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Bien entendu, les Conférences de groupe<br />

familial peuvent également être réalisées sans<br />

cadre juridique, car il s’agit principalement<br />

d’un processus de consultation volontaire<br />

sur des questions clefs dans la vie ou un défi,<br />

tel que « comment vais-je pouvoir respecter<br />

la loi ? », ou encore « comment je peux<br />

m’épanouir ? ».<br />

Ces questions sont débattues par la<br />

personne concernée avec ses proches car<br />

ce sont finalement les véritables experts.<br />

C’est toujours une question personnelle.<br />

Ensemble, ils vont pouvoir trouver des idées,<br />

trouver un plan en reprenant les différentes<br />

étapes nécessaires pour trouver une réponse<br />

à ces questions clefs. Souvent, il s’agit de<br />

déterminer qui fera quoi, quand, etc. Par<br />

exemple, pour trouver un moyen de vivre de<br />

façon indépendante dans la cité. La question<br />

principale serait par exemple, « Comment<br />

puis-je vivre dans la communauté en toute<br />

sécurité ? ». C’est une question que toute<br />

personne pourrait se poser. Par contre, si la<br />

personne dit « Je ne veux pas me retrouver<br />

dans une institution », les autres pourraient<br />

vouloir peser le pour et le contre. Mais si je<br />

demande « Comment puis-je vivre dans la<br />

communauté en toute sécurité ? », les gens<br />

peuvent accepter que c’est mon objectif et<br />

ils peuvent réfléchir ensemble avec moi pour<br />

trouver une solution. C’est le groupe familial<br />

lui-même qui finit par établir son propre plan.<br />

Il est important de dire également que par<br />

« famille », je ne parle pas uniquement des<br />

liens de sang. Il s’agit de la famille au sens<br />

large. C’est vous qui décidez qui est membre<br />

de votre famille sociale, quelles sont les<br />

personnes importantes dans votre vie. Le<br />

plan établi peut très bien combiner le soutien<br />

formel et informel. Vous pouvez demander,<br />

par exemple, qui pourrait vous aider à faire des<br />

courses, qui pourrait vous offrir une thérapie<br />

de la parole ou toute autre question. Vous<br />

décidez ce qui doit être fait ensemble avec<br />

votre groupe familial. En cas de personnes<br />

polyhandicapées ou au sein des familles dites<br />

« à risque », c’est une approche intégrée très<br />

utile car dans la plupart des situations, tous<br />

les problèmes sont liés au sein de la même<br />

famille ou maison. Il est donc utile d’aborder<br />

tous ces problèmes ensemble, de ne pas les<br />

séparer.<br />

Il est important de souligner qu’il s’agit<br />

uniquement d’une pratique sur une base<br />

volontaire. Il s’agit d’une possibilité de<br />

consulter les personnes de votre choix.<br />

L’accent doit être mis sur l’obtention<br />

d’une solution souhaitable. Evidemment,<br />

la contrainte est exclue. Aux Pays-Bas,<br />

nous avons lancé un projet pilote. J’ai<br />

personnellement développé ce modèle en<br />

2011. Je suis usagère, mais je suis aussi un<br />

membre de la famille concernée car mon frère<br />

est atteint de trisomie 21 et ma mère a des<br />

problèmes psycho-sociaux. Je connais donc<br />

ces problèmes de santé mentale de différents<br />

points de vue. Le fait que beaucoup de<br />

personnes ne souhaitent pas être soignées<br />

par des méthodes psychiatriques classiques<br />

ne veut pas dire pour autant qu’elles n’aient<br />

pas envie de résoudre leurs problèmes. Cela<br />

veut dire tout simplement qu’elles ne veulent<br />

pas être prises en charge en psychiatrie.<br />

Ce que nous proposons ici est une vraie<br />

alternative car vous pouvez concevoir votre<br />

propre plan. Evidemment, c’est votre droit<br />

en tant que citoyen de décider ce que<br />

vous voulez avant que quelqu’un d’autre<br />

ne le fasse à votre place. Il s’agit du droit à<br />

l’auto-détermination, à la capacité juridique,<br />

de tout citoyen. Malheureusement pour les<br />

usagers et survivants de la psychiatrie, ce<br />

n’est pas souvent qu’on nous le permet ou<br />

qu’on nous soutient dans l’exercice de notre<br />

pleine capacité juridique. Les Conférences de<br />

groupe familial peuvent changer cela.<br />

Nous avons commencé ce projet pilote<br />

aux Pays-Bas dans trois régions. Il est<br />

soutenu aujourd’hui par le ministère de la<br />

Santé et nous sommes en train de demander<br />

des fonds à l’Union européenne pour<br />

mener des projets utilisant cette pratique à<br />

travers l’Europe. Nous allons expérimenter<br />

cet outil dans plusieurs pays dans un but<br />

d’autonomisation des personnes et pour<br />

éviter des interventions psychiatriques sous<br />

contrainte.<br />

Dans le système de soins de santé<br />

mentale, je pense qu’on peut envisager<br />

l’utilisation des Conférences de groupe<br />

familial pour plusieurs raisons. Il ne s’agit pas<br />

uniquement des soins sans consentement,<br />

mais aussi des soins de santé librement<br />

consentis - il peut être utile de consulter un<br />

réseau plus large. Au sein du système actuel<br />

de soins de santé mentale, cette méthode<br />

peut être utilisée à tout moment lorsqu’il<br />

s’agit de prendre une décision concernant<br />

par exemple une aide que les personnes<br />

n’ont pas sollicitée elles-mêmes, une aide<br />

apportée par des équipes mobiles ou<br />

maraudeurs, dans le cadre de contrats de<br />

soins ou des soins contraints en ambulatoire.<br />

Il peut aussi être utile avant la sortie de<br />

l’hôpital. On peut très bien envisager ces<br />

Conférences de groupe familial pour aborder<br />

tous les sujets, toute question qu’on a dans<br />

la vie - qu’il s’agisse de logement, finances,<br />

santé mentale - pour toute question, on peut<br />

faire appel à l’organisation de Conférences de<br />

groupe familial.<br />

En Nouvelle-Zélande, depuis les années<br />

90, ce principe est inscrit dans la loi sur la<br />

jeunesse. Il ne devrait pas y avoir d’intervention<br />

du gouvernement tant que la famille<br />

n’a pas eu la possibilité de déterminer son<br />

propre plan. Je pense qu’on peut appliquer<br />

cela à la psychiatrie et dire : « On ne devrait<br />

pas envisager d’interventions psychiatriques<br />

sous contrainte si la personne n’a pas eu<br />

la possibilité de faire son propre plan, et<br />

d’identifier ses propres problèmes et ses<br />

propres solutions ». Il ne s’agit pas uniquement<br />

des problèmes de la personne. La personne<br />

doit aussi s’approprier la solution. Personne<br />

ne peut le faire à sa place.<br />

Ces Conférences de groupe familial<br />

ne peuvent pas être organisées par des<br />

professionnels. Elles sont gérées par des<br />

personnes indépendantes qui n’ont aucun<br />

intérêt dans les résultats. L’aspect le plus<br />

difficile en ce qui concerne cette méthode<br />

est de faire en sorte que ces plans soient<br />

ensuite acceptés par les professionnels car,<br />

très souvent, ces derniers ont l’habitude de<br />

dire : « nous savons ce qui est le mieux pour<br />

vous ». Il faut donc vraiment questionner le<br />

système et se battre contre la bureaucratie.<br />

Mais vous avez le droit de vivre votre vie selon<br />

votre propre plan, votre propre volonté. Il y a<br />

donc un fondement juridique pour promouvoir<br />

cette méthode.<br />

Ce modèle a pas mal d’effets secondaires<br />

positifs. Il permet de renforcer les liens entre<br />

les individus, de créer des relations sociales.<br />

On revient aux valeurs traditionnelles du<br />

vivre ensemble. Personne n’est isolé.<br />

Evidemment, cela contribue au bien-être et<br />

redonne aussi le pouvoir entre les mains non<br />

seulement de la personne, mais de toute la<br />

communauté dans son ensemble. Une fois<br />

que les personnes apprennent à se consulter<br />

au sujet des questions les plus importantes<br />

dans leur vie et mettent leurs cartes sur la<br />

table - quand ils l’ont fait une fois, et bien,<br />

ces personnes peuvent réitérer l’expérience.<br />

C’est une expérience d’empowerment pour<br />

toute la communauté. Cette approche de<br />

Conférences de groupe familial a le potentiel<br />

d’opérer un changement culturel dans les<br />

systèmes de soins de santé mentale et dans<br />

la société. Cette méthode représente une<br />

alternative à l’approche basée sur l’incapacité<br />

et les pratiques de soins sous contrainte en<br />

facilitant l’aide à la prise de décision. C’est<br />

également une façon d’identifier les solutions<br />

désirables qui nous permettront d’avancer<br />

sur la bonne voie et nous rapprocher d’un<br />

monde que nous souhaitons tous. Merci<br />

beaucoup.<br />

Joseph Halos : Merci beaucoup pour<br />

votre intervention.<br />

John Jenkins : Bonjour et bienvenue de<br />

166 AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT - 4 ème rencontre internationale du CCOMS (Lille, France)<br />

AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT - 4 ème rencontre internationale du CCOMS (Lille, France)<br />

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