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des médicaments et donner le sein à mon<br />
enfant ? Ça peut être la seule façon pour une<br />
mère d’avoir un lien affectif profond avec son<br />
bébé, mais on peut lui demander d’arrêter de<br />
donner le sein à cause des médicaments ?<br />
Je ne suis pas contre les médicaments mais<br />
je voulais soulever ce point.<br />
Parlons maintenant de la peur d’être<br />
séparée de ses enfants. En Angleterre,<br />
parfois, on enlève le bébé à la mère quand<br />
elle va à l’hôpital. Donc on voit bien toutes<br />
les différentes étapes de la peur qu’il faut<br />
surmonter et qui permettent de se rétablir.<br />
Voyons maintenant comment l’on peut<br />
normaliser ces pensées. Je pense vraiment<br />
que la chose la plus importante qu’un<br />
thérapeute puisse faire, c’est de donner des<br />
exemples de nos pensées inappropriées.<br />
Car les TOC, c’est quand nous avons des<br />
pensées qui sont intrusives et que nous ne<br />
voulons pas, elles surgissent mais nous ne<br />
les désirons pas. Probablement la plupart<br />
d’entre vous ont déjà pensé à trois possibilités<br />
quand vous êtes dans une gare : « qu’est ce<br />
qui se passerait si quelqu’un me poussait<br />
sur les rails ou si moi je poussais quelqu’un<br />
ou si je me jette sous le train ? ». Ce sont<br />
des pensées normales - mais les personnes<br />
qui souffrent de TOC ont appris à résister à<br />
ces pensées. Cela ne fait pas de vous un<br />
assassin parce que vous avez ce type de<br />
pensées. Quelqu’un de mauvais ? Non, pas<br />
du tout. Le thérapeute peut continuer avec<br />
d’autres phrases pour donner de l’assurance<br />
à la personne, et en ce qui concerne les TOC,<br />
n’oubliez-pas qu’il ne s’agit jamais d’essayer<br />
de « rassurer» la personne. Par exemple, en<br />
tant que thérapeute, on peut dire : « tu peux<br />
me dire ce que tu veux, tu ne pourras jamais<br />
me choquer, rien ne me choque, si vous avez<br />
des peurs, peur d’abuser sexuellement de<br />
votre enfant, peur que vous puissiez noyer<br />
votre enfant, même les pensées les plus<br />
bizarres que vous puissiez avoir. Il faut faire<br />
confiance à votre thérapeute et, si vous<br />
pouvez, avouer vos pensées inappropriées,<br />
cela va vous aider ».<br />
Une autre chose que vous pouvez<br />
dire à vos patients, c’est « vraiment, j’aime<br />
beaucoup travailler avec des gens qui ont des<br />
TOC car la plupart répondent très bien aux<br />
TCC ». Les 25 % restant qui ne répondent<br />
pas à la thérapie sont une autre histoire. Il<br />
faut dire que la TCC est basée sur la preuve<br />
de son efficacité. Pour revenir à la méthode<br />
de la normalisation des pensées, une chose<br />
que j’ai faite pour m’aider à me rétablir,<br />
c’était d’utiliser la normalisation. Je pense<br />
que vous pouvez encourager vos patients à<br />
lire des études de cas pour qu’ils prennent<br />
conscience qu’ils ne sont pas un cas unique.<br />
On se sent moins isolé, ça confirme que ce<br />
trouble existe vraiment. Il y a un nom à mettre<br />
sur la souffrance, mon mari n’allait pas me<br />
quitter, on n’allait pas m’enfermer dans un<br />
asile pour le restant de ma vie avec des enfants<br />
qui ne voulaient rien savoir de leur mère qui<br />
pensait les tuer. Lire des cas d’études aide<br />
à comprendre, on ne part pas dans d’autres<br />
pensées obsessionnelles. Pendant la lecture<br />
des rapports, je voyais qu’on aidait les mères,<br />
on n’emmenait pas les enfants et ça c’était<br />
un grand pas en avant pour moi qui m’a<br />
encouragée à me faire aider. Des études au<br />
Canada d’Adam Radonski montrent que les<br />
personnes ayant des TOC ont une mémoire<br />
parfaite, mais on n’a pas confiance en cette<br />
mémoire. Cette confiance peut être retrouvée<br />
avec les TCC. Les TOC peuvent aussi être<br />
« normalisés » grâce à l’histoire - Charles<br />
Darwin, Florence Nightingale - tous les deux<br />
auraient souffert de TOC.<br />
Parlons maintenant des techniques.<br />
Les chirurgiens ou dentistes, par exemple,<br />
comment soignent-ils des personnes qui<br />
ont peur ? Les gens rentrent dans leur<br />
cabinet terrifiés qu’ils vont mourir à cause<br />
de l’anesthésie. Devrions-nous parler avec<br />
ces professionnels et étudier comment<br />
ils font face à la peur de leurs patients ?<br />
Une technique clé que j’aimerais que les<br />
thérapeutes fassent, quand un patient a<br />
une idée terrifiante, ça serait de faire un jeu<br />
de rôles comme au théâtre avec le patient<br />
qui met en scène ses pensées. Il faut être<br />
le plus théâtral possible pour montrer que<br />
ces pensées sont vraiment ridicules. Je l’ai<br />
fait et ça fonctionne. En commençant avec<br />
l’idée, par exemple, que j’allais dévisager un<br />
nouveau- né dans la rue, et qu’après dans<br />
ma tête, j’allais me dire « je vais tuer tous<br />
les bébés dans cette ville ». Il faut pousser<br />
la situation jusqu’à l’absurde. Pour ceux qui<br />
ne souffrent pas de TOC, cela peut sembler<br />
un peu fou, mais c’est ce qu’il faut pour se<br />
rétablir. Aborder nos pensées directement,<br />
modifier leur signification pour les catégoriser<br />
et nous focaliser. Il y a un très bon livre de<br />
Jeffrey Schwartz, Brain Lock and the Four<br />
Steps qui définit quatre étapes. C’est un livre<br />
qui a eu beaucoup de succès, mais je pense<br />
qu’il faut faire très attention car cette étape de<br />
catégorisation peut devenir un comportement<br />
compulsif et nous remettre dans un état où de<br />
nouveau on essaie d’éviter ses pensées. Ce<br />
sont les deux choses que nous ne voulons<br />
pas que les patients éprouvent.<br />
Il faut vraiment y croire. On ne m’a jamais<br />
demandé de croire en moi-même. Quand<br />
le patient se débat avec ses pensées et<br />
que la TCC ne fonctionne pas, souvent<br />
le thérapeute va dire : « il faut vraiment y<br />
croire ». Si ça ne marche pas, le patient va<br />
être découragé et son avenir est compromis.<br />
Je ne sais pas quelle est la réponse dans ce<br />
cas-là, mais cela ne va pas aider la situation.<br />
Il y a des moyens pour suivre régulièrement<br />
une thérapie par Skype ou des groupes de<br />
soutien au Royaume-Uni et certainement en<br />
France aussi.<br />
Parmi les choses qu’on nous demande le<br />
plus souvent, du moins en Angleterre, c’est<br />
comment je sais si les TOC sont seulement<br />
des pensées, des idées, ou si je vais vraiment<br />
passer à l’acte. Il est difficile de répondre<br />
mais, dans mon cas, j’avais peur, je marchais<br />
de long en large, j’avais des poussées<br />
d’adrénaline et j’étais pétrifiée par la peur<br />
parfois, et je me disais « je ne sais pas », alors<br />
ces points sont suffisants pour me dire que<br />
c’est probablement une pensée TOC et que<br />
je dois la traiter avec les principes de TCC.<br />
Encore une fois, trop de temps est passé<br />
par les thérapeutes à répéter les choses.<br />
Je pense que c’est important que le patient<br />
comprenne ce qu’on lui demande, ce qu’on<br />
veut de lui. N’oubliez-pas que vous le soignez<br />
par cette thérapie qu’il ait déclaré ou pas des<br />
informations sur ses peurs. La capacité de<br />
concentration est limitée, je l’ai bien vu dans<br />
mon cas. Des questions simples pour pouvoir<br />
se refocaliser sur ce qu’on nous demande<br />
sont utiles : « Comment ça va ? Vous<br />
comprenez bien ? Est-ce qu’il y a quelque<br />
chose que vous n’avez pas compris ? ».<br />
Malheureusement, une personne sur<br />
quatre souffrant de TOC consomme de<br />
l’alcool en excès pour compenser. Ceci risque<br />
d’être encore un autre problème, donc il est<br />
utile d’expliquer aux patients que le fait de<br />
mélanger le traitement et l’alcool n’aide pas.<br />
Ce qui peut aider le plus, c’est de faire<br />
une liste sur comment les TOC vont avoir<br />
un impact sur nous en tant que malade ?<br />
De quoi les TOC nous privent dans la vie ?<br />
Ce que cela peut nous apporter ? Mais à<br />
quel prix ? Cela peut être utile lors de chaque<br />
séance, mais je pense que ça peut aider une<br />
mère si elle voit ce qu’elle rate dans sa vie à<br />
cause des TOC. Je pense que ça peut être<br />
une bonne idée de procéder au dépistage de<br />
dépression postpartum. A mon avis, 95 % des<br />
mères souffrant de dépression postpartum<br />
sont également atteintes de TOC périnataux.<br />
Je tenais à le souligner car on peut perdre<br />
beaucoup de temps avant de les traiter pour<br />
des TOC alors qu’il faudrait qu’elles soient<br />
soignées de suite pour une dépression<br />
postpartum. Je le dis par expérience. Car<br />
sinon, la mère n’avance pas et elle a des<br />
jeunes enfants, on risque de lui dire « Je<br />
connais une fille de trois ans à la crèche. Elle<br />
essaie d’ouvrir les robinets avec les coudes,<br />
elle est taquinée et harcelée par les autres.<br />
184 AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT - 4 ème rencontre internationale du CCOMS (Lille, France)<br />
AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT - 4 ème rencontre internationale du CCOMS (Lille, France)<br />
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