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personne, et pour lui-même. Il faut savoir que<br />

le pair aidant, lorsqu’il commence à travailler,<br />

on va le voir plus tard, il est très fier de ce qu’il<br />

fait car du jour au lendemain les souffrances<br />

du passé acquièrent un sens et permettent<br />

de les donner au suivant. Je dis souvent en<br />

conférence que si je pouvais vendre mes<br />

expériences de vie au prix qu’elles m’ont<br />

couté, personne ne pourrait se les payer. Alors<br />

on se fait rémunérer pour ça. Chez nous, ça<br />

a été initié par le ministère de la Santé. Ils ont<br />

intégré le fait que des pairs aidants devraient<br />

être inclus dans 30 % des équipes mobiles.<br />

C’est un bel objectif qui n’a pas été atteint car<br />

les pairs-aidant ne pouvaient pas directement<br />

intégrer l’établissement. On a monté une<br />

stratégie dont on fait la promotion, on fait le<br />

tour du Québec et des pays francophones<br />

aussi. Ce qui est intéressant, c’est de voir<br />

que d’autres programmes se développent en<br />

Europe. On est bien heureux car au niveau<br />

francophone, c’était inexistant, il n’y avait<br />

pas de ressources de documentation, pas<br />

de recherches, pas de formations. En deux<br />

temps, on offre de l’information. L’information<br />

aux milieux qui vont embaucher le pair aidant :<br />

on les prépare, on explique quel est son rôle,<br />

les tâches qu’il peut réaliser et on essaie de<br />

déstigmatiser. Ce n’est pas évident pour un<br />

pair aidant, c’est souvent un défi d’intégrer<br />

une équipe de travail qui est habituée à<br />

fonctionner d’une certaine façon. On forme<br />

également les pairs aidants et on leur offre de<br />

la supervision clinique. C’est important, une<br />

fois qu’ils sont intégrés, ils ont besoin d’être<br />

soutenu, de se faire guider. Moi, je suis allée<br />

me faire former avec une autre québécoise<br />

qui était bilingue, une chance car c’était en<br />

Géorgie aux Etats-Unis. Je suis revenue<br />

avec la formation, on l’a adaptée, on l’a fait<br />

traduire. Elle est de 119 heures, certains vont<br />

dire : seulement ! Moi, je leur dis ça fait 25 ans<br />

que je suis en psychiatrie, donc j’ai plusieurs<br />

doctorats de cumulés. On peut presque<br />

m’appeler Docteur !<br />

Elle est là ma formation, c’est à partir de<br />

mon vécu. On a deux semaines de formation<br />

en communauté. Actuellement, j’ai formé<br />

113 pairs aidants. On est venu ici en France<br />

pour une semaine donner de la formation<br />

pour apprendre le rôle du pair aidant, les outils<br />

utilisés. Ce qui est génial, c’est la cérémonie<br />

de remise des diplômes au Québec. C’est<br />

une formation de l’Université, les pairs aidant<br />

reçoivent donc leur diplôme dans un congrès<br />

du ministère des services sociaux, qui est<br />

reconnu au niveau politique de l’éducation.<br />

Actuellement, je vous dirais que 50 % des<br />

pairs aidants travaillent. Sur les 50 % restants,<br />

certains ont décidé de retourner aux études,<br />

d’autres se sont mis en action pour retourner<br />

sur le marché du travail, d’autres sont restés<br />

sur la sécurité du revenu. On voit de plus<br />

en plus d’intervenants sociaux qui font leur<br />

coming-out et qui viennent dans la formation<br />

pour se servir de leur savoir expérientiel. Le<br />

problème, c’est que vous ne nous en parlez<br />

pas ! C’est difficile de s’afficher, c’est très<br />

tabou. Le pair aidant lève la main, il dit : « J’en<br />

suis. ». C’est un peu comme le coming-out,<br />

il faut sortir du placard. Comme intervenant,<br />

ça serait intéressant que vous puissiez vous<br />

servir de votre vécu si vous en avez un. Les<br />

pairs aidants gagnent 14 euros de l’heure, je<br />

ne sais pas si c’est beaucoup chez vous ?<br />

C’est beaucoup ? Je vois des gens rire ! C’est<br />

pas mal !<br />

Les retombées positives pour l’usager, ce<br />

que je vous ai nommé au niveau du rôle du<br />

pair aidant. Il y a vraiment de l’espoir, on va<br />

parler d’empowerment, de pouvoir agir, de<br />

s’accepter tel qu’on est et d’avoir une bonne<br />

compréhension et connaissance de soi.<br />

Pour le pair aidant, c’est la fierté. J’ai formé<br />

des gens qui n’avaient pas travaillé depuis<br />

13 ans, plus de voiture, plus de femme... Du<br />

jour au lendemain, ces personnes retrouvent<br />

un emploi et ça transforme vraiment leur vie.<br />

Ça fait diminuer la médication pour pouvoir<br />

se lever le matin et aller travailler, car la<br />

médication l’en empêchait, la fierté d’avoir<br />

de l’argent aussi pour se sentir utile dans la<br />

communauté. Pour les intervenants, il y a<br />

eu vraiment un changement de pratique, les<br />

gens sont plus sensibilisés, ils font attention à<br />

ce qu’ils disent pendant les réunions, grâce<br />

à la sensibilisation au vécu que le pair aidant<br />

va amener, et utiliser eux aussi leur vécu. Je<br />

vais terminer avec cette photo-là, c’est deux<br />

arbres, moi je suis un arbre qui a poussé<br />

dans la roche, je représente les personnes<br />

qui ont vécu beaucoup de difficultés, qui sont<br />

des survivants comme des personnes qui<br />

malgré tout réussissent à trouver la lumière et<br />

à grimper. Ce qui est fantastique dans cette<br />

image, c’est que vous voyez les racines, les<br />

deux arbres s’entremêlent et grâce à leurs<br />

racines communes, ils arrivent à tenir dans<br />

cette roche. Dans la nature, quand je me<br />

promène, les arbres que je remarque sont<br />

ceux-là, et quand je le vois, je me dis mais<br />

quelle force ils ont déployé pour arriver à<br />

pousser malgré les conditions difficiles.<br />

Je terminerai avec cette citation qui<br />

vient de l’Arizona qui dit : « Le soutien par<br />

les pairs, c’est d’être un expert à ne pas<br />

être un expert et cela demande beaucoup<br />

d’expertise ». Ce que ça veut dire, c’est<br />

qu’on a une spécificité à nous mais on veut<br />

continuer à travailler d’égal à égal.<br />

« Le soutien par les pairs, c’est d’être un expert<br />

à ne pas être un expert et cela demande beaucoup d’expertise »<br />

META Arizona<br />

158 AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT - 4 ème rencontre internationale du CCOMS (Lille, France)<br />

AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT - 4 ème rencontre internationale du CCOMS (Lille, France)<br />

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