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assurance santé, c’est mon argent, vous,<br />

vous avez de l’argent, des impôts, des<br />

taxes, il faudrait avoir la garantie que cette<br />

argent soit bien dépensé et pas gaspillé. Il<br />

faut regarder comment on peut évaluer ces<br />

dépenses. C’est pour cette raison-là que<br />

nous avons créé un système dans lequel<br />

les patients eux- mêmes peuvent parler des<br />

résultats pour voir si on peut gérer le système<br />

en suivant ces résultats et ça ne donne pas<br />

plus de paperasse. Vous utilisez les données<br />

des patients qui vont être interprétées pour<br />

en tirer les conclusions et voir si vous allez<br />

réussir à gérer des hôpitaux, des projets de<br />

logement, et d’autres programmes de soins<br />

de santé. C’est un genre de diagnostic qui<br />

peut vous aider à mieux gérer l’avenir, et qui<br />

donnera un sens pour tout le monde.<br />

René Van Der Male : Je viens des Pays-<br />

Bas également. Je travaille depuis un an en<br />

tant qu’ancien patient et infirmier dans un<br />

service fermé et nous avons eu trois audits<br />

externes depuis un an. Ça donne beaucoup<br />

de stress et de pression et de plus, nous<br />

avons eu un incendie entre deux. C’est une<br />

année intéressante pour voir le travail réalisé<br />

ainsi que les résultats, il faut dire que les<br />

infirmiers étaient très bien formés pour réduire<br />

le nombre d’accident, mais trois audits c’était<br />

beaucoup tout de même.<br />

J’aimerais revenir sur cette terminologie<br />

et cette façon de dire client. Tous les dix ans<br />

on change de mot, on se retrouve souvent<br />

en train d’utiliser une mauvaise terminologie.<br />

En Finlande, il y a une personne qui m’a dit<br />

« nous sommes des voyageurs de l’esprit »,<br />

je trouve ça très intéressant alors je me suis<br />

dit comment on peut le dire en Finlandais et<br />

en Anglais ? Comment puis-je le dire dans ma<br />

propre langue ? Et en fait je voudrais qu’on<br />

parle de « Nous, les gens ». Qu’est-ce que<br />

« nous » ? C’est vous et moi. Depuis le début<br />

du mouvement « client », nous travaillons<br />

avec les infirmiers et bien sûr nous voulons<br />

aussi travailler avec les psychiatres. C’est une<br />

réponse à votre remarque sur « client », tous<br />

les 5 ou 10 ans, on doit dire patient ou client,<br />

je ne sais plus. J’aimerais parler de nous en<br />

tant que personnes car nous formons tous un<br />

groupe de personnes. Merci.<br />

Hywel Davies : Pour répondre, on nous a<br />

montré plus tôt une échelle de participation<br />

des personnes dans les services, dépendant<br />

de la localisation de ceux-ci. On peut changer<br />

la terminologie en s’adaptant à l’endroit d’où<br />

vient l’organisation et utiliser leurs termes.<br />

Une organisation parlant de personnes<br />

souffrant d’un problème n’est pas comme<br />

une organisation parlant d’un survivant. Les<br />

mots nous donnent des indices sur l’idéologie<br />

de l’organisation, ils sont choisis. Les gens<br />

devraient choisir avec quelles personnes ils<br />

veulent travailler. En effet, je peux choisir qui<br />

sera mon coiffeur, pour n’importe quelle sorte<br />

de service, mais pas en santé mentale.<br />

Intervention du public : En écoutant<br />

les interventions, il y a deux ou trois choses qui<br />

me viennent à l’esprit. J’ai entendu beaucoup<br />

de professionnels et moi aussi j’en suis un<br />

donc je m’inclus dans vos discours, mais je<br />

vous ai entendu dire qu’il était très important<br />

d’écouter nos clients et les familles, etc. Je<br />

travaille depuis vingt ans dans ce milieu et<br />

j’entends ces mêmes mots depuis vingt ans<br />

et je pense et je le dis pour les professionnels.<br />

Il est tout à fait évident que ça nous aide de<br />

parler avec les clients et les familles, c’est très<br />

utile d’essayer d’inclure les clients dans les<br />

programmes thérapeutiques, et si vous ne<br />

le faites pas en tant que professionnel, c’est<br />

que vous n’êtes pas un bon professionnel,<br />

vous devrez être rayé de la liste.<br />

Le deuxième commentaire concerne la<br />

terminologie « patient », « client », etc. Depuis<br />

plusieurs années, je travaille en Asie centrale<br />

et en ancienne République Soviétique et il y<br />

a des endroits là-bas où le taux de mortalité<br />

est de 50 %. Si vous rentrez dans un hôpital,<br />

vous avez 50 % de chance de mourir d’ici<br />

deux ans. Quand vous sortez de ce genre<br />

d’institution, vous pouvez dire que vous êtes<br />

un survivant et il n’y a pas de problème avec<br />

cette terminologie.<br />

Le dernier commentaire concerne<br />

l’objectif de cet atelier car nous parlons<br />

de partenariat, de client, d’organisation de<br />

famille, cela sonne bien mais j’aimerais vous<br />

rappeler que le partenariat n’est pas si évident<br />

quand on le regarde du point de vue des<br />

usagers ou patients, ils doivent nous donner<br />

des conditions afin que l’on puisse créer des<br />

partenariats qui puissent durer.<br />

Michelle Cottrelle : Bonjour je<br />

suis éducatrice spécialisée à l’EPSM Lille-<br />

Métropole à Tourcoing. J’ai beaucoup de<br />

choses à dire donc je ne vais peut-être<br />

pas tout dire ! Quand j’entends parler de la<br />

terminologie, effectivement, j’ai noté qu’aux<br />

Pays-Bas, on parlait beaucoup de personnes<br />

et quand je suis rentrée dans mon travail<br />

à l’EPSM en 2001, j’entendais parler de<br />

psychotiques, de trisomiques et moi c’est<br />

spontanément que j’ai dit « on a affaire à<br />

des personnes ». Il est clair pour moi que<br />

peu importe la difficulté de la personne, il y<br />

a toujours un moyen de rentrer en relation<br />

avec elle, même si elle ne parle pas, qu’elle a<br />

toujours la tête baissée, c’est quelque chose<br />

qui se sent. La qualité de la relation avec la<br />

personne va se construire par ce regard et<br />

ce respect-là. Le professionnel doit avoir du<br />

temps, même si parfois nous en manquons.<br />

Elle a besoin et j’ai besoin de la connaître. Il<br />

m’est déjà arrivé de demander si le patient<br />

voulait changer d’éducatrice, par contre<br />

si c’est le parent qui demande à ce que la<br />

personne ne travaille plus avec moi, là c’est<br />

différent, généralement, c’est parce que<br />

la personne progresse donc ça remet en<br />

question, mais c’est un autre sujet.<br />

En psychiatrie, on rencontre des<br />

personnes qui ont des parcours très différents<br />

et j’ai donc imaginé un projet citoyen, de<br />

façon à ce que les personnes puissent se<br />

faire connaître et faire connaître leurs talents<br />

et leurs aptitudes pour reprendre confiance<br />

en elles tout en créant du lien social. Ce<br />

projet n’a pas encore été mis en œuvre car<br />

je n’ai pas eu l’aval, mais il est très simple. Il y<br />

a un binôme avec une infirmière et c’est très<br />

axé sur la réhabilitation psycho-sociale. Le<br />

lieu où nous devions travailler était un centre<br />

social, nous étions au sein de la population<br />

et nous voulions créer un groupe à la fois<br />

avec des habitants et des personnes que<br />

nous accompagnons. Chaque personne<br />

a des compétences, ils ont du vécu et<br />

des formations différentes, chacun a du<br />

savoir-faire. Vu que nous sommes en crise<br />

économique, je trouve que c’est une bonne<br />

idée d’imaginer que le troc de compétence<br />

peut se faire. L’idée était de construire tout<br />

le projet avec des personnes et j’avais repéré<br />

trois cadres qui de par l’alcoolisme avaient<br />

perdu leur emploi. Ils ne retrouvaient pas<br />

de travail et il fallait qu’ils puissent reprendre<br />

confiance en eux, donc travailler avec eux<br />

sur la construction, le pilotage et l’évaluation<br />

de ce projet est primordial. Si on permet aux<br />

personnes de montrer leur savoir-faire et leurs<br />

compétences, c’est aussi pour permettre de<br />

participer à la construction et à l’évaluation du<br />

projet.<br />

Emmanuelle Provost : Bonjour, je<br />

coordonne l’association intercommunale de<br />

santé, santé mentale et citoyenneté. C’est<br />

une association locale ici à Hellemmes.<br />

J’avais une question pour revenir un peu<br />

sur l’ancrage local, car c’est ma principale<br />

préoccupation. J’entends beaucoup parler<br />

de la relation entre les personnes, les<br />

soignants, les accompagnants et du coup<br />

ici, localement, on essaye de mettre en place<br />

un projet de démocratie participative au sein<br />

du secteur de psychiatrie pour favoriser<br />

l’amélioration des soins par les usagers. Là<br />

où c’est peut-être un peu plus compliqué<br />

pour moi et où j’aurais besoin de vos<br />

expériences, c’est comment on instaure cette<br />

démocratie participative en dehors du champ<br />

psychiatrique ? Comment on accompagne<br />

les personnes pour qu’elles puissent être<br />

dans cette démarche d’empowerment vis à<br />

150 AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT - 4 ème rencontre internationale du CCOMS (Lille, France)<br />

AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT - 4 ème rencontre internationale du CCOMS (Lille, France)<br />

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