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Intervention du public : Je voulais<br />

dire que c’est vachement intéressant et je<br />

voulais savoir concernant le rapport entre<br />

le fait d’avoir la confiance des personnes<br />

en difficulté mentale, est-ce qu’il existe<br />

des formations de sensibilisation pour<br />

les médecins pour mettre la personne en<br />

confiance et la laisser librement s’exprimer ?<br />

En fait malade mental, ça ne veut pas dire<br />

simplement « je suis fou dans ma tête et<br />

je comprends rien ». Moi-même, j’ai des<br />

amis qui ont des problèmes, des troubles<br />

mentaux, mais ce n’est pas pour dire qu’on<br />

ne peut pas les laisser libres de dire ce qu’ils<br />

pensent. Nous sommes valides, on a des<br />

droits et des devoirs et je pense que notre<br />

médecin est là pour exprimer ces besoins.<br />

C’est tout ce que je voulais dire.<br />

Tony Vermeil : Bonjour, Tony Vermeil<br />

de Lille. Je voulais revenir sur la question<br />

de la stigmatisation pour dire que c’est une<br />

maladie hautement contagieuse et qu’il<br />

est difficile de ne pas se sentir stigmatisé<br />

dès lors que même les équipes de soins<br />

ont elles-mêmes des représentations<br />

négatives sur les troubles qu’elles ont à<br />

prendre en charge ou sur leur évolution<br />

naturelle. Je veux dire par là que, si le<br />

thérapeute n’a pas lui-même l’espoir du<br />

rétablissement et n’a pas dans sa formation<br />

pu bénéficier de l’apport que peuvent avoir<br />

ces manifestations collectives, ça me<br />

parait compliqué d’impulser cette notion<br />

de rétablissement aux usagers. Il y a un<br />

énorme effort, de mon point de vue, de<br />

formation dans les facultés de médecine<br />

car j’ai moi-même bénéficié d’une formation<br />

d’interne dans laquelle, à aucun moment, il<br />

ne m’a été donné la possibilité de travailler<br />

avec un usager, côte à côte j’entends,<br />

et échanger comme on peut le faire<br />

aujourd’hui sur les problématiques que les<br />

usagers rencontrent. Il en va de même pour<br />

les IFSI et tous les instituts de formation qui<br />

approchent ces problématiques de santé<br />

mentale.<br />

Intervention du public : Travaillant<br />

dans une association pour troubles bipolaires,<br />

je me suis dit, en fait, ce dont on<br />

a besoin quand on commence à rentrer<br />

dans un trouble, ce sont des incubateurs de<br />

résilience, c’est à dire des lieux spécifiques.<br />

Cette métaphore m’est venue car en fait la<br />

personne est comme une plantule fragile,<br />

elle est vulnérable et elle ne peut pas être<br />

mise toute crue je dirais, exposée par<br />

des soignants qui ne sont pas forcément<br />

compétents pour accueillir cette vulnérabilité<br />

ou même la famille qui ne comprend pas.<br />

Elle-même ne comprend pas, donc à<br />

travers les incubateurs, on va enlever son<br />

auto-stigmatisation et on va pouvoir mieux<br />

avancer sur sa propre voie. Bien repérer<br />

cette notion de fragilité et de nécessité<br />

d’incubateurs, c’est à dire faire des tampons<br />

entre la société et l’individu vulnérable. Par<br />

exemple, le GEM fait tampon entre la société<br />

et les usagers.<br />

Anneke Bolle : Ou un colloque comme<br />

celui-ci, indique Felix !<br />

Intervention du public : D’abord, je<br />

voudrais dire qu’au début de ma maladie,<br />

j’avais honte de dire que j’étais schizophrène.<br />

Ensuite, j’ai rencontré des gens dans ma<br />

classe qui me posaient la question : « qu’estce<br />

que tu as ? ». Je leur ai dit « je suis<br />

schizophrène », ils me disaient « mais ça<br />

va, tu es sûre ? Tu ne vas pas mourir ? ». Je<br />

disais « non, je suis un humain, je suis juste<br />

malade, je ne vais pas vous contaminer avec<br />

ma maladie, je suis normale ». J’avais perdu<br />

toute confiance en moi et, en arrivant en<br />

hôpital de jour, des gens avaient confiance<br />

en moi et c’est grâce à ça que j’ai repris<br />

confiance en moi. Je ne les remercierai jamais<br />

assez, toute l’équipe de professionnels de la<br />

santé.<br />

Anneke Bolle : Merci Madame.<br />

Maintenant, on donne la parole aux<br />

rapporteurs.<br />

Gilles Vidon : Alors, nous allons essayer<br />

maintenant d’apporter la vérité !<br />

(Rires dans l’assemblée)<br />

Anneke Bolle : Est-ce qu’elle existe la<br />

vérité ?<br />

Gilles Vidon : Nous allons apporter la vérité<br />

sur ce que vous avez dit ! Tout ceci pour vous<br />

faire rire, car c’est très difficile de synthétiser<br />

ce qui s’est passé dans des échanges aussi<br />

riches et en plusieurs langues. On va faire ce<br />

qu’on peut ! J’ai la chance d’avoir à côté de<br />

moi Julie, qui est une femme exceptionnelle<br />

et qui a vraiment bien travaillé.<br />

Julie Repper : Très bien ! Je suis ravie<br />

qu’il ait confiance en moi ! Brièvement,<br />

nous sommes convaincus que l’accès aux<br />

informations et aux ressources est essentiel si<br />

on veut que les usagers et les familles soient<br />

sur un pied d’égalité avec tout le monde dans<br />

la société. L’information doit se présenter<br />

sous différentes formes, de façon écrite, avec<br />

des pictogrammes, films, médias sociaux,<br />

etc. Il faut qu’il y ait des voix collectives<br />

et individuelles qui s’élèvent également.<br />

Ensuite, il faut travailler ensemble et donner<br />

de la valeur aux liens sociaux, aux connexions<br />

sociales car elles construisent une histoire. Il<br />

faut que l’information ne soit pas seulement<br />

gérée par les professionnels, il est important<br />

d’entendre des expériences positives comme<br />

aujourd’hui ! Il nous faut aussi offrir d’avantage<br />

d’occasions de pouvoir s’exprimer et, en ce<br />

qui nous concerne, ensemble, nous devons<br />

faire en sorte que, dans la société, il y ait une<br />

attitude plus positive envers les problèmes de<br />

santé mentale. Il nous faut créer des endroits<br />

au sein de la cité où le dialogue est possible,<br />

où il y a des contacts, de l’intégration, où les<br />

personnes font et apprennent ensemble. Et<br />

je ne parle pas que des usagers, des familles<br />

et des professionnels, je parle aussi de tous<br />

les partenaires. Il s’agit d’avoir la participation<br />

active de tous les citoyens. Nous pensons<br />

qu’une recommandation excellente est celle<br />

en faveur de la participation effective des<br />

usagers dans toutes les commissions au<br />

même titre que les autres interlocuteurs, et<br />

que ces usagers représentent un territoire,<br />

et non seulement eux-mêmes. Nous avons<br />

établi une liste avec les exemples qui ont<br />

été cités aujourd’hui qui pourront illustrer les<br />

bonnes pratiques évoquées.<br />

Anneke Bolle : Je suis très contente<br />

d’avoir présidé cet atelier, il me tient très à<br />

cœur. Cela fait plus de dix ans que je viens<br />

en France à des congrès et je sens que la<br />

culture change. Mais je sais que le trajet sera<br />

très long, moi aussi je mène des combats à<br />

Amsterdam. Je vais demander de l’attention<br />

car on nous demande d’être « empowerés »<br />

mais ce sont souvent les plus forts qui<br />

prennent la parole. Et il y aura toujours des<br />

personnes qui auront des difficultés pour<br />

s’exprimer. Il faut faire attention à ceux qui<br />

n’ont pas la force de caractère.<br />

Je vous souhaite beaucoup de succès. Merci<br />

d’avoir été ici !<br />

202 AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT - 4 ème rencontre internationale du CCOMS (Lille, France)<br />

AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT - 4 ème rencontre internationale du CCOMS (Lille, France)<br />

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