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stratégie qui consiste à arriver dans un lieu<br />

où les gens ont l’habitude de travailler pour<br />

l’aspect purement technique. Sur le registre<br />

clinique, le centre François Minkowska, dont<br />

je suis le référent médical, organise des<br />

rencontres avec des patients et je pense<br />

qu’on peut servir d’exemple en termes de<br />

lutte contre la stigmatisation ? Je pense que<br />

ça pourrait être utile.<br />

Sylviane Poulet : Bonjour, je suis<br />

coprésidente de l’association d’usagers<br />

qui s’appelle La Popote, et du GEM de<br />

Saint-Girons en Ariège. Ce sujet me touche<br />

beaucoup car depuis peu, on travaille avec<br />

l’UNAFAM et le CHAC pour la semaine de<br />

la santé mentale. Effectivement, ça nous a<br />

amené à présenter aux adhérents un film, je ne<br />

sais pas si vous le connaissez, « Quinze jours<br />

ailleurs ». Du coup, on a eu une expérience<br />

récente de lancer un sujet spécifique dans les<br />

GEM. On a participé à ces travaux avec un<br />

ou deux médecins psychiatres, on a fait des<br />

rencontres et les médecins psychiatres ont<br />

créé un autre lien dans un nouveau contexte.<br />

Je suis d’accord avec Monsieur El Ghozi, au<br />

GEM, on essaye d’oublier sa maladie, mais<br />

en fait on se parle, on sait quand même que<br />

les autres adhérents vivent des souffrances<br />

similaires. Aborder ce sujet-là au niveau<br />

de la relation peut déstigmatiser, il y a des<br />

patients qui n’osent pas forcément poser<br />

des questions. Il y a des choses qui m’ont<br />

interpelée, j’ai toujours le même traitement,<br />

je suis en thérapie depuis trente ans. Je ne<br />

vois mon médecin psychiatre que pendant 20<br />

minutes, il n’y a pas de travail là-dessus pour<br />

savoir ce qui fait que je déprime à certains<br />

moments. Ce sujet, je l’aborde en thérapie,<br />

mais par rapport au traitement, ça ne suit<br />

pas.<br />

Marc Laporta : Ce qui ressort touche à<br />

la méthodologie, nous en avons peu parlé<br />

jusqu’ici, mais je pense que nous parlons de<br />

deux choses. Nous parlons du processus de<br />

discussion avec des intervenants intéressés<br />

et utiles, c’est ce que j’appelle le pré-projet, où<br />

les questions et discussions sur le processus<br />

peuvent être transformées en projet et avoir<br />

un impact, être utiles pour l’OMS. Il faut<br />

un projet pour influencer la structure du<br />

diagnostic dans la pratique et pour modifier<br />

la publication d’une prochaine version de la<br />

classification. Il y a l’aspect immédiat où il y a<br />

des discussions qui peuvent être entreprises<br />

et qui font partie de la construction des<br />

questions que les gens auraient autour du<br />

diagnostic. Ensuite, à partir de là, on pourrait<br />

continuer pour une deuxième phase qui serait<br />

un projet qui aurait une incidence claire sur le<br />

manuel diagnostique. C’est comme cela que<br />

je séparerais ces deux actions.<br />

Hela Ouennich Belhajyahia : Bonjour,<br />

je suis pédopsychiatre en Tunisie et je voudrais<br />

articuler mon intervention autour de trois<br />

points. Par rapport au diagnostic, je trouve<br />

que c’est essentiel d'en parler. Dans tous les<br />

domaines, on doit avoir un état des lieux pour<br />

savoir où nous en sommes. Dans ce sens, il<br />

convient de rappeler qu’il y a eu une évolution<br />

dans les classifications psychiatriques. Avant,<br />

on parlait de la maladie maniaco-dépressive,<br />

maintenant on parle du spectre bipolaire.<br />

Avant, on parlait de schizophrénie, ce qui<br />

stigmatise la personne, actuellement on parle<br />

des troubles psychotiques. Cette nouvelle<br />

nomenclature permet de donner l’occasion<br />

ou l’opportunité à la personne de changer<br />

de statut tout au long de l’évolution de la<br />

maladie.<br />

Par rapport au suivi, le plus souvent, ce<br />

n’est pas lors de la première consultation<br />

qu’on pose le diagnostic d’un trouble<br />

psychotique chronique. C’est souvent après<br />

plusieurs consultations individuelles, après<br />

l’entretien avec les parents, après avoir étudié<br />

le niveau d’insertion sociale, que l’on peut<br />

poser le diagnostic. De même, ce suivi est<br />

intimement lié aux modalités évolutives de<br />

la maladie. On prend l’exemple du patient<br />

étiqueté psychotique chronique. Si, au cours<br />

de l’évolution, il arrive à s’adapter, à avoir une<br />

vie sociale et affective de bonne qualité et<br />

retrouve progressivement un nouvel équilibre,<br />

dans ce cas, il ne sera plus classé dans cette<br />

catégorie diagnostique.<br />

Par rapport au rôle de l’usager en<br />

psychiatrie, le diagnostic est fait avec la<br />

participation active des usagers. En effet,<br />

pour d’autres troubles tels que l’hypertension<br />

artérielle, c’est en mesurant la TA que le<br />

diagnostic est porté, le patient n’a aucun<br />

rôle dans l’établissement du diagnostic.<br />

Par contre, en psychiatrie, pour poser un<br />

diagnostic, c’est à travers le vécu subjectif du<br />

patient, les symptômes rapportés, l’échange,<br />

et le traitement est souvent négocié avec le<br />

patient. Merci.<br />

Massimo Marsili : Il est clair qu’on n’a<br />

pas de conclusion. Je vais quand même<br />

résumer deux choses. On est unanime autour<br />

de l’importance du contexte. En effet, il remet<br />

en question l’évolution car, par définition,<br />

il évolue et change. Je me suis donc posé<br />

la question du changement par rapport au<br />

diagnostic. C’est vrai qu’il n’existe pas de date<br />

de péremption du diagnostic, mais j’aime<br />

bien cette idée. Les êtres humains évoluent,<br />

donc par rapport à une maladie somatique,<br />

la chose essentielle, c’est la liberté humaine.<br />

L’évolution n’est pas naturelle, ce n’est<br />

pas un processus objectif. La subjectivité<br />

humaine est faite des relations, il faut sortir<br />

du contexte médical traditionnel. L’évolution<br />

pathologique n’est pas obligatoire car elle<br />

est en lien avec les relations tissées par<br />

la personne. La liberté humaine modifie le<br />

contexte et les contextes modifient la liberté<br />

humaine, donc c’est une chose sur laquelle<br />

il faut toujours réfléchir.<br />

Alors, comment faire arriver ces<br />

messages à l’OMS ? Sincèrement, je ne<br />

sais pas. Il faut trouver un outil pratique qui<br />

pousse les psychiatres à avoir un certain<br />

comportement. C’est à nous de découvrir<br />

ce qu’il faut mettre dans cet outil.<br />

Deuxième point, la méthodologie doit<br />

être la plus simple possible car c’est<br />

évident que les échanges font la qualité de<br />

la méthodologie et la qualité de la réflexion.<br />

Il faudrait la simplifier en utilisant ce qu’on<br />

a, c’est-à-dire les GEM, les conseils locaux,<br />

et il faudrait faire un petit protocole qui<br />

définit très simplement ce qu’il faut faire<br />

et les délais à respecter. J’ai retenu deux<br />

indications et je pense qu’on peut essayer<br />

de les faire. Merci.<br />

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AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT - 4 ème rencontre internationale du CCOMS (Lille, France) AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT - 4 ème rencontre internationale du CCOMS (Lille, France)<br />

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