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On peut comprendre que, dans bien des cas,<br />

ce sont des éléments qui doivent être pris en<br />

compte en plus du diagnostic pour optimiser<br />

le rétablissement. Lorsqu’il existe de telles<br />

circonstances ou problèmes qui influencent<br />

l’état de santé sans constituer en ellesmêmes<br />

la maladie, alors cela peut avoir une<br />

incidence sur les décisions thérapeutiques,<br />

sur les interventions. Vous voyez dans ces<br />

codes-Z qu’il y a deux sections qui semblent<br />

particulièrement pertinentes pour nous :<br />

ce sont les codes Z-55-65, et 69-76. Par<br />

exemple la difficulté Z59 ou Z56 : chômage,<br />

difficultés liées aux logements ou aux<br />

conditions économiques, à l’environnement<br />

social (Z60), à l’éducation (Z62), etc. On peut<br />

voir que ce sont des facettes importantes<br />

du rétablissement. Pourtant, aux dires des<br />

cliniciens, on ne les prend que rarement en<br />

compte dans le processus de diagnostic.<br />

Cela semble constituer un appauvrissement<br />

important qui peut mener à des erreurs de<br />

diagnostic. Ce sont des éléments qui, selon<br />

les usagers, et nous-mêmes, doivent être<br />

pris en compte de façon plus systématique.<br />

En lisant certains autres codes, on voit que<br />

beaucoup d’attention a été mise dans leur<br />

développement et on y trouve une grande<br />

pertinence. Ça ne couvre pas tout, mais c’est<br />

un bon point de départ pour regarder les<br />

facteurs contextuels.<br />

Pour conclure, les discussions que nous<br />

avons tenues avec le groupe des usagers<br />

ont révélé une volonté de faire un travail sur<br />

l’intégration des codes V à Z, et de travailler<br />

sur des recommandations à faire à l’OMS<br />

sur l’usage clinique de ces codes, c’est-àdire<br />

comment on aimerait que ces codes<br />

soient pris en compte dans le processus de<br />

diagnostic et de suivi.<br />

Question inaudible à propos du fait<br />

que l’on fait plus régulièrement l’usage des<br />

codes-Z dans les expertises psychiatriques...<br />

Marc Laporta : C’est exactement ce que<br />

des personnes nous ont dit hier. Les codes<br />

sont parfois utilisés dans les expertises.<br />

Mais dans le travail clinique quotidien, ils le<br />

sont peu ou jamais, la plupart des cliniciens<br />

étant même surpris car n’ayant jamais<br />

entendu parler auparavant de ces codes. Je<br />

pense aussi que cela serait très intéressant<br />

pour l’OMS, en tant qu’organisme de santé<br />

publique mondiale, de se pencher sur ces<br />

remarques des usagers et de savoir s’il y a<br />

un moyen de systématiser l’usage de ces<br />

codes-Z dans les interventions cliniques.<br />

Christine Lajugie : Cheffe de pôle<br />

à l’EPSM Lille-Métropole. Je pense que<br />

l’utilisation des codes Z permet d’expliquer un<br />

certain nombre de symptômes qui sont dans<br />

la classification et ça nous aide beaucoup à<br />

comprendre ce qu’on fait et les variations du<br />

patient au cours du temps. Le patient évolue,<br />

les troubles schizophréniques évoluent aussi<br />

au cours de la vie. Il nous manque plutôt<br />

des codes Z pour expliquer les rapports à<br />

l’environnement, l’alliance avec la famille,<br />

le fait de prendre régulièrement ou d’utiliser<br />

bizarrement son traitement, il y a beaucoup<br />

de choses qui éclaireraient nos pratiques<br />

cliniques.<br />

Marc Laporta : L’idée serait de<br />

développer une méthodologie qui nous<br />

permettrait de réviser ce qui existe en termes<br />

de codes contextuels et de tenter d’en<br />

simplifier l’usage. Il ne faut pas oublier que l’on<br />

parle de nombreux pays où les ressources<br />

humaines sont tellement minces qu’il faut<br />

faciliter l’usage au maximum, tout en ajoutant<br />

des codes qui seraient jugés extrêmement<br />

importants et utiles.<br />

Gérard Milleret : Gérard Milleret, chef<br />

de Pôle de psychiatrie publique à Dijon. Je te<br />

remercie de nous avoir réactivé des critères<br />

trop souvent oubliés. Je ne suis pas du tout<br />

du côté de Christine, dans notre hôpital, on<br />

n’utilise pas du tout la classification. Je pense<br />

que c’est une très bonne idée d’aller plus loin<br />

dans cette recherche. En ce qui concerne<br />

la France, nous devons la réactiver, ce qui<br />

permettrait de compléter ainsi nos lacunes et<br />

de donner des réponses plus satisfaisantes.<br />

Murielle Thalassinos : Bonjour, je<br />

suis psychiatre des hôpitaux à Nanterre. Ça<br />

me paraît d’autant plus intéressant que nous<br />

avons en primo consultant des gens qui ne<br />

relèvent pas forcément d’un diagnostic, et<br />

qui en fait consultent pour des raisons qui<br />

s’apparenteraient tout à fait à ce type de<br />

classification.<br />

Marc Laporta : Exactement. Et on finit<br />

par mettre un diagnostic par défaut.<br />

Edvick Elia : Edvick Elia, psychiatre,<br />

chef de pôle à l’EPSM Lille Métropole<br />

d’Armentières. Je voulais compléter ce que<br />

mes collègues ont dit. Si on utilise de plus en<br />

plus les codes F et Z, c’est bien parce que<br />

notre médecin DIRM nous avait énormément<br />

informé et aidé dans la connaissance de ces<br />

diagnostics. Comme Gérard Milleret vient de<br />

le dire, c’est important qu’on puisse utiliser<br />

plus largement ces diagnostics en France. Je<br />

voulais insister sur le rôle des médecins de<br />

département d’information médicale (DIRM)<br />

qui nous conseillent et nous éclairent sur<br />

cette utilisation.<br />

Intervention du public : Je travaille<br />

dans les services de santé, mais j’ai été<br />

usager, et j’ai eu différents diagnostics. Je suis<br />

d’accord avec les deux dernières personnes<br />

qui ont pris la parole, je pense que quand on<br />

demande aux gens quel est leur problème,<br />

très souvent, ils vont dire : « j’ai vraiment du<br />

mal avec mon traitement et je ne peux pas<br />

travailler », « j’ai eu du mal, il y a eu un décès<br />

dans ma famille et j’ai du mal à gérer ça ». Je<br />

sais que mon diagnostic a été fait parce que<br />

le psychiatre ne s’intéressait qu’aux questions<br />

qu’il posait lui-même. Je lui ai demandé s’il se<br />

rendait compte que j’avais perdu mon père et<br />

mon mari et que j’étais obligée de retourner<br />

vivre chez mes parents. Il m’a répondu en<br />

posant des questions comme : arrivez-vous<br />

à dormir ? Est-ce que le sexe vous intéresse<br />

toujours ? En fait, je sais quels sont mes<br />

problèmes et c’est trop pour moi pour y faire<br />

face. C’est cela qui devrait être le point de<br />

départ, pas le diagnostic.<br />

Marc Laporta : La difficulté du langage<br />

où justement il faut trouver une façon de<br />

prendre état de ce qui est amené par l’usager<br />

qui cherche de l’aide et le langage de son<br />

expérience. Évidemment, il faut garder en tête<br />

que la CIM est utilisée partout dans le monde<br />

et qu’il y a quand même un temps plus limité<br />

pour les rencontres cliniques dans plusieurs<br />

pays où nous avons travaillé (le centre<br />

collaborateur OMS de Montréal). En général,<br />

les médecins de première ligne n’ont que des<br />

périodes de quinze minutes, alors on travaille<br />

beaucoup sur ces aspects : comment arriver<br />

à voir la personne dans une perspective plus<br />

large même par petits morceaux de quinze<br />

minutes à la fois ? Parfois, ils vont pouvoir<br />

mettre du temps, mais il faut reconnaître qu’il<br />

y a une pression et on devra, je crois, trouver<br />

un outil qui va au moins faire avancer la CIM<br />

vers un regard plus holistique, multi-facettes<br />

de la personne.<br />

Christian Marchal : Christian Marchal,<br />

de l’association L’Autre Lieu (Belgique).<br />

On a entendu beaucoup de professionnels<br />

et effectivement ça ne m’étonne pas vu<br />

que c’est un outil qui a été fait pour les<br />

professionnels donc c’est normal qu’ils<br />

réagissent par rapport à ça. Cela ne m’étonne<br />

pas, mais je suis plus étonné que certaines<br />

parties de la CIM ne soient pas employées<br />

ou sous employées. Cela serait peut-être<br />

déjà une question de forme, de mettre tout<br />

ça à la fin ou dans des annexes, car ça ne<br />

facilite pas d’aller rechercher ces codes pour<br />

en faire quelque chose. Il y a une complexité<br />

à aller rechercher ces codes, les intégrer<br />

dans d’autres codes, maintenant, ce que je<br />

prône surtout, c’est une appropriation des<br />

30<br />

AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT<br />

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