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les solutions qui fonctionnent. En faisant<br />

ça, on change complètement la relation en<br />

passant de modèles imposés des troubles<br />

à une démarche d’empowerment où on<br />

désigne la personne selon sa propre identité<br />

et selon la manière dont elle la perçoit. C’est<br />

un principe fondamental : il ne faut pas parler<br />

de troubles, c’est un terme ne favorisant<br />

pas l’empowerment car il définit la personne<br />

en termes de déficit et pas en termes de<br />

valeur. Quand vous dites à quelqu’un qu’il<br />

a des hallucinations auditives, vous niez<br />

son expérience. Si vous dites qu’il entend<br />

des voix, qu’elles ont un sens et qu’il y a<br />

une solution, vous donnez une certaine<br />

responsabilisation dans le processus. Je<br />

pense que c’est fondamental de reformuler le<br />

vocabulaire, mais aussi de ré-envisager le rôle<br />

de la profession en association la personne<br />

qui a cette expérience vécue.<br />

Bernard Jacob : Je travaille au service<br />

public fédéral de la santé. Je suis chef de<br />

projet et coordinateur national en charge<br />

de la réforme des soins en santé mentale<br />

en Belgique. Je coordonne l’ensemble du<br />

processus de cette réforme. Je souhaiterais<br />

appuyer les propos tenus par mon collègue<br />

de l’UNAFAM. Notre but en Belgique, au-delà<br />

de la réforme des soins en santé mentale,<br />

est d’associer les acteurs hors du champ<br />

santé mentale qui participeront à la réussite,<br />

à savoir les secteurs du logement, du travail,<br />

du double diagnostic, de la liaison avec la<br />

justice. Ce sont des acteurs incontournables<br />

du processus d’intégration et d’inclusion<br />

dans la collectivité. L’idée est de prendre<br />

en considération toutes les personnes qui<br />

ont besoin d’aide sur un territoire donné.<br />

Dès lors, on a une vision globale qu’il faut<br />

intégrer dans la réorganisation des systèmes.<br />

La participation et l’avis des représentants<br />

des usagers et familles à l’élaboration<br />

de ce processus est indispensable :<br />

quels sont leurs avis ? Quelles sont leurs<br />

recommandations concernant le processus<br />

que l’on met en place ? Les associations<br />

des usagers et familles doivent réfléchir avec<br />

nous pour cette évolution et on doit les aider<br />

à produire un travail scientifique sur le sujet.<br />

Ce changement de culture prendra du temps,<br />

mais nous devons le prendre en considération<br />

et comme l’avait rappelé Madame Finkelstein<br />

« Rien à propos de nous sans nous ». Pour<br />

les autorités également, c’est une évolution<br />

parfois difficile à considérer. Mais comme je le<br />

disais hier en séance plénière, nous avons la<br />

chance pour le moment en Belgique d’avoir<br />

le soutien et la disponibilité d’un ministre de la<br />

Santé très à l’écoute des recommandations<br />

faites par les représentants des usagers et<br />

familles.<br />

Claude Finkelstein : Je vous remercie<br />

pour ce que vous dites, c’est très important.<br />

Mais en France, le mouvement des usagers<br />

directs est plutôt mis à mal en ce moment,<br />

je ne sais pas ce que ça va donner et du<br />

coup nous envisageons un travail commun<br />

sur des grands sujets avec l’UNAFAM.<br />

Par exemple, les moyens des associations<br />

d’usagers, les moyens de la FNAPSY ont<br />

été diminués par trois. On me demande<br />

avec 70 000 euros de mener une fédération<br />

nationale, avec 67 associations adhérentes<br />

et on me demande en plus de le justifier, ce<br />

qui est normal, mais c’est très compliqué.<br />

On ne peut pas continuer comme ça, on a<br />

donc envisagé avec l’UNAFAM une autre<br />

association. On ne peut pas se mêler avec<br />

la famille, on a deux regards différents, deux<br />

expressions différentes, mais on a envisagé,<br />

de créer une troisième association qui portera<br />

les grands projets et qui viendra apporter la<br />

parole des usagers et des familles avec une<br />

égalité car ce n’est pas facile. L’UNAFAM a<br />

beaucoup plus de troupes et 20 fois plus de<br />

moyen, vous voyez donc la difficulté pour nos<br />

représentants.<br />

Laurent El Ghozi : Cette question de la<br />

participation réelle des usagers est vraiment<br />

complexe. On a entendu ce matin des<br />

exemples très formalisés dont on espère qu’ils<br />

seront tout aussi efficaces. En France, je n’ai<br />

pas le sentiment que l’on soit véritablement<br />

capable de le faire.<br />

Dans un second temps, nous avons<br />

parlé de la participation des usagers pour<br />

les décisions au niveau des établissements<br />

de soins et cela progresse. Je suis<br />

complètement d’accord avec la remarque<br />

en rapport au soin médico-social, il est vrai<br />

qu’il y a encore beaucoup de choses à faire.<br />

On a également parlé de la participation aux<br />

décisions au niveau national et je voudrais<br />

insister sur la participation aux décisions là<br />

où les gens vivent, c’est à dire dans la cité,<br />

au niveau territorial. Je vais revenir sur l’outil<br />

qu’est le Conseil local en santé mentale :<br />

l’endroit où vivent les personnes avec qui on<br />

essaye de travailler, c’est la ville. C’est là où<br />

il y a des décideurs, des commerces, des<br />

banques qui refusent d’ouvrir un compte,<br />

là où il y a des clubs sportifs accessibles<br />

ou non, du logement ou non, c’est là où se<br />

fabrique ou pas la stigmatisation, là où il y a<br />

la vie. C’est pourquoi la responsabilité des<br />

décideurs locaux me paraît essentielle et il<br />

me semble que si on veut faire changer la<br />

société, ce n’est pas simplement en parlant<br />

aux ministres, aux psychiatres, mais c’est<br />

en parlant avec les citoyens et les décideurs<br />

locaux. De plus, les décideurs locaux ont<br />

souvent des fonctions également nationales.<br />

Il me semble que c’est le plus important.<br />

Je voudrais insister là-dessus et au-delà<br />

du Conseil local, faire état d’action de coformation<br />

des décideurs locaux, d’élus et des<br />

services avec les usagers de la psychiatrie.<br />

Pour y avoir participé à trois endroits différents<br />

en France l’année dernière, je suis convaincu<br />

que cela change véritablement le regard, que<br />

c’est un moyen d’action qui est simple, peu<br />

protocolaire et qui coûte peu : il demande<br />

juste du temps et beaucoup d’énergie, mais<br />

il change vraiment les représentations et<br />

permet donc de faire en sorte que la parole<br />

des usagers soit réellement entendue. Merci.<br />

Armelle Grenouilloux : Je suis<br />

psychiatre et coordinatrice du Centre ressource<br />

handicap des Pays de la Loire, je<br />

souscris à toutes les propositions qui viennent<br />

d’être soulignées, mais il me semble qu’on<br />

n’en est même pas là. Quand j’entends que<br />

des représentants des usagers sont présents<br />

dans les instances des structures de soins,<br />

je note que dans les Pays de la Loire il y en<br />

a très peu. Ce n’est pas acquis. L’UNAFAM<br />

est relativement représentée, et tant mieux,<br />

mais des usagers qui soient préparés et<br />

prêts à être représentants, il n’y en a pas<br />

tant que ça. Alors comment promouvoir<br />

cette représentation ? Comment former<br />

à la prise de parole ? Comment trouver le<br />

financement ? Je pense que tout cela reste<br />

globalement problématique en France, audelà<br />

de la région d’où je viens.<br />

Hywel Davies : Je crois que c’est une<br />

question très importante et ce qui est<br />

intéressant au niveau des entendeurs de<br />

voix : lorsque vous assistez à un congrès du<br />

réseau des entendeurs de voix, vous ne savez<br />

pas qui sont les personnes qui entendent des<br />

voix et qui sont les professionnels de santé.<br />

Il y a une qualité dans les rapports et une<br />

confiance mutuelle.<br />

Chris m’a dit qu’au moins 50 % des<br />

interventions thérapeutiques qui réussissent<br />

se font grâce à la qualité de la relation et si<br />

vous vous trompez là-dessus, vous allez<br />

rencontrer des gros problèmes.<br />

Mais ce qui arrive dans les services de<br />

soins aigus, c’est qu’il y a peu d’autonomie et<br />

de choix : au Royaume-Uni par exemple, les<br />

gens n’ont pas le droit de choisir leur repas<br />

ou l’heure à laquelle ils mangent, ce sont des<br />

problèmes fondamentaux. Par exemple, le<br />

traitement vous fatigue beaucoup au matin et<br />

si le petit déjeuner est à 7 heures du matin,<br />

vous le manquez ! Si votre service fait partie<br />

d’un hôpital général, le régime est basé sur<br />

les besoins des patients de l’hôpital, mais pas<br />

sur ceux des patients en psychiatrie.<br />

Il y a toute une série de questions sur<br />

la manière dont on crée les conditions<br />

144 AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT - 4 ème rencontre internationale du CCOMS (Lille, France)<br />

AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT - 4 ème rencontre internationale du CCOMS (Lille, France)<br />

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