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qu’est la maladie, s’il y avait une connaissance<br />

plus précise de celle-ci dans la population<br />

générale et si on arrêtait d’y dramatiser le<br />

recours aux soignants, aux soins, etc. C’est un<br />

point essentiel et c’est pourquoi, l’an dernier,<br />

nous avons fait un colloque au ministère de<br />

la Santé intitulé : « Que sait-on aujourd’hui<br />

de la schizophrénie ? ». Ou plutôt : qu’estce<br />

que tout le monde doit ou devrait savoir<br />

aujourd’hui sur la schizophrénie ? C’est-àdire<br />

: à partir des connaissances scientifiques<br />

acquises, comment les soins doivent être<br />

envisagés maintenant, comment ils doivent<br />

être mis en pratique et comment la société<br />

doit s’ouvrir pour permettre la réinsertion. On<br />

en a tiré un DVD actuellement en vente et qui<br />

répond à cette nécessité.<br />

Concernant l’utilité de l’existence<br />

de réseaux pour éviter les soins sans<br />

consentement, il y a ici ou là de telles initiatives<br />

utiles. Par exemple, à Paris dans le 15ème<br />

arrondissement, il y a une cellule d’intervention<br />

précoce pour éviter les hospitalisations<br />

tardives, car ce sont celles-là qui se font sans<br />

consentement et quelque fois dans de très<br />

mauvaises conditions. Cela arrive souvent<br />

parce que certains professionnels ont refusé<br />

d’intervenir précocément ou à domicile. Dans<br />

l’association, nous ne connaissons que trop<br />

ces situations dramatiques. C’est pourquoi<br />

notre association demande que, lorsqu’un<br />

malade se trouve face à la justice, on se pose<br />

toujours la question du pourquoi ? Que s’estil<br />

passé avant ? Pourquoi y a-t-il eu rupture de<br />

soin ? Pourquoi/comment telle personne a-telle<br />

été laissée sans soins pendant des mois,<br />

des années peut-être ? N’y-a-t-il pas là le déni<br />

d’un droit fondamental des malades ? Dans<br />

le code de la santé publique, le premier article<br />

du chapitre traitant des droits des malades<br />

n’affirme-t-il pas que « toute personne a le<br />

droit de recevoir les soins que nécessite son<br />

état » ? Or, ce droit de recevoir les soins dont<br />

on a besoin n’est pas bien appliqué en France<br />

dès lors qu’il s’agit des maladies mentales et<br />

de personnes inconscientes de leur état du<br />

fait notamment d’une loi trop complexe et<br />

inadaptée au terrain.<br />

Soigner quelqu’un qui n’a plus sa tête,<br />

n’est pas une atteinte à la liberté : c’est la<br />

maladie qui prive le malade de sa liberté. Les<br />

soins, c’est l’espoir de la lui rendre. Il faut<br />

dédramatiser les soins. Les soins, d’ailleurs,<br />

ne se réduisent pas aux médicaments.<br />

L’association insiste beaucoup sur la qualité<br />

de l’environnement et de la prise en compte<br />

de l’entourage. Elle défend haut et fort le droit<br />

des malades à l’information, un droit prévu par<br />

la loi mais trop imparfaitement mis en œuvre.<br />

Elle défend la nécessité d’associer pleinement<br />

le malade aux décisions le concernant même<br />

s’il n’a pas parfaitement recouvré la raison. La<br />

loi le dit : c’est le malade qui, avec le médecin,<br />

décide de ses soins.<br />

Pour conclure, Ron Coleman disait hier :<br />

« L’empowerment ne se donne pas, il se<br />

prend. ». Or, en France, actuellement, la loi<br />

nous donne des droits que nous ne prenons<br />

pas !<br />

Marie-Agnès Faye : Bonjour, je<br />

suis directrice des SAMSAH (Service<br />

d’accompagnement médico- social pour<br />

adultes handicapés mentaux) en Seine et<br />

Marne. Je suis malade également, je ne suis<br />

pas simplement directrice, j’ai une pathologie<br />

somatique et je n’ai pas envie d’être soignée<br />

différemment de mon voisin parce que je<br />

suis différente de mon voisin. À ce titre, je<br />

demande à tous mes collègues de faire un<br />

travail à la carte, je pense que c’est une forme<br />

de respect. Ce travail à la carte, il y a une<br />

évaluation également, on est soumis à l’ISO<br />

9001. Par contre les grilles d’évaluation, je ne<br />

veux pas qu’elles servent à tout le monde,<br />

parce que nous sommes tous différents. Je<br />

suis d’accord pour adapter la grille en fonction<br />

des personnes, de ce qu’elles ont envie<br />

d’être, de la conduite de soin qu’elles vont<br />

choisir car certaines personnes vont apprécier<br />

d’aller à l’hôpital, en clinique, à la montagne...<br />

Je vais chercher des grilles pour avoir une<br />

amélioration continue, c’est ça l’évaluation,<br />

si je ne me trompe pas, c’est l’amélioration<br />

continue. Je demande si c’est possible de<br />

changer les grilles d’évaluation pour pouvoir<br />

les adapter en fonction des outils. Je bouge<br />

énormément pour aller chercher des outils<br />

pour les gens avec qui je travaille. Je veux<br />

bien passer tous mes outils car c’est quelque<br />

chose que je passe facilement, mais je veux<br />

bien en avoir d’autres également pour enrichir<br />

les services que je dirige. Merci.<br />

Sylvain d’Auteuil : D’ailleurs, comme<br />

Nathalie le précise, les grilles d’évaluation<br />

que nous utilisons sont toujours en lien avec<br />

le type de service avec lequel on travaille. Il<br />

y a des adaptations, mais c’est le fruit du<br />

concours de plusieurs grilles consultées<br />

quand on est arrivé. Il faut comprendre<br />

qu’une des mesures importantes au niveau<br />

de l’évaluation, c’est la capacité du service<br />

à se plier aux divers besoins et aux choix de<br />

la personne dans son rétablissement. C’est<br />

ça aussi l’empowerment. C’est de mener son<br />

parcours de rétablissement à sa façon en<br />

utilisant les ressources de la communauté et<br />

du service qu’on évalue. Il faut cette mise en<br />

lien là, le networking et évaluer la capacité du<br />

service à justement avoir une diversité d’offre<br />

selon les besoins. Il faut comprendre que ce<br />

n’est pas qu’un choix qui est évalué, c’est la<br />

capacité de répondre à tous les besoins et de<br />

centrer son offre autour de la personne et de<br />

ses besoins.<br />

John Jenkins : Je suis d’accord,<br />

l’évaluation individuelle est très importante.<br />

La façon dont elle est réalisée est encore plus<br />

importante et c’est vrai que jusqu’à présent<br />

nous avons à faire à des façons de procéder<br />

très obsolètes. Je pense que lorsque l’on<br />

veut évaluer une personne, il faut avant<br />

tout la connaître, savoir d’où elle vient, qui<br />

est sa famille, les éléments importants de<br />

sa vie. Ceci est aussi important si ce n’est<br />

pas plus important pour les comprendre en<br />

tant que personne dans leur globalité, et<br />

non pas uniquement pour poser un simple<br />

diagnostic. Malheureusement, ce qu’on observe<br />

aujourd’hui, ce sont des évaluations<br />

qui analysent uniquement les symptômes<br />

et posent un diagnostic. Mais ce n’est pas<br />

suffisant.<br />

Katerina Nomidou : J’entends tout le<br />

monde parler de droit. Je ne sais pas s’il y a<br />

des avocats dans la salle ? Je suis avocate,<br />

spécialisée dans le droit en santé mentale,<br />

c’est à dire les droits des usagers. Par<br />

rapport au droit international, c’est à dire pour<br />

tout le monde, c’est la même chose. Il y a des<br />

outils pour évaluer la qualité par rapport aux<br />

droits humains. J’ai un poster ici, on a fait une<br />

recherche, je l’ai faite en Grèce mais cette<br />

recherche pourrait très bien être faite dans<br />

le monde entier. On est en train d’évaluer la<br />

qualité des services par rapport aux droits de<br />

la personne en utilisant la Convention relative<br />

aux droits des personnes handicapées. Les<br />

problèmes que j’entends existent partout.<br />

Vous parlez d’une augmentation des<br />

hospitalisations sous contrainte, oui, croyezmoi,<br />

je viens d’un pays où c’est plus de<br />

60 %. La moyenne européenne est à 5 ou<br />

6 %. Il y a des choses à faire, mais pour les<br />

faire, il faut reconnaître que ça existe, il faut<br />

que les patients, les familles, les aidants,<br />

les professionnels les connaissent. Dans la<br />

recherche que je fais dans un hôpital, dans<br />

une clinique psychiatrique en Grèce, on a<br />

eu 80 % d’expériences négatives chez les<br />

patients, 100 % d’expériences négatives<br />

chez les parents et 44 % d’expériences<br />

négatives chez les professionnels. Qu’est-ce<br />

que ça veut dire ? À qui la faute ? Pas des<br />

professionnels, ni des pauvres patients qui<br />

ne connaissent pas leurs droits. C’est l’Etat<br />

qu’il faut attaquer, c’est nos gouvernements,<br />

car nos pays ont ratifié des conventions<br />

internationales sur les droits des personnes<br />

avec des problèmes de santé mentale.<br />

Quand on a signé et encore plus quand on a<br />

ratifié une convention internationale, ça veut<br />

dire que cette convention est au-dessus des<br />

législations nationales. Il y a des choses à<br />

faire mais il faut les connaître. Si par exemple<br />

une association ou un gouvernement décide<br />

172 AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT - 4 ème rencontre internationale du CCOMS (Lille, France)<br />

AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT - 4 ème rencontre internationale du CCOMS (Lille, France)<br />

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