 4 ème rencontre internationale du CCOMS (Lille, France)<br />

AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT - 4 ème rencontre internationale du CCOMS (Lille, France)<br />

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