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Elle a hérité de ce comportement. » J’essaie<br />

de saisir ces moments. Dans les groupes<br />

de parole que j’anime pour des personnes<br />

souffrant de TOC, j’entends souvent les gens<br />

dire : « J’en ai assez. Je ne peux plus. Je<br />

renonce. Les pensées, venez dans ma vie,<br />

faites ce que vous voulez, vous êtes trop<br />

fortes pour moi ». En fait, c’est exactement<br />

le point que nous voulons atteindre grâce à<br />

la thérapie - laisser les pensées venir et dire<br />

oui, si vous voulez que je fasse du mal aux<br />

enfants, c’est très bien. Car il ne faut pas<br />

discuter avec les pensées, cela ne fait que<br />

les renforcer. J’espère que vous comprenez<br />

et que cela semble logique. Enfin, si un<br />

patient ne progresse pas et vous allez mettre<br />

fin à la thérapie, merci d’en référer à un<br />

autre thérapeute si possible, il ne faut pas<br />

simplement le laisser tomber. Même si une<br />

patiente a vu une dizaine de thérapeutes<br />

et qu’elle n’avance pas, il y aura toujours<br />

quelqu’un quelque part qui pourra l’aider à<br />

dire adieu aux TOC pour devenir une mère<br />

aimante à nouveau. Merci beaucoup.<br />

Anneke Bolle : Merci Madame. Je<br />

vais me permettre un petit mot personnel.<br />

En lisant ce qui est écrit dans le papier qu’on<br />

nous a donné en entrant, j’ai trouvé dedans<br />

le contenu du langage utilisé par les praticiens<br />

inutile, destructeur : incompréhension, promesses<br />

sans fond, instructions données sans<br />

explications. Cela touche à mes expériences<br />

personnelles et depuis plus de 30, 40 ans aux<br />

Pays-Bas, il y a des indicateurs acceptés, une<br />

législation. Mais la pratique est si rébarbative<br />

que ce sera un long trajet pour obtenir un vrai<br />

succès. On avancera petit à petit. Cela m’a<br />

touché tellement parce que cela touche aux<br />

pratiques qu’on retrouve encore aujourd’hui.<br />

Pour changer la culture, ça prendra du temps.<br />

Vous ne serez pas sans travail, il y a encore<br />

un long avenir ! Une question ?<br />

Intervention du public : Bonjour, je<br />

m’appelle Anita et je suis une malade. Je<br />

voulais poser une question : est-ce qu’on<br />

peut guérir de la schizophrénie ou est-ce<br />

qu’on apprend à vivre avec ?<br />

Diana Wilson : Je ne suis pas médecin,<br />

je parle du point de vue du patient donc je<br />

ne peux pas parler de schizophrénie. Je<br />

suis désolée mais je pense que vous devez<br />

vous tourner vers des professionnels pour<br />

répondre à cette question.<br />

Vincent Demassiet : Je voulais juste<br />

répondre à cette demoiselle. J’ai été<br />

diagnostiqué schizophrène. Peu importe<br />

si on en guérit ou pas, le principal c’est le<br />

rétablissement. Si on a été diagnostiqué<br />

schizophrène comme moi, le plus important,<br />

c’est qu’on arrive, au bout de notre chemin,<br />

à vivre heureux, à faire ce qui nous plait<br />

avec peut-être des inconvénients mais du<br />

moins que le matin quand on se lève, on est<br />

souriant. Ne pas être embêté toute la journée<br />

par nos voix ou autres symptômes qu’on<br />

pourrait avoir. Mais que les rêves que tu as,<br />

tu puisses un jour les réaliser et faire ce que<br />

tu veux. Le principal, c’est qu’on soit heureux<br />

de vivre et que, peu importe la pathologie, on<br />

puisse tous réaliser nos rêves. C’est plus une<br />

notion de rétablissement que de guérison,<br />

car la guérison moi je m’en fous du moment<br />

que je suis heureux et que, dans ma vie, il y<br />

ait plein de bonheur et du monde autour de<br />

moi. Que je fasse ce que je veux, c’est ça le<br />

principal avant tout.<br />

Felix Soussan : Assez curieusement, j’ai<br />

été frappé par le parallèle entre l’exposé qu’a<br />

fait Aude Caria et celui de Madame Wilson.<br />

Je trouve que l’histoire que vous nous avez<br />

décrite, Aude, c’est une histoire où les patients<br />

internalisent le contexte socio-culturel et<br />

s’en trouvent affectés. Et ce que Madame<br />

dit, c’est, à son échelle dans sa propre vie,<br />

tous les désordres naissent d’avoir internalisé<br />

les normes extérieures, sans se sécuriser<br />

autour d’elles. Elle nous montre comment<br />

elle a reconstruit un parcours personnel qui<br />

lui permet de ne pas être colonisé par toutes<br />

ces normes.<br />

Anneke Bolle : Des mots vrais. Il y a<br />

encore quelqu’un ?<br />

Diana Wilson : Je pense que l’acceptation<br />

est un élément clé. J’ai parlé à un médecin<br />

très connu au Royaume-Uni et je lui ai<br />

demandé pourquoi mon syndrome était parti.<br />

Il m’a dit : « parce que vous avez accepté ». Il<br />

y a bien sûr beaucoup d’autres facteurs, mais<br />

je pense que c’est le premier élément qui a<br />

joué pour moi.<br />

Anita : Sur ce point-là, je suis d’accord<br />

avec vous parce que, moi aussi, au début, je<br />

n’acceptais pas la maladie. Donc, je n’arrivais<br />

pas à avancer, je n’acceptais pas d’être<br />

malade. Après, quand j’ai fait le deuil, disons<br />

de ça, et bien j’ai commencé à vivre et à me<br />

battre pour avoir une vie heureuse, et pas<br />

pour survivre, et vivre bien. Il y a des gens<br />

qui m’aident et qui m’aiment aussi, mais je<br />

pense qu’il faut accepter la maladie et il ne<br />

faut pas en avoir honte. Il faut dire : « Oui,<br />

je suis malade, mais ce n’est pas ça qui me<br />

définit, je suis un humain, je suis heureuse, je<br />

suis triste, je suis en colère et je suis comme<br />

les autres ». C’est une grande chose.<br />

Stéphanie Wooley : Bonjour ! Selon<br />

l’OMS, l’obstacle le plus important est la<br />

stigmatisation des personnes souffrant de<br />

troubles mentaux et du comportement ainsi<br />

que la discrimination qui y est associée. C’est<br />

l’OMS qui le dit dans un rapport de 2001.<br />

Les recherches internationales démontrent<br />

l’ampleur et l’impact importants que ces<br />

attitudes négatives ont sur les personnes,<br />

leur famille et l’entourage. Peut-être que<br />

plusieurs d’entre nous savons de quoi<br />

on parle. Moi-même, je suis la première<br />

étonnée que les images puissent avoir un<br />

tel impact sur moi, je souhaitais aujourd’hui<br />

vous proposer rapidement quelques campagnes<br />

audiovisuelles d’information et de<br />

déstigmatisation des problèmes de santé<br />

mentale. J’espère ensuite aborder avec vous<br />

quelques questions.<br />

Malgré de bonnes paroles, peu de<br />

campagnes publiques sont menées sur<br />

le continent européen. Les premiers<br />

exemples sont conçus pour cibler les<br />

personnes concernées elles-mêmes, type<br />

« des solutions existent pour vous » et pour<br />

susciter l’empathie et la compréhension de<br />

l’entourage. Je vais commencer par la France<br />

bien-sûr, avec le spot conçu par des usagers<br />

membres de l’association France-Dépression<br />

à l’occasion de la Journée européenne de la<br />

dépression et grâce au soutien de l’INPES<br />

en 2007. Ce spot d’information a été diffusé<br />

depuis, chaque année, grâce aux chaines<br />

publiques et privées qui offrent cette diffusion,<br />

ainsi que les radios et quelques grands<br />

écrans de publicité à Paris et aussi dans les<br />

pharmacies. En France aussi, l’INPES a lancé<br />

une campagne l’année suivante avec des<br />

spots de radio, à la télévision et un livret sur<br />

la dépression. Leur spot est conçu à la fois à<br />

l’intention des personnes concernées et du<br />

public.<br />

On y va.<br />

186 AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT - 4 ème rencontre internationale du CCOMS (Lille, France)<br />

AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT - 4 ème rencontre internationale du CCOMS (Lille, France)<br />

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