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En ce qui concerne le handicap mental et les<br />

autres maladies chroniques, les médicaments<br />

ne sont pas pris en charge. La crise de l’Etatprovidence<br />

devient une crise majeure dans<br />

le sens où les sans-abris, phénomène que<br />

l’on n’avait jamais rencontré à Athènes ou<br />

dans les grandes villes grecques, sont une<br />

réalité quotidienne dans le pays. Le troisième<br />

point est en rapport avec la santé mentale<br />

et l’exclusion sociale : on constate une<br />

désagrégation du tissu social et un manque<br />

de budgets pour soutenir les services sociaux,<br />

les services de santé et de santé mentale.<br />

Que cela provoque-t-il au niveau chiffres pour<br />

la santé mentale de la population ? En 2008,<br />

au début de la crise, le taux de dépressions,<br />

hommes et femmes confondus, ne dépassait<br />

pas 5,2 %. Actuellement pour 2013, la<br />

dépression a atteint un taux de 12,4 % de<br />

la population générale, ce qui est un saut<br />

considérable. Il y a les lignes pour SOS<br />

Dépression, SOS Suicide, les demandes<br />

sur ces lignes ont augmenté de 120 à<br />

130 %. Le flux des demandes est immense<br />

et la réduction budgétaire concernant les<br />

services santé et santé mentale, a dépassé<br />

le paradoxe majeur : au moment où on a le<br />

plus besoin de services cohérents dans la<br />

communauté, on a une réduction énorme et<br />

on fonctionne en plein centre d’Athènes avec<br />

des ONG comme les Médecins du Monde,<br />

Médecins sans Frontières ou d’autres comme<br />

la mienne. On travaille tous ensemble en<br />

solidarité et en réseau pour gérer cette crise<br />

humanitaire et pour offrir un minimum de soins<br />

aux personnes sans-abri, sans argent et qui<br />

ne peuvent pas payer des soins dans le privé.<br />

C’est une situation que je pourrais qualifier<br />

moi-même, c’est un avis personnel, je pense<br />

que la Grèce devient une sorte de cobaye.<br />

Je ne défends pas la classe politique grecque<br />

ni l’élite grecque. Comment détruire au nom<br />

du néo-libéralisme, un Etat social, la santé<br />

publique en général, pour voir comment les<br />

personnes gèrent ces problèmes et comment<br />

elles peuvent affronter leurs souffrances ? Et<br />

pour terminer, je dirai que le mot « souffrance<br />

sociale » dépasse largement toute catégorie<br />

nosographique ou tout discours psychiatrique,<br />

parce que ce qui est important à prendre en<br />

compte, c’est le manque d’espoir pour la<br />

population. En même temps, on réagit en<br />

créant, dans les municipalités, des réseaux<br />

de solidarité, des réseaux avec l’étranger,<br />

avec des collègues de tous les pays qui<br />

viennent en Grèce pour donner leur soutien,<br />

et on travaille également dans le sens de la<br />

création de groupes d’entraide pour affronter<br />

le phénomène majeur de la dépression.<br />

C’est un phénomène très important de santé<br />

publique et en même temps, on met en place<br />

petit à petit une sorte d’économie parallèle<br />

avec des échanges et des coopératives,<br />

dans le sens où l’on échange des produits et<br />

des services. Cela se passe directement dans<br />

des quartiers d’Athènes. Il y a des réactions<br />

devant ces tempêtes qui bouleversent<br />

totalement l’Etat social et la structure de la<br />

Grèce. Merci beaucoup pour votre attention.<br />

Françoise Askevis Leherpeux : Je<br />

vais vous lire, puisque c’est ma mission,<br />

les recommandations qui sont ressorties<br />

de l’atelier numéro 1, dont le titre est :<br />

« Respect des droits humains et lutte contre<br />

la stigmatisation et la discrimination ».<br />

Nous sommes arrivés à un certain nombre<br />

de recommandations. Partant d’une des<br />

communications, on a bien vu apparaître que<br />

la stigmatisation était présente également au<br />

sein des familles et chez les professionnels de<br />

santé.<br />

Donc, premier axe d’action : agir<br />

auprès des familles et la même chose<br />

pour les professionnels de santé. Les<br />

familles représentées ici sont concernées<br />

et certainement ne stigmatisent pas, mais<br />

on sait que c’est le milieu de vie le plus<br />

stigmatisant pour les personnes.<br />

Deuxième axe : revoir les conditions des<br />

soins sous contrainte et faire intervenir le juge<br />

plus rapidement (le discutant discutera).<br />

Troisième axe : créer des cellules de veille<br />

sur les médias pour pouvoir avoir un regard<br />

sur ce qui se dit ou ce qui se montre dans les<br />

médias.<br />

Quatrième axe : proposer une assistance<br />

légale et juridique aux personnes incarcérées.<br />

Cinquième axe : l’importance de<br />

la dimension interculturelle, former les<br />

personnels de santé à l’interculturel et avoir<br />

des interprètes dans les services de santé.<br />

Ensuite au niveau du langage, essayer<br />

d’éviter de parler de handicap pour parler<br />

plutôt de situations de handicap, avec l’idée<br />

que l’on est pas toujours handicapé mais<br />

que ce sont certaines situations qui sont plus<br />

handicapantes que d’autres. Puis, évaluer<br />

le respect des droits de l’homme dans<br />

les établissements en y faisant participer<br />

les usagers, en se basant sur leur savoir<br />

expérientiel et en se faisant éventuellement<br />

aider des pairs aidants, et veiller au respect<br />

des lois de façon plus générale. Répertorier<br />

et dénoncer les violations, tout cela étant<br />

venu des intervenants dans la discussion.<br />

Prévenir la détention en prison dans le cas<br />

des maladies psychiques, faire tomber les<br />

cloisonnements entre les utilisateurs, les<br />

professionnels et la société en s’appuyant<br />

sur cette citation qui a été rappelée « Tous ne<br />

sont pas concernés par la psychiatrie, mais<br />

tout le monde l’est par la santé mentale ».<br />

Dernière recommandation, venant aussi<br />

d’un intervenant, que les usagers essayent<br />

de sortir, quand c’est le cas, de leur statut de<br />

victime.<br />

Chantal Roussy : Merci Françoise ! Donc<br />

l’atelier deux !<br />

Bertrand Escaig : Le titre de l’atelier<br />

deux était : « Participation des usagers et des<br />

familles aux processus de décisions : politique,<br />

lois, système de soins et évaluation. »<br />

Première recommandation : participation<br />

des usagers et des familles sur le territoire<br />

de proximité, parce que l’on pense que<br />

cette participation dépend des moyens et<br />

ceux-ci varient selon le territoire. Se servir<br />

de la recherche pour aider les familles et<br />

les usagers à mieux connaître la réalité<br />

des besoins sur leur territoire et définir, par<br />

exemple, les contenus des formations, les<br />

cibles, les processus d’évaluation, etc., à<br />

l’image de ce que nous avons entendu ce<br />

matin de la part de nos collègues d’Europe<br />

du Nord qui ont effectivement associé des<br />

équipes de chercheurs aux équipes formées<br />

par les représentants des familles et des<br />

usagers. Je rappelle aussi que la recherche<br />

sert simplement à rendre visible des<br />

phénomènes sociaux qui ne le sont pas, en<br />

tout cas à première vue. La deuxième partie<br />

de cette recommandation est de permettre<br />

aux usagers et aux familles de choisir ellesmêmes<br />

les personnes qui vont travailler dans<br />

le partenariat. Cela veut dire qu’elles ne soient<br />

pas nommées par une autorité extérieure<br />

mais qu’elles soient réellement choisies par<br />

les usagers et les familles eux-mêmes.<br />

La deuxième recommandation fait écho à<br />

ce que nous avons entendu ce matin sur la<br />

vision globale des parcours, « global » voulant<br />

dire, au fond, tous les ingrédients qui font la<br />

vie de chacun. Il y a bien sûr les professionnels<br />

de santé mais il n’y a pas qu’eux, il y a aussi<br />

les travailleurs sociaux. Je rappelle qu’en<br />

France les établissements d’aide par le travail,<br />

par exemple, sont gérés, dans leur grande<br />

majorité, par des associations qui ne sont pas<br />

forcément dans le système psychiatrique.<br />

Donc, il faut effectivement avoir une vision<br />

globale associée aux professionnels de<br />

santé, aux travailleurs sociaux et surtout, et<br />

cela a été bien rappelé aussi, les personnes<br />

qui travaillent dans la ville, c’est à dire tant les<br />

professionnels que les élus locaux puisque<br />

la vie des personnes dont nous parlons se<br />

développe, comme pour tout citoyen, en<br />

premier lieu dans la ville, et je dirais en appui<br />

sur la mairie.<br />

Troisième recommandation : associer les<br />

206 AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT - 4 ème rencontre internationale du CCOMS (Lille, France)<br />

AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT - 4 ème rencontre internationale du CCOMS (Lille, France)<br />

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