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membre actif du Réseau Européen des (ex)<br />

usagers et survivants de la psychiatrie et<br />

Co-présidente du Réseau Mondial des (ex)<br />

usagers et survivants de la psychiatrie. Lors<br />

des consultations organisées dans le cadre<br />

de la réforme de l’hospitalisation et soins sans<br />

consentement aux Pays-Bas, j’ai conçu un<br />

modèle alternatif pour arriver à des solutions<br />

sur la base d’un consensus afin d’éviter les<br />

soins sans consentement. Je l’appelle le<br />

modèle Eindhoven, car c’est la ville dans<br />

laquelle je vis dans le Sud des Pays-Bas.<br />

Je voudrais commencer par une petite<br />

bande dessinée. Voici Pipke. Aujourd’hui,<br />

c’est une journée particulière - c’est son<br />

anniversaire. Toutes les personnes importantes<br />

dans sa vie vont venir lui rendre visite et cela<br />

le rend très heureux. Voici de nouveau notre<br />

ami, et c’est encore une situation particulière<br />

- il s’est cassé la jambe. De nouveau, toutes<br />

les personnes qui comptent pour lui viennent<br />

lui rendre visite et lui apportent des cadeaux.<br />

Toutes ces personnes qui le soutiennent ne<br />

peuvent guérir sa jambe, mais ça le rend<br />

heureux. Ensuite, voici notre ami, il se passe<br />

quelque chose de particulier mais on ne sait<br />

pas quoi. La famille ne comprend pas non<br />

plus. Donc Pipke va voir le médecin qui lui<br />

donne des documents, des diagnostics, etc.<br />

et il n’est pas heureux du tout. La famille reste<br />

en dehors de l’institution, elle n’a aucune<br />

idée de ce qui se passe, tout le monde est<br />

malheureux.<br />

Ce n’est pas ce que nous voulons. Il existe<br />

une alternative.<br />

Voici le logo de l’organisation néerlandaise<br />

pour les Conférences de groupe familial. En<br />

néerlandais, ceci veut dire « notre propre<br />

force ». Donc dans cette situation, notre<br />

proposition serait la suivante. La question<br />

principale que notre ami Pipke se pose est<br />

de savoir comment il peut être de nouveau<br />

heureux ? La question suivante est « Voulezvous<br />

partager cette interrogation avec<br />

moi ? ». Et ensuite toutes les personnes<br />

importantes dans sa vie se rejoignent et<br />

partagent des informations. Le docteur vient<br />

aussi et il repart. Ensemble, ils auront plus<br />

de connaissances qu’un seul d’entre eux.<br />

Je dirais que c’est l’explication la plus simple<br />

que je peux vous donner des Conférences<br />

de groupe familial. Il est vrai que dans les<br />

moments les plus importants de votre vie,<br />

vous avez besoin d’être entouré des gens qui<br />

comptent pour vous.<br />

Ceci est également vrai en ce qui concerne<br />

la santé mentale. La santé mentale, c’est le<br />

bien-être, qui fait partie intégrante de la vie de<br />

chacun. Les problèmes psycho-sociaux sont<br />

essentiellement des problèmes sociaux et non<br />

pas médicaux. Le handicap est un obstacle<br />

à la vie sociale selon la Convention relative<br />

aux droits des personnes handicapées. Le<br />

contexte social est donc une composante<br />

cruciale et aura un impact positif ou négatif sur<br />

le bien-être de la personne. Il faut donc tenir<br />

compte du contexte social lorsqu’on aborde la<br />

santé mentale, les problèmes psycho-sociaux,<br />

le handicap ou la vie en générale. L’exclusion<br />

ne mène pas au bien-être.<br />

Alors pour traiter ces problèmes, nous<br />

avons besoin d’une approche reposant sur<br />

la communauté et la vie sociale dans un<br />

objectif d’inclusion et de bien-être pour la<br />

personne concernée, et qui prend en compte<br />

les proches. Il s’agit d’un problème qui les<br />

concerne aussi.<br />

Dans le cadre de la réforme législative,<br />

j’ai développé un modèle alternatif avec<br />

une approche basée sur l’inclusion et<br />

l’empowerment social. Il s’agit d’un système<br />

d’aide à la prise de décision. L’objectif est<br />

d’éviter toute intervention indésirable comme<br />

les soins sous contrainte et d’identifier les<br />

interventions souhaitées et ce qu’on peut<br />

faire.<br />

Je voudrais maintenant vous expliquer ce<br />

qu’on entend par ce modèle de Conférence<br />

de groupe familial. Ces conférences ont vu le<br />

jour dans les années 80 en Nouvelle-Zélande<br />

dans la population indigène maori. On les<br />

avait privés de leur terre et de leurs enfants<br />

qui avaient été placés dans des institutions<br />

par le gouvernement. Il y a eu pas mal de<br />

résistance parmi la population maori contre<br />

le gouvernement. Le gouvernement de la<br />

Nouvelle-Zélande ne pouvait pas ignorer cette<br />

situation. Ensemble avec la population maorie,<br />

ils ont inventé ce système de Conférence<br />

de groupe familial. Le gouvernement établit<br />

certaines lois, par exemple pour la protection<br />

de l’enfance. Donc ce cadre juridique est<br />

imbriqué dans ce modèle de Conférence de<br />

groupe familial. Des lois s’appliquent, on n’est<br />

pas en pleine anarchie.<br />

La question clé à l’époque concernant<br />

la meilleure façon de protéger les enfants<br />

en Nouvelle-Zélande a été soumise à la<br />

population maorie elle-même, plutôt qu’une<br />

solution imposée par le gouvernement.<br />

On leur a demandé « Comment envisagezvous<br />

de gérer cette situation ? Voici ce que<br />

nous attendons de vous, comment pouvezvous<br />

y arriver ? ». Les sages de la tribu se<br />

sont réunis et ont beaucoup discuté jusqu’à<br />

ce qu’ils arrivent à trouver leur propre plan. Ils<br />

ont envoyé ce plan au gouvernement qui a<br />

dit : « D’accord, c’est un bon plan alors nous<br />

sommes partants ».<br />

De cette façon, la population maorie a<br />

pu prendre en main sa propre vie et garder<br />

ses enfants selon ces propres méthodes.<br />

Les Maoris savaient ce qu’on attendait<br />

d’eux et ils ont trouvé leur propre méthode<br />

pour répondre aux exigences légales du<br />

gouvernement. Aujourd’hui, vingt-cinq ans<br />

plus tard, les Conférences de groupe familial<br />

sont reconnues comme méthode de prise<br />

de décision. L’idée principale est d’élargir la<br />

« famille » et d’impliquer vraiment le plus grand<br />

nombre, parce que chacun peut apporter de<br />

l’eau au moulin.<br />

Vous avez ici la structure commune des<br />

Conférences de groupe familial.<br />

Tout d’abord, les personnes sont dirigées<br />

vers l’association car la plupart ne savent<br />

pas que ce service existe. Ensuite, vous avez<br />

un facilitateur qui organisera votre cercle<br />

familial, vous aidera à identifier votre question<br />

principale et les personnes qui devraient être<br />

impliquées pour trouver une solution. Puis, la<br />

conférence en tant que telle a lieu. La partie la<br />

plus importante est la troisième étape qui est<br />

l’apport des informations, séparé du temps<br />

consacré exclusivement à la « famille ».<br />

Il y a également beaucoup d’informations<br />

sur les Conférences de groupe familial sur<br />

internet et sur YouTube dans un grand<br />

nombre de pays à travers le monde. Lors de<br />

ce temps « privé » consacré à une discussion<br />

uniquement entre les proches et la personne<br />

concernée, les intervenants extérieurs ne<br />

sont pas présents. Les membres du cercle<br />

peuvent parler leur propre langue, et utiliser<br />

la communication non verbale puisqu’ils<br />

connaissent le passé de la personne, ils<br />

comprennent sa façon personnelle de<br />

s’exprimer.<br />

164 AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT - 4 ème rencontre internationale du CCOMS (Lille, France)<br />

AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT - 4 ème rencontre internationale du CCOMS (Lille, France)<br />

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