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à savoir ce que c’était qu’être sans-abri et<br />

avec des problèmes psychiatriques. Les gens<br />

qui recevaient une formation en citoyenneté<br />

recevaient des soins en santé mentale et on<br />

a découvert qu’on augmentait la qualité de<br />

vie et que cela diminuait la prise de drogues<br />

et d’alcool et augmentait la satisfaction au<br />

travail. On a découvert que les projets en euxmêmes<br />

devenaient une communauté dans<br />

la communauté. Ce n’est pas seulement un<br />

endroit où ils pouvaient aller, c’est devenu une<br />

forme de citoyenneté et de communauté qui<br />

pourrait ensuite aider les mouvements dans<br />

la communauté générale. Nous avons aussi<br />

découvert qu’être étudiant était très valorisé.<br />

Devenir élève était quelque chose d’important<br />

car beaucoup d’entre eux n’avaient pas<br />

vraiment été à l’école. La possibilité de parler<br />

de ce qui se passe de manière ouverte et pas<br />

forcément de leur handicap, mais comment<br />

ils allaient en général en tant que citoyen, était<br />

très important. Nous avons un projet basé sur<br />

la citoyenneté et nous avons découvert que<br />

cela marchait plutôt bien. Mais ce que l’on<br />

ne savait pas, c’était la part de la contribution<br />

des pairs aidant dans ce projet. Nous avons<br />

donc créé un projet en intégrant les pairs pour<br />

aider les personnes en difficulté psychiatrique<br />

qui n’avaient pas de traitement et qui avaient<br />

une histoire de violence ou de menaces de<br />

violence envers eux-mêmes ou les autres.<br />

Nous avons découvert dans ce projet que<br />

les pairs avaient une compétence particulière<br />

pour se connecter. Moins les personnes<br />

étaient engagées dans le processus de soin,<br />

plus la connexion se faisait et plus ils étaient<br />

en mesure de créer des contacts et de motiver<br />

les gens à se traiter et également d’utiliser<br />

les groupes d’autogestion. Les feedback<br />

négatifs donnés aux patients passaient mieux<br />

car c’était des pairs qui leur donnaient : « j’ai<br />

été dans ton cas donc n’essaye pas de me<br />

dire ça, n’utilise pas ces excuses avec moi »,<br />

et les gens vont accepter ça plus facilement<br />

que si c’était un simple soignant.<br />

On avait donc une définition de la<br />

citoyenneté, on savait comment les pairs<br />

pouvaient travailler, mais on ne savait pas<br />

ce que la citoyenneté voulait dire pour les<br />

gens, comment ils définissaient ça sur le<br />

terrain. On avait une définition théorique qui<br />

avait du sens mais il fallait aller plus loin. On<br />

avait des critiques, les gens ne comprenaient<br />

pas de quoi on voulait parler. Quand les<br />

gens entendent citoyenneté, il pense à la<br />

citoyenneté légale, juridique, en fait ce n’est<br />

pas le cas. On ne savait pas ce que les gens<br />

pensaient donc nous avons développé un<br />

instrument de mesure de la citoyenneté. On<br />

a embauché un groupe de pairs chercheurs,<br />

nous les avons formé et ensuite on a été<br />

voir des usagers, des gens qui avaient<br />

eu une rupture sociale et également des<br />

forums avec des gens qui n’avaient pas<br />

de problèmes majeurs. Avec ces groupes,<br />

nous avons trié les différentes données. Il<br />

est apparu que les gens ne parlaient pas de<br />

citoyenneté légale mais ils parlaient de rendre<br />

le sentiment d’appartenance. Nous avions<br />

donc à ce moment la méthode de travail, la<br />

définition de la citoyenneté ainsi qu’un outil<br />

pour la mesurer, mais ce qu’on nous n’avions<br />

pas était une façon d’atteindre plus de 30<br />

personnes par an puisque les interventions<br />

duraient six mois, avec 10 à 12 personnes à<br />

chaque cohorte, nous avions 30 personnes<br />

par an. Alors, nous avons pensé au centre de<br />

santé mentale local qui reçoit plus de 1 000<br />

personnes par an ! Voilà où nous en sommes<br />

aujourd’hui : nous avons des soins orientés<br />

citoyenneté dans notre centre de santé<br />

mentale local et je ne parle pas uniquement<br />

de comment les cliniciens peuvent apporter<br />

un soin clinique et en même temps pourront<br />

parler de citoyenneté une fois de temps en<br />

temps, non on parle de connexion avec des<br />

communautés qui seront intégrées dans des<br />

soins de citoyenneté. Les groupes de soins<br />

orientés citoyenneté sont composés de pairs<br />

aidant, de chercheurs, d’administrateurs, de<br />

cliniciens et nous pensons que la citoyenneté<br />

est quelque chose qui doit être intégrée dans<br />

l’ensemble du centre.<br />

William Guicherd : Je vais passer la<br />

parole aux Invités au festin qui vont nous<br />

présenter un exemple d’empowerment.<br />

Les Invités au festin : Mesdames<br />

et Messieurs, Bonsoir. Nous venons de<br />

Besançon, nous sommes une association<br />

et nous allons essayer de vous la présenter<br />

en tant que structure novatrice dans le<br />

domaine de la psychiatrie citoyenne. Pour<br />

l’OMS, posséder une bonne santé mentale,<br />

de façon synthétique, c’est parvenir à un<br />

équilibre dans tous les aspects de sa vie,<br />

physique, psychologique, spirituel, social, et<br />

économique. Nous avons cherché à voir à<br />

partir de cette définition et en nous inspirant<br />

du concept de psychiatrie citoyenne,<br />

que nous avons proposé et expérimenté<br />

dans l’association depuis plus de 20 ans,<br />

comment l’application des valeurs citoyennes<br />

peuvent réellement influer sur ces différentes<br />

dimensions de la santé mentale. Nous avons<br />

constaté en effet que lorsqu’on entre dans<br />

cette manière d’être et de vivre, on développe<br />

nos capacités et potentialités en relation avec<br />

les autres, nous augmentons nos capacités<br />

d’autonomie et notre empowerment. Nous<br />

montrons donc que ce concept résumé par le<br />

sigle SELF comme Solidarité, Egalité, Liberté,<br />

Fraternité, améliore grandement toutes les<br />

dimensions de la santé mentale. Nous avons<br />

enfin tenté d’extraire un certain nombre de<br />

bonnes pratiques que nous exposerons aussi<br />

dans cette communication.<br />

La fraternité, nous avons besoin de<br />

donner et de recevoir, comme la solitude<br />

empêche parfois de sortir de sa léthargie<br />

ou de son ennui, l’association propose de<br />

multiples activités, chaque personne est<br />

dirigée vers ce qui l’intéresse et on s’aperçoit<br />

que le stress diminue. Les relations naissent<br />

et la confiance s’installe. C’est très important<br />

pour un docteur qui prescrit un médicament<br />

d’instaurer la confiance.<br />

La liberté répondant aux besoins de<br />

s’investir, nous refusons le cloisonnement et<br />

l’assistanat. Cela nous demande plus d’efforts<br />

et notre intérêt trouve sa juste récompense<br />

par une plus libre expression. Nous sommes<br />

reliés les uns aux autres, avoir foi en la vie est<br />

ma sollicitude. Chacun est libre de vivre sa<br />

foi, mais prenons garde à l’exaltation qui nous<br />

conduirait à l’inverse du but recherché.<br />

L’égalité, nous grandissons avec la devise<br />

liberté, égalité, fraternité accrochée en nous,<br />

la stimulation nous pousse à chercher plus<br />

loin et nous empêche de nous mettre à l’écart<br />

de la société. Nous recherchons la psychiatrie<br />

citoyenne car nous sommes des citoyens à<br />

part entière, vivants et debout, nous sommes<br />

actifs et acteurs. Nous tenons une petite<br />

boutique qui permet à des personnes avec<br />

peu de budget de s’habiller et d’équiper leur<br />

appartement. De plus, nous effectuons des<br />

défilés de mode auxquels nous participons.<br />

La solidarité, se réunir pour ne pas être<br />

seul c’est aussi faire connaissance avec<br />

d’autres associations qui cherchent comme<br />

nous à s’investir davantage pour les causes<br />

locales et internationales. Ce sont nos valeurs<br />

humaines qui sont menacées ici et ailleurs,<br />

une personne souffrante dont nous n’aurions<br />

pas pris soin représenterait un échec pour<br />

nous. Nous sommes ouverts à l’altruisme<br />

pour que chacun réussisse et existe.<br />

En ce qui concerne les bonnes pratiques,<br />

la première est de ne pas considérer les<br />

personnes comme des malades, mais<br />

comme des personnes normales avec leurs<br />

difficultés. Qui n’en a pas ? Cela nous permet<br />

de relativiser, il ne faut pas les appeler usager,<br />

ni handicapé, ni patient. Il faut parler de<br />

personne participant ou encore de citoyen.<br />

On a la possibilité d’être soi-même, on est<br />

accueilli et accepté comme on est. On est<br />

mis sur un pied d’égalité avec les bénévoles,<br />

les stagiaires, les salariés ou bien les résidents<br />

pour développer les talents, on travaille sur la<br />

partie saine des patients afin de développer<br />

leurs talents.<br />

La deuxième bonne pratique est être<br />

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AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT - 4 ème rencontre internationale du CCOMS (Lille, France) AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT - 4 ème rencontre internationale du CCOMS (Lille, France)<br />

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