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nouveau dans cette discussion de groupe.<br />

Quand j’ai entendu les conversations,<br />

je me suis dit que notre objectif général<br />

était d’améliorer la santé mentale des<br />

individus, mais aussi d’améliorer celle de la<br />

communauté. Je me disais également, selon<br />

ma propre perspective, une perspective de<br />

40 années au cours desquelles j’ai essayé<br />

de changer le système de santé mentale, il<br />

reste encore trois paradigmes importants qui<br />

rendent les choses difficiles quand il s’agit de<br />

mettre en œuvre les bonnes pratiques dont<br />

nous avons entendu parler ce matin.<br />

Vous avez partagé vos expériences et<br />

nous allons entendre ce que vous faites<br />

pour améliorer la santé mentale, mais il reste<br />

néanmoins un problème fondamental. Nous<br />

avons consacré beaucoup de temps et<br />

d’énergie depuis dix ans au Royaume-Uni,<br />

mais pas uniquement, nous avons tenté de<br />

changer le système, de transformer le système<br />

institutionnel qui a été créé au Royaume-Uni<br />

et en France. Et c’est assez gênant car ce<br />

système a été diffusé partout dans le monde.<br />

Nous avons consacré nos efforts à changer<br />

le système institutionnel au Royaume-Uni,<br />

mais avons-nous vraiment changé la pratique<br />

dans les services ? Avons-nous réussi à<br />

changer le système de pensée ? C’est le plus<br />

important. C’est ce système qui a décidé<br />

que ces gens souffrants étaient si différents<br />

et qu’ils devraient être traités différemment<br />

et regardés différemment par les autres<br />

personnes dans la société. C’est aussi une<br />

croyance propre à ce système que les gens<br />

affectés par un problème de santé mentale le<br />

sont pour leur vie et qu’on ne peut pas faire<br />

grand-chose à part les maintenir dans leur<br />

expérience, la croyance qu’ils n’ont pas de<br />

potentiel de guérison. Bien sûr, dans d’autres<br />

pays, ils ne se sont pas fatigués à changer<br />

le système institutionnel. En réalité, dans de<br />

nombreux pays du monde, le seul effort qui<br />

ait été fourni pour soutenir les personnes a<br />

été l’institution mentale, c’est la seule solution<br />

pour la plupart des patients.<br />

Nous avons travaillé dans des pays<br />

qui n’avaient pas les moyens de changer<br />

les pratiques. Mais quelque part, c’est un<br />

avantage car nous pouvons commencer à<br />

changer la manière de penser en introduisant<br />

certains des éléments que nous avons<br />

entendu ce matin, il a été possible de les<br />

appliquer à l’environnement hospitalier,<br />

institutionnel, mais aussi à la communauté.<br />

Ces principes peuvent être appliqués partout.<br />

Dans le changement du système de pensée,<br />

nous avons entendu parler de l’importance de<br />

la relation entre l’usager et le professionnel.<br />

Quels que soient le traitement ou l’intervention<br />

clinique, et nous savons que certaines<br />

ont montré qu’elles étaient très efficaces,<br />

thérapies psychologiques ou psychosociales,<br />

mais le facteur fondamental qui fait que cela<br />

fonctionne mieux pour certaines personnes<br />

que pour d’autres est la relation de<br />

confiance entre l’usager et le professionnel.<br />

Sans cette relation, parfois la pratique<br />

n’est pas aussi efficace ou ne fonctionne<br />

pas, particulièrement dans les thérapies<br />

psychologiques mais parfois même avec<br />

les traitements médicamenteux. La relation<br />

doit être équitable entre le professionnel et<br />

l’usager, qui doit avoir les informations et le<br />

choix afin qu’une décision commune soit<br />

prise pour une médication efficace sans<br />

effets secondaires trop importants. Il est très<br />

important de se concentrer sur cette relation<br />

et de voir comment la pratique fonctionne<br />

tous les jours, voir comment on se comporte<br />

avec le patient. C’est aussi important que<br />

la thérapie elle-même. C’est pourquoi nous<br />

avons élaboré des solutions pour surmonter<br />

les obstacles de la pensée, de la pratique<br />

et du système. Nous avons donc défini<br />

une approche holistique pour toute la vie,<br />

pour tout le système. Mais évidemment en<br />

faisant ceci, j’ai ouvert la parole à tous ceux<br />

d’entre vous qui souhaitent partager leurs<br />

expériences ou poser des questions.<br />

Intervention du public : Je vais<br />

peut-être lancer le débat, je voudrais poser<br />

une question à Madame Lagueux ou même<br />

à vous-même qui apportez des nuances<br />

différentes à la représentation des usagers.<br />

Ce sont des comités d’usagers que vous<br />

formez, ils ne sont donc pas agréés comme<br />

en France. En France, ils se tiennent dans<br />

des commissions des relations d’usagers et<br />

de la qualité. Pour développer un système de<br />

qualité, il faut passer par cette commission<br />

qui est une commission de concertation.<br />

Mais ce qui est intéressant, c’est que vous<br />

motivez des usagers autour de vous et vous<br />

prenez compte de leurs besoins, de leurs<br />

souhaits et de leur mode d’expression qui<br />

est parfois complexe. En France, on s’appuie<br />

sur des personnes nommées. Il faut avoir<br />

pas mal travaillé pour en arriver là et ça rend<br />

difficile les points de vue différents dans<br />

l’organisation des secteurs psychiatriques. Il<br />

y a une inégalité en fonction des secteurs. On<br />

ne voit pas comment on peut harmoniser les<br />

pratiques de soin, mais aussi avoir envers les<br />

soignants des demandes plus formalisées.<br />

Les modalités de soins ne sont pas les<br />

mêmes. Je ne sais pas si dans d’autres pays<br />

on a la même chose. En France, c’est difficile<br />

d’avoir un porte-parole des personnes. En<br />

Italie, c’était voué à l’échec, et en France, si<br />

on part des mouvements qui existent comme<br />

les GEM, il faut s’inquiéter qu’on ne puisse<br />

pas les utiliser, et il faut se rappeler que le soin<br />

ne se situe pas que dans l’institution mais<br />

aussi, à 80 %, à l’extérieur.<br />

Sylvain d’Auteuil : Si tu me permets<br />

Nathalie, je vais donner mon bout de chemin.<br />

Effectivement, il y a plusieurs leviers d’action.<br />

Chez nous, ce n’est pas différent dans ce<br />

sens que, effectivement, il y a un pouvoir<br />

d’influence à gagner quand on rédige des<br />

politiques de santé mentale, quand on<br />

érige des programmes qui sont davantage<br />

nationaux, quand il y a de grands projets<br />

comme celui du « Logement d’abord » qu’on<br />

essaie d’adopter. Ces trucs-là se forment<br />

de manière nationale et il faut gagner le<br />

siège d’une certaine façon. On l’a fait par<br />

la consultation de nos pairs pour gagner un<br />

respect et une place égalitaire dans les lieux de<br />

décisions. Je parlais ce matin du changement<br />

de pratique, de philosophie. J’aime beaucoup<br />

le changement de la pensée, de la pratique,<br />

du système, mais il y a un levier d’action sur<br />

le terrain. Oui, les personnes peuvent devenir<br />

membres, 80-85 % des gens qui viennent<br />

consulter deviennent membres, ils trouvent<br />

ça la première fois magique et ils veulent<br />

continuer. Mais au-delà de ça, il s’agit tout<br />

simplement de démocratiquement consulter<br />

des pairs qui ne forment pas un comité. C’est<br />

simplement un groupe de discussion sur la<br />

qualité des services et ce dont ils ont bénéficié<br />

pour le rétablissement, ce qu’ils suggèrent.<br />

Par la suite, on amène ça aux décideurs<br />

pour ensemble améliorer les choses par des<br />

programmes de formation, par l’intervention<br />

de médiateurs de santé pairs pour donner<br />

des outils d’amélioration. C’est effectivement<br />

sur le terrain qu’on va changer les choses à<br />

court, moyen et long terme. Les deux leviers<br />

sont importants au niveau des politiques et<br />

des programmes. Je ne sais pas si je réponds<br />

bien à votre interrogation ?<br />

168 AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT - 4 ème rencontre internationale du CCOMS (Lille, France)<br />

AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT - 4 ème rencontre internationale du CCOMS (Lille, France)<br />

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