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ien jusqu’au jour où j’ai insulté mon maire<br />

pensant que c’était un client normal. Il me<br />

téléphone à une heure du matin pour me<br />

demander le programme, me donne son<br />

nom et moi je lui dis « si vous êtes le maire,<br />

moi je suis le président de la république ! »<br />

et le lendemain je me suis retrouvé muté,<br />

j’ai perdu mon poste. Je me suis retrouvé à<br />

nettoyer, à être monsieur vestiaire et c’était<br />

difficile en tant qu’hémiplégique avec les<br />

manteaux de fourrure à accrocher d’un seul<br />

bras. Un jour, j’ai une grande bourgeoise qui<br />

est venue avec son manteau de fourrure, je<br />

l’ai fait trainer par terre alors vous imaginez !<br />

J’ai eu le droit à une réflexion et je me suis<br />

retrouvé à la bibliothèque et là-bas c’est<br />

pas mal, ça m’a permis d’avoir plusieurs<br />

métiers à la fois et j’y suis encore, j’attends<br />

ma retraite tranquillement. Je mets en place<br />

un moyen pour que les personnes aveugles<br />

puissent continuer à se cultiver. Je vais et<br />

viens chez les personnes handicapées et je<br />

m’occupe du service de temps en temps et<br />

à mon temps perdu, je suis adjoint au maire<br />

dans ma commune et président d’Advocacy<br />

France.<br />

Je voudrais vous dire que je suis content<br />

d’être ici et je suis aussi content que pour une<br />

fois on laisse autant la parole aux usagers que<br />

nous sommes.<br />

Je vous souhaite bon courage et je vous<br />

remercie.<br />

Claude Deutsch : Ce que je voudrais<br />

souligner dans ce que Philippe a dit est<br />

“personne n’est tout le temps handicapé,<br />

personne n’est tout le temps malade”. C’est<br />

quelque chose qui doit nous interpeler dans<br />

notre réflexion, puisqu’on a tendance à dire :<br />

“Il est psychotique, il est schizophrène” mais<br />

non, il est une personne d’abord. C’est un<br />

débat qu’on peut avoir : qu’est-ce qu’on fait<br />

de ça ? Est-ce que c’est une situation, un état<br />

de santé ?<br />

Tim Greacen : Merci beaucoup Claude.<br />

On va maintenant passer la parole à Roberto<br />

Mezzina de Trieste en Italie.<br />

Roberto Mezzina : Je suis content<br />

d’être ici, même si je suis désolé d’être seul,<br />

en tant que directeur du Centre collaborateur<br />

de Trieste. J’aimerais représenter tous les<br />

usagers, les aidants et les professionnels<br />

qui aimeraient être ici, mais qui ne pouvaient<br />

venir pour des problèmes financiers, mais<br />

j’essaierai de les représenter autant que<br />

possible.<br />

J’ai une longue expérience dans ce travail<br />

à Trieste, qui a été comme vous le savez<br />

peut-être le premier endroit en Europe où un<br />

hôpital de santé mentale a été fermé en 1980,<br />

suite à un processus qui a été mené par le<br />

célèbre Franco Basaglia qui a ouvert la voie<br />

à une nouvelle législation, la réforme de 1978<br />

qui a permis de fermer progressivement tous<br />

les hôpitaux psychiatriques. Ce processus<br />

a pris fin en 2000. Donc, après 22 ans, cet<br />

objectif a été atteint en Italie. Je pense que<br />

c’est important de le dire pour que cela soit<br />

pris en compte dans nos discussions. Je<br />

dois vous avouer mon inquiétude quand on<br />

aborde ce problème du point de vue de l’OMS.<br />

L’OMS est un organisme international qui doit<br />

apporter des recommandations et des termes<br />

communs, et il y a un risque de passer à<br />

côté de ce qui est très spécifique, les bonnes<br />

pratiques que l’on peut produire à un endroit<br />

et un moment précis. Nous devons être très<br />

attentifs aux implications des pratiques en<br />

santé mentale et aux expériences concrètes en<br />

termes de soins pour les usagers des services,<br />

les professionnels, les aidants et les citoyens.<br />

Nous avons cette expérience longue<br />

de plus de 40 ans et nous avons toujours<br />

un service dans la ville de Trieste qui est<br />

totalement ouvert, sans aucune porte fermée,<br />

avec un nombre de lits minimum à l’hôpital<br />

général (seulement six) et quatre centres de<br />

santé mentale, qui peuvent héberger des<br />

personnes la nuit, et apporter un large panel<br />

de services. Les centres de santé mentale<br />

suivent les besoins des personnes en soin.<br />

Le Département de la santé mentale fait<br />

partie de l’organisation des soins de santé<br />

avec des principes basés sur notre expérience<br />

de la psychiatrie intégrée à la santé générale<br />

dans la communauté. Il y a des « districts de<br />

soin » qui reproduisent l’approche des centres<br />

de santé mentale. C’est une approche basée<br />

sur la reconnaissance de la complexité<br />

de la personne dans son contexte social.<br />

Basée aussi sur la possibilité d’exprimer ses<br />

besoins. Le système n’est donc pas orienté<br />

vers des problématiques cliniques comme<br />

les diagnostics. Ce n’est pas un système où<br />

on regroupe les personnes en demande de<br />

soins, c’est un système ambulatoire où les<br />

gens peuvent exposer leur problème. Ils ne<br />

sont pas internés, ni admis, ils sont plutôt<br />

des invités dans un système qui propose<br />

beaucoup de possibilités en termes de<br />

libertés. Cela implique la liberté de passer<br />

un contrat avec le service. Chaque centre a<br />

des programmes souples, qui comprennent<br />

souvent différentes formes de formation des<br />

usagers. Je voudrais insister sur l’importance<br />

112 AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT - 4 ème rencontre internationale du CCOMS (Lille, France)<br />

AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT - 4 ème rencontre internationale du CCOMS (Lille, France)<br />

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