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Intervention du public : Puisqu’on<br />

est dans un atelier où on est censé faire des<br />

recommandations, ma recommandation est<br />

vraiment de favoriser la parole de l’usager,<br />

de trouver vraiment tous les moyens pour<br />

mettre en scène cette parole qui est la vraie<br />

préparation à l’action.<br />

Dominique Laurent : Je ne veux pas<br />

accaparer la parole, mais je veux ré-insister<br />

sur la question suivante : comment ces<br />

personnes peuvent avoir l’audace, l’envie<br />

de prendre cette parole ? C’est là tout le<br />

problème. Ils sont combien dehors à ne<br />

pas avoir envie ? C’est vrai que, par le<br />

biais de notre activité, on permet nous à<br />

des footballeurs de prendre la parole, des<br />

comédiens. On leur a donné l’occasion de<br />

prendre la parole lors d’une activité. Peutêtre<br />

que si j’avais pris les gens du théâtre et<br />

que j’avais dit : « tu vas te présenter devant<br />

une classe », je ne pense pas que ça aurait<br />

fonctionné. Là, ils se présentent comme<br />

comédiens et là peut arriver la parole de la<br />

personne souffrante, c’est une expérience<br />

assez rare mais qui fonctionne.<br />

Stéphanie Wooley : Ce qui changera<br />

le monde, c’est le jour où des personnages<br />

connus, comme vous le savez, des acteurs,<br />

des comédiens, des footballeurs sortent du<br />

placard et disent : « Oui, moi aussi et alors ? ».<br />

Les gens vont s’identifier à eux. C’est le cas<br />

dans d’autres pays, on voit des acteurs, on<br />

voit bien l’impact qu’ont eu les déclarations<br />

des personnes connues dans le domaine<br />

du Sida. Le jour où on a le même impact,<br />

où les gens n’ont plus honte ou ne sont plus<br />

stigmatisés en parlant de leur problème de<br />

santé mentale, ça va changer aussi le regard<br />

des usagers qui auront le courage, grâce à<br />

ces modèles. C’est vraiment important en<br />

France d’encourager cette ouverture.<br />

Ken Thompson : Je voudrais juste faire un<br />

commentaire très bref là-dessus. Une partie<br />

du problème est due au fait que la société doit<br />

comprendre que ces processus d’exclusion<br />

sociale, et je pense que c’est vraiment<br />

un concept français, font partie de notre<br />

manière de fonctionner en tant que société.<br />

Ce processus crée beaucoup de groupes<br />

différents de personnes, dont les personnes<br />

avec des troubles psychiatriques. Je pense<br />

même que ce processus crée des troubles<br />

psychiatriques. Il faut dire que, vous-mêmes,<br />

vous produisez votre problème, vous-même,<br />

vous excluez et vous les empêchez d’être<br />

qui ils sont et de contribuer à la société. Le<br />

dilemme, c’est que, clairement, la société<br />

telle qu’elle existe aujourd’hui peut continuer<br />

à créer de l’exclusion sociale, et rendre très<br />

difficile pour les gens d’avoir l’opportunité<br />

d’être eux-mêmes et d’exprimer leurs<br />

capacités. C’est la raison pour laquelle le<br />

point le plus important de nos indicateurs doit<br />

être de faire entendre la voix, faire entendre sa<br />

voix, faire parler leur expérience et qu’on les<br />

écoute. Il faut qu’on arrive à protéger ça. Si<br />

on y arrive, les gens pourront avoir une place<br />

dans la société, et l’exclusion commencera<br />

à diminuer. Je ne suis pas sûr que la voix<br />

de l’usager soit suffisamment protégée. Un<br />

dernier commentaire là-dessus, nous, en<br />

tant que société, devons comprendre que les<br />

difficultés psychologiques, la vie de l’esprit,<br />

les émotions sont une partie importante de<br />

notre caractère humain. Cela sera un jour ou<br />

l’autre mis au défi pour certains voire chacun<br />

d’entre nous. C’est un élément fondamental<br />

de la vie humaine. Ce n’est pas quelque<br />

chose qui doit être effacé, honteux ou rejeté.<br />

C’est quelque chose qui doit être accepté,<br />

travaillé et discuté dans nos vies.<br />

Vincent Demassiet : Je me permets<br />

juste car on m’a donné le micro ! Je voulais<br />

juste dire que la déstigmatisation doit déjà<br />

commencer auprès des usagers de santé<br />

mentale. Il est important de leur montrer qu’ils<br />

sont des gens normaux. Pour ça, il y a des<br />

tas de choses, il y a des témoignages pour<br />

leur redonner confiance en eux et qu’ils osent<br />

aussi après aller vers l’extérieur et se montrer,<br />

aller dans la rue et dire : « Nous sommes<br />

des gens qui existons, nous avons peut-être<br />

quelques problèmes par moment mais nous<br />

sommes normaux ». Moi, je dis que pour<br />

déstigmatiser, rien de tel que montrer qui<br />

sont les fous entre guillemets, c’est à dire<br />

que moi, je n’ai plus peur maintenant de<br />

m’afficher comme étant un ancien usager,<br />

pour montrer tout simplement par mon<br />

témoignage que je suis quelqu’un de normal,<br />

de respectable et que même si j’ai une<br />

étiquette de schizophrène et bien, on peut<br />

me croiser, me dire bonjour, je ne suis pas un<br />

fou dangereux, qu’il ne faut pas avoir peur<br />

de moi. J’essaye de le faire au maximum<br />

dans la cité, mais il est nécessaire de le<br />

faire auprès des usagers eux-mêmes, car<br />

ils souffrent et ils s’auto-stigmatisent. Si on<br />

veut que ces usagers prennent le pouvoir et<br />

aillent dans la cité pour parler, il y a différents<br />

moyens, foot, théâtre, c’est très bien. Mais<br />

pour qu’ils osent parler et se montrer, il faut<br />

une lutte contre l’auto-stigmatisation et il<br />

faut aussi que les institutions nous aident à<br />

pouvoir nous exprimer, à nous montrer. Il y<br />

a les semaines pour la santé mentale, c’est<br />

magnifique car les communes nous ouvrent<br />

les portes et on a des retours dans les villes<br />

où on a le droit d’intervenir, où les gens<br />

disent : « Ah bon, c’est ça un schizophrène ?<br />

Vous n’êtes pas des fous, vous êtes en<br />

liberté ? », « Bah oui, je suis en liberté, je<br />

ne suis pas dangereux, je suis intégré dans<br />

la société ». C’est comme ça qu’on peut<br />

casser les images, la force du témoignage<br />

d’usagers eux-mêmes, je crois qu’il n’y a<br />

rien de mieux. Mais il faut qu’on nous ouvre<br />

les portes et qu’on puisse nous permettre de<br />

nous exprimer dans de bonnes conditions.<br />

Trop souvent, moi je le vois quand je veux<br />

m’exprimer, on dit « Alors ok, vous êtes un<br />

usager, mais alors votre médecin, il est où ?<br />

Vous êtes accompagné ? Il y a quelqu’un<br />

pour vous faire une injection au cas où ? ».<br />

Il faut aussi faire une éducation au niveau<br />

des communes, quand on dit la population,<br />

c’est d’abord les gens qui peuvent donner<br />

l’accès à l’information, c’est d’abord eux<br />

qu’il faut éduquer, je crois que c’est ça qui<br />

est important.<br />

Intervention du public : Je voulais<br />

simplement dire deux choses à propos de<br />

mon expérience personnelle, je pense que<br />

c’est le bon contexte pour le faire. Moi, j’ai<br />

souffert de dépression très longtemps et<br />

j’ai eu la chance de travailler avec le centre<br />

de santé mentale à Trento. Quand j’ai<br />

commencé à souffrir de la dépression, mon<br />

espoir et ma confiance n’existaient plus.<br />

Puis j’ai participé au processus de « Faire<br />

ensemble ». C’est un processus très lent, très<br />

humble et j’ai commencé à reprendre espoir.<br />

C’est très émouvant pour moi de parler de<br />

ça. J’ai commencé à réaliser que j’avais des<br />

ressources au fond de moi-même et c’est<br />

cette approche qui me l’a appris. Aujourd’hui,<br />

je dis que cette approche est la bonne car<br />

sans ces gens qui vous entourent et qui ne<br />

stigmatisent pas, qui ne vous disent pas que<br />

vous êtes malades mais qui vous acceptent,<br />

qui voient en vous le côté positif et ça permet<br />

de réaliser qu’on peut y arriver. Je pense que<br />

cette approche du « Faire Ensemble » est la<br />

meilleure en santé mentale.<br />

Intervention du public : J’hésitais à<br />

prendre la parole mais, en même temps, je<br />

suis heureuse de pouvoir rebondir sur ce que<br />

Madame vient de dire. Je me demandais si<br />

finalement j’allais prendre la parole parce que...<br />

En fait, ici, j’avais pris quelques petites notes,<br />

mais je trouvais que c’était un foisonnement<br />

d’idées, une expérience assez extraordinaire<br />

de pouvoir rencontrer des gens avec des<br />

expériences diverses et de les partager. Je<br />

me disais, mais ça va devenir quoi après ? Ce<br />

que j’avais envie de dire, c’est que Dominique<br />

Laurent a parlé des personnes qui étaient<br />

comédiens, footballeurs et qui finalement euxmêmes<br />

rencontrent des difficultés dans leur<br />

vie. Ils sont mis dans la lumière de par leur<br />

métier et, finalement, cette lumière, chacun l’a<br />

en soi. Tout le monde, à un moment donné,<br />

peut avoir un accroc dans la vie, peut se<br />

retrouver avec un caillou dans la chaussure et<br />

ça arrive à tout le monde. Je crois que chacun<br />

a des ressources et cette lumière qu’il peut<br />

partager. C’est un peu ce qui se passe ici.<br />

200 AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT - 4 ème rencontre internationale du CCOMS (Lille, France)<br />

AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT - 4 ème rencontre internationale du CCOMS (Lille, France)<br />

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