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Ce n’est pas dans notre champ, c’està-dire<br />
que c’est dans notre champ de<br />
réparation et d’amélioration de la qualité, mais<br />
c’est le constat d’un dysfonctionnement.<br />
Par contre les 80 % et 20 %, le 80 % c’est<br />
bien le constat actuel. C’est justement<br />
parce que nous sommes à 80 % que nous<br />
avons moins de problématiques liées à<br />
une institutionnalisation. Si on dit que<br />
l’hospitalisation est alternative à d’autres<br />
soins, c’est bien parce que l’hospitalisation<br />
crée l’institutionnalisation. Elle crée un lien qui<br />
n’est pas du tout facile ensuite à réparer et<br />
qui n’est pas bon non plus après. Le thème<br />
de l’isolement est encore un autre sujet,<br />
mais il n’était pas le sujet du jour donc je vais<br />
m’arrêter là. Merci.<br />
John Stacey : Je fais partie du National<br />
Mental Health Collaborative Network (réseau<br />
collaborateur national de santé mentale).<br />
J’aimerais partager avec vous l’expérience<br />
d’un programme qui a été construit au Pays de<br />
Galles et dans d’autres endroits au Royaume-<br />
Uni pour le changement des pratiques. Il<br />
visait l’exploration des croyances et des<br />
pensées. Nous avons établi des programmes<br />
d’apprentissage collaboratif dans certaines<br />
zones administratives de santé où nous avons<br />
placé des gens en formation, des travailleurs<br />
sociaux, des usagers des services, des<br />
familles. Nous avons étendu ce programme<br />
à toutes les personnes qui avaient un impact<br />
sur le bien-être des personnes, donc tous<br />
les services qui sont impliqués : la police, les<br />
services d’urgence, des ambulanciers, les<br />
groupes religieux, toute la communauté qui<br />
tourne autour des usagers. Nous avons tenté<br />
de créer un langage commun. Ce n’est pas<br />
facile évidemment de changer les croyances<br />
car les gens veulent contourner la question et<br />
aborder celle de la délivrance des services.<br />
Nous nous concentrons donc sur le langage,<br />
l’exploration de nos croyances et ensuite avoir<br />
une compréhension commune, influencée<br />
par toutes les personnes impliquées. C’est un<br />
groupe qui fonctionne assez bien maintenant<br />
dans certaines zones géographiques. Nous<br />
avons l’élaboration de différents groupes de<br />
programmes d’apprentissage collaboratif,<br />
parfois dans la communauté ou dans les<br />
services eux-mêmes, toujours avec le même<br />
processus impliquant tous les membres<br />
de la communauté. Jusqu’à présent, nous<br />
avons rencontré quelques obstacles mais<br />
nous pouvons célébrer le succès de ce<br />
programme que nous tentons d’étendre à<br />
tout le Royaume-Uni.<br />
Marie-Christine Thibaut : Bonjour à<br />
tous, je suis médiateur de santé pair. Depuis<br />
2005, je suis présidente d’un GEM (groupe<br />
d’entraide mutuelle). J’ai pris des petites<br />
notes. Je suis comme Nathalie. Si on devait<br />
voir les étiquettes qui sont collées sur ma<br />
tête, alors oui Nathalie, je suis comme toi !<br />
Je reviens sur le langage. C’est vrai que par<br />
mon travail, je me suis aperçue très vite qu’on<br />
ne parlait pas le même langage. Je vais vous<br />
donner un exemple concret. Actuellement,<br />
suite à un travail en équipe au sein du secteur<br />
dans lequel je travaille à l’EPSM, au 59G07,<br />
nous, les psychiatres et le personnel infirmier,<br />
avons travaillé sur la création d’un groupe de<br />
parole « Bipolarité et rétablissement ». Lors de<br />
nos échanges, je me suis aperçue que nous<br />
ne parlions pas le même langage. Comme<br />
l’information du groupe de parole passait<br />
par une affiche et des flyers, c’est là que j’ai<br />
compris ce que voulait dire « prodrome »<br />
(signes précurseurs). Je me suis dit, j’ai dû en<br />
avoir des prodromes alors !<br />
Je peux vous dire que ce projet de<br />
médiateurs de santé pairs m’a amené à<br />
penser qu’une psychiatrie citoyenne se<br />
mettait en place. C’est à dire, Monsieur<br />
Halos, du fait que dans les services de<br />
psychiatrie, il va y avoir des médiateurs qui<br />
sont eux-mêmes des ex-usagers. Je peux<br />
vous dire qu’on ne va pas bouger le cadre<br />
tout de suite, mais le fait d’être à l’intérieur,<br />
il y a des petites choses qui changent. Les<br />
attitudes changent, les paroles changent,<br />
parce que nous sommes là. Est-ce qu’il y a<br />
des médiateurs dans la salle ? Levez la main !<br />
Voilà les petites choses ! Je peux vous dire<br />
que ça n’a pas été facile parce qu’en France,<br />
on est très institutionnel. On est dans un<br />
cadre, pas dans l’autre. Je voudrais dire que<br />
l’isolement social est un souci récurrent pour<br />
beaucoup d’usagers et que le médiateur de<br />
santé pair permet de favoriser l’ouverture vers<br />
la cité et les partenaires sociaux. Les GEM<br />
travaillent à cela, sur le fait que lorsqu’on sort<br />
d’une institution, on est isolé, mais on peut y<br />
remédier. Certains médiateurs accompagnent<br />
vers le GEM.<br />
La loi de 2005 a été importante car elle a<br />
enfin reconnu le handicap psychique comme<br />
un handicap comme les autres et elle a<br />
permis la subvention des GEM. Ce dispositif<br />
aura bientôt dix ans et je pense qu’il y aura<br />
évaluation et chiffrage, comme on aime tant<br />
ça en France. Mais je peux vous dire que<br />
les GEM sont des lieux où on lutte contre<br />
l’isolement et où on trouve de la chaleur<br />
humaine. Merci !<br />
Joseph Halos : Ce sera beaucoup plus<br />
difficile de conclure pour John après cette<br />
intervention, mais merci Madame Thibaut. Je<br />
lui donne tout de suite la parole.<br />
John Jenkins : La seule chose à dire,<br />
c’est qu’il faut mettre fin à ce fléau de<br />
discrimination et à l’attitude individualiste<br />
de la société aujourd’hui et le jouer collectif.<br />
Mais chacun peut avoir sa propre façon<br />
d’essayer d’améliorer la santé mentale<br />
des citoyens comme nous l’avons vu ce<br />
matin et les différentes méthodes décrites<br />
en termes de législation, des inspections,<br />
des normes, des évaluations et des bonnes<br />
pratiques, des pratiques innovantes, ainsi<br />
que les changements que le mouvement des<br />
usagers et des familles peuvent apporter,<br />
tout ce qu’on a entendu ce matin est<br />
extrêmement important. Mais aucun de ces<br />
éléments ne peut fonctionner seul. C’est un<br />
défi gigantesque. Il faut changer un système<br />
enraciné dans les croyances et cultures qui<br />
a un tel impact sur l’image, l’attitude et la<br />
compréhension du grand public. Avec ces<br />
mythes profondément enracinés autour de<br />
la psychiatrie en raison du système que nous<br />
avons établi, il est difficile de déraciner ce<br />
dysfonctionnement et c’est pour ça qu’il faut<br />
y travailler maintenant et tous ensemble.<br />
Joseph Halos : Merci à tous pour votre<br />
participation et votre travail.<br />
178 AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT - 4 ème rencontre internationale du CCOMS (Lille, France)<br />
AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT - 4 ème rencontre internationale du CCOMS (Lille, France)<br />
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