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pourquoi il doit fonctionner de telle façon.<br />

L’idée que je vous soumets est : estce<br />

qu’on pourrait imaginer une approche<br />

qui soit portée par le réseau des GEM, et<br />

intégrer des professionnels qui viendraient<br />

articuler un peu cette discussion avec les<br />

usagers pour voir ensemble comment<br />

poser les bonnes questions sur les enjeux<br />

contextuels ? Par exemple, est-ce qu’on<br />

va poser directement la question : « Vivezvous<br />

en situation de pauvreté ? ». Cette<br />

question génère un inconfort et les personnes<br />

vont avoir tendance à embellir un peu le<br />

contexte, ce qui est naturel. La formulation<br />

des questions est primordiale, et peut-être<br />

que les usagers pourraient eux-mêmes<br />

suggérer des formulations. L’idée serait alors<br />

de constituer des tandems d’usagers et de<br />

professionnels qui apprennent à s’apprivoiser.<br />

Les usagers développeraient ainsi leur propre<br />

empowerment à travers la délibération.<br />

Le processus participatif va permettre de<br />

soutenir le rétablissement individuel. Il s’agirait<br />

d’un point de départ basé sur le principe du<br />

« donnant-donnant ». Les usagers auront<br />

le sentiment de contribuer à l’OMS et à la<br />

pratique psychiatrique tout en acquérant une<br />

habilité personnelle, professionnelle.<br />

Serait-il possible d’imaginer que les GEM<br />

puissent servir d’incubateurs d’une démarche<br />

comme celle-ci où des professionnels<br />

entreraient en dialogue avec des usagers<br />

autour de ces questions pour faire en sorte<br />

que l’aspect global de la personne soit<br />

d’avantage considéré ? Pensez-vous que<br />

ça serait faisable de fonctionner de cette<br />

manière ?<br />

Intervention du public : Je vais peutêtre<br />

donner mon point de vue comme ça<br />

de façon un peu brutale, mais les GEM ne<br />

veulent pas faire venir des soignants. Je n’y<br />

comprends pas grand-chose, par contre,<br />

faire de l’éducation thérapeutique à partir<br />

des GEM pour éduquer le patient à sa propre<br />

pathologie et pour qu’il avance, là je suis<br />

d’accord.<br />

Il existe des groupes où c’est purement<br />

bipolaire, tandis que nous par exemple ici<br />

dans l’agglomération lilloise, ce sont des<br />

groupes tout venant et en général on ne parle<br />

pas de la maladie. C’est une initiative partant<br />

d’eux-mêmes et pas l’inverse. On a une<br />

approche différente du rétablissement, c’est<br />

plus une approche vers la communauté avec<br />

des partenaires sociaux, à rendre service,<br />

c’est notre concept à nous.<br />

Jean-François Pelletier : Lorsqu’on<br />

développe un projet autour du diagnostic,<br />

alors c’est sûr que c’est un peu moins intégré<br />

dans la vie de tous les jours, dans l’entraide.<br />

Je pense tout de même que c’est une activité<br />

qu’il faut voir sur le long terme, c’est-à-dire<br />

que ça va avoir une incidence importante non<br />

seulement sur la relation entre les cliniciens et<br />

les usagers, mais aussi sur la vision qu’aura<br />

un peu implicitement le clinicien qui va intégrer<br />

des notions de rétablissement par rapport aux<br />

autres aspects de la vie de la personne. Ce<br />

qu’on vous demande, c’est de voir ça dans<br />

une perspective un peu plus large et moins<br />

immédiate et qui est moins directement liée<br />

à l’entraide qui est votre activité principale<br />

actuelle.<br />

Hervé Guiheneuf, président du GEM<br />

d’Epernay : je voudrais relater un peu notre<br />

expérience au sein de notre GEM où on est<br />

très proche du milieu médical sans qu’on soit<br />

des thérapeutes. On fait de l’accueil, après<br />

chacun voit midi à sa porte : est-ce que<br />

l’accueil, c’est de la thérapeutique ?<br />

Personnellement, je suis prêt à amener<br />

mon GEM auprès de médecins, docteurs,<br />

psychiatres pour ramener nos idées, nos<br />

expériences, notre ressenti des médecins. Sur<br />

129 adhérents, nous avons 114 personnes<br />

suivies qui sont capables d’amener leurs<br />

idées, leurs problématiques par rapport au<br />

médical et qui parfois nous disent des choses<br />

à nous et pas aux médecins. Je rappelle que<br />

l’UNAFAM et la FNAPSY ont été à l’initiative<br />

des GEM et je pense que c’est une très<br />

bonne idée.<br />

On pourrait faire une action recherche<br />

bien ciblée et je suis sûr que les usagers<br />

seraient très demandeurs. On peut l’apporter<br />

à l’UNAFAM si vous voulez faire une action<br />

pareille.<br />

Intervention du public : Je prends<br />

ma casquette de coordinatrice de GEM,<br />

j’ai le sentiment que, sur les 340 GEM en<br />

France, il y a des positions idéologiques qui<br />

sont extrêmement différentes. Certains GEM<br />

revendiquent ouvertement de ne pas aborder<br />

la question de la maladie, même si c’est, à<br />

mon sens, sous-jacent dans beaucoup de<br />

structures. On s’engagerait évidement pour<br />

une collaboration, puisque je pense que<br />

c’est vraiment d’une collaboration et d’un<br />

partenariat dont il s’agit. Il faut comprendre<br />

la perspective des cliniciens, et inversement,<br />

et pouvoir permettre aussi au clinicien de<br />

pouvoir entendre sans diriger.<br />

Laurent El Ghozi : président de<br />

la CRSA Ile-de-France et de l’association<br />

nationale Elus, Santé Publique & Territoires :<br />

il me semble que cette proposition serait à<br />

intégrer dans le cadre des conseils locaux<br />

en santé mentale (CLSM) qui réunissent<br />

les GEM, les professionnels de santé,<br />

l’ensemble des acteurs de la cité. Si l’on<br />

parle de citoyenneté effective, puisque c’est<br />

le terme ultime, c’est à cet endroit-là qu’est<br />

réuni l’ensemble des acteurs susceptibles<br />

de réfléchir ensemble aux indicateurs, aux<br />

éléments de classification, d’être des facteurs<br />

favorables ou défavorables pour l’évolution,<br />

le rétablissement, et encore une fois la pleine<br />

citoyenneté.<br />

Je pense qu’on devrait impliquer les<br />

CLSM là-dessus, et le GEM représentant<br />

les usagers dans le CLSM. De plus, cela<br />

donnerait du sens et des perspectives de<br />

travail au CLSM.<br />

Deuxième chose, en revenant un petit peu<br />

en arrière, cette question des codes annexes<br />

oubliés, non utilisés, se pose de la même<br />

manière pour toutes les pathologies et sont<br />

tout aussi peu codés par les cliniciens non<br />

psychiatres, alors qu’ils ont un intérêt majeur<br />

pour les politiques locales, pour les décideurs<br />

locaux. Cela permet de savoir qui on soigne,<br />

comment la personne vit et pas seulement<br />

de quoi elle est atteinte. On ne devrait pas<br />

pouvoir faire une politique locale en santé<br />

mentale, ni soigner une population sans avoir<br />

connaissance de tout ce qui est déterminant :<br />

parcours de vie, parcours de santé, parcours<br />

de soins. On en parle partout, mais on<br />

n’utilise pas les outils qui permettraient d’en<br />

savoir un peu plus. Pour les décideurs des<br />

politiques publiques, il me semble que c’est<br />

un enjeu majeur. Troisième point, je pense<br />

que les éléments de classification devraient<br />

avoir une durée limitée, ils devraient être<br />

« périssables » : on codifie pour un an, deux<br />

ans, trois ans, mais on n’enferme pas une<br />

personne dans un code « à vie », ce qui est<br />

l’ultime stigmatisation.<br />

Dernière proposition : pourquoi n’ouvret-on<br />

pas une recherche sur une codification<br />

qui serait comparée par les professionnels<br />

et les usagers ? Une recherche avec encore<br />

une fois ce double codage. On apprendrait<br />

énormément de choses me semble-t-il.<br />

Marc Laporta : J’aime cette idée. Vous<br />

posez la question de savoir si les perspectives<br />

et points de vue sont les mêmes.<br />

Rachid Bennegadi : J’ai une proposition<br />

très claire à faire, en tant qu’administrateur<br />

de la Ligue Française pour la santé mentale.<br />

Nous sommes intéressés, je peux donc<br />

apporter l’aide de la Ligue Française. Je<br />

rejoins mon ami Laurent El Ghozi dans la<br />

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AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT - 4 ème rencontre internationale du CCOMS (Lille, France) AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT - 4 ème rencontre internationale du CCOMS (Lille, France)<br />

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