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d’évaluer la qualité de ses services par<br />

rapport aux droits internationaux en utilisant<br />

le programme QualityRights, on va trouver<br />

les violations des droits des usagers en<br />

service, il faut trouver un endroit où le patient<br />

se sent en sécurité et pas un endroit où il<br />

va être torturé. De l’autre côté, pour qu’ils<br />

puissent réagir, il faut qu’ils connaissent les<br />

instruments juridiques applicables qui ne sont<br />

pas utilisés. Il faut qu’ils aient la possibilité de<br />

connaître leurs droits, qu’ils aient le droit de<br />

parler et d’être écouté, il faut avoir le choix,<br />

la même chose pour les familles. Je ne sais<br />

pas comment ça se passe ici en France, mais<br />

je pense que ça doit être la même chose, la<br />

plupart des familles ont peur de parler aux<br />

professionnels parce qu’elles pensent que ça<br />

va être pire pour leur proche. La plupart des<br />

professionnels n’étaient pas au courant. Ils<br />

n’étaient pas méchants, ils n’étaient pas au<br />

courant, ils étaient ignorants. Ils ont dit merci<br />

d’être venu ici et de nous avoir expliqué ça.<br />

Je ne veux pas dire qu’il n’y en a pas d’autres<br />

qui disent : « Quels droits humains ? Il a des<br />

hallucinations, il est paranoïaque, quels droits<br />

humains ? Il n’a pas de droits. ». Mais en<br />

utilisant cet outil pour évaluer la qualité, on<br />

arrive à faire beaucoup de choses en même<br />

temps. On trouve l’évaluation, on peut utiliser<br />

un avocat pour se mettre contre l’hôpital, c’est<br />

l’Etat qui est responsable. Deuxièmement, les<br />

patients, les familles apprennent leurs droits<br />

et savent ce qu’il faut faire. De l’autre côté,<br />

les professionnels apprennent aussi leurs<br />

obligations, ils savent que, parfois, il faut qu’ils<br />

aient peur. C’est normal, ils font peur aux<br />

patients donc il faut qu’ils aient peur aussi.<br />

Savoir des choses, c’est une force. Vous<br />

pouvez utiliser le programme QualityRights, il<br />

y a une solution et la qualité est liée avec les<br />

droits, il ne faut pas l’oublier. Tous les autres<br />

indicateurs, c’est bien bon, mais parfois, il<br />

faut être beaucoup plus combatif. Merci.<br />

Marie-Josée Palmade : Je suis<br />

présidente de l’association Espoir Ariège<br />

depuis 2000 qui gère des services<br />

d’accompagnement (SAVS-SAMSAH) et des<br />

appartements pour des adultes fragilisés par<br />

des troubles psychiques et souhaitant vivre<br />

dans le milieu ordinaire. L’association parraine<br />

également un GEM. Je suis aussi présente<br />

parmi vous en tant qu’usager parent d’un fils<br />

de 43 ans souffrant de schizophrénie. Depuis<br />

sept ans, j’ai été mandatée pour représenter et<br />

défendre les droits des personnes en situation<br />

de handicap à la MDPH de l’Ariège au nom<br />

d’Espoir Ariège. Ces différentes fonctions me<br />

permettent d’être près de nombreux usagers,<br />

d’aller au-devant d’eux, car notre association<br />

s’est donnée comme mission de suivre les<br />

usagers dans leur parcours.<br />

Nous constatons qu’un grand nombre<br />

de personnes ayant des orientations vers<br />

des services type SAMSAH ou SAVS ne se<br />

présentent pas, et pour cause, au moins<br />

5 % d’entre elles se retrouvent en prison ! La<br />

majorité d’entre elles sont soit en errance,<br />

soit cloitrées dans leur appartement, dans<br />

l’indifférence générale. Des familles dans la<br />

désespérance se rapprochent de nous, en<br />

quête de soutien. Force est de constater<br />

que le réseau ne marche pas. Que faire ?<br />

À qui la faute ? J’entends bien l’intervention<br />

précédente du médecin, je suis d’accord<br />

« l’Etat est responsable », mais pas que...<br />

Au quotidien, nous constatons que les<br />

interventions auprès des personnes sont<br />

trop morcelées, mais les responsabilités<br />

sont partagées. Pour parvenir à trouver des<br />

solutions, ne faut-il pas se rassembler ? En<br />

restant isolés, avec des pratiques privilégiant<br />

nos egos, nous ne parviendrons à rien.<br />

C’est pourquoi des associations gestionnaires,<br />

dans la philosophie des associations<br />

Espoir Ariège, Croix Marine, GALAXIE ont<br />

cherché à se regrouper et fonder la Fédération<br />

AGAPSY avec pour objectif d’être force de<br />

propositions face à l’Etat. Comment faire face<br />

à la résistance au changement ? Comment<br />

réactiver un travail en réseau aujourd’hui<br />

déficient ? Ce constat a été relevé à deux<br />

reprises dans vos interventions, c’est une<br />

réalité de terrain généralisée en France.<br />

Suite à un travail de quinze années,<br />

nous avançons seulement à petits pas,<br />

nous sommes convaincus qu’une des clés<br />

essentielles pour vaincre la résistance au<br />

changement, c’est la parole qui est donnée<br />

aux usagers. Une des solutions apportées a<br />

été la mise en place de séances privilégiant un<br />

travail en transversalité réunissant les usagers,<br />

les familles, les professionnels du médical<br />

et du médico-social et la MDPH. Grâce<br />

au soutien de psychiatres ou d’infirmiers<br />

convaincus, tous très investis dans les<br />

processus de rétablissement, les prises de<br />

parole et les compréhensions réciproques ont<br />

évolué très positivement. Après une dizaine<br />

de séances très fructueuses qui mobilisaient<br />

entre vingt et quarante personnes, nous<br />

avons dû malheureusement interrompre ces<br />

pratiques faute de financement.<br />

Comment faire pour généraliser ces<br />

pratiques et financer des interventions de<br />

professionnels compétents et convaincus<br />

qui seraient à nos côtés ? La défense des<br />

médecins est essentielle... Surtout parce<br />

que le grand public et nos politiques ont<br />

encore une vision trop sécuritaire de notre<br />

problématique, centrée sur le registre de la<br />

peur. Nous devons nous rapprocher des<br />

médecins et des professionnels convaincus<br />

qu’il reste encore des solutions à trouver.<br />

C’est ce travail de fourmi que nous devons<br />

poursuivre ensemble. Vous êtes là pour nous<br />

donner le chemin.<br />

Je vous remercie.<br />

Joseph Halos : Je souhaite intervenir<br />

personnellement, en tant que directeur<br />

d’établissement, pas en tant que président de<br />

séance. Réagir sur le concept de non-respect<br />

des droits, le reprocher aux établissements, il<br />

faut faire très attention à ça. Car la tentation<br />

est ensuite de faire le hérisson chacun de<br />

son côté : « Oui, vous n’êtes pas bons, vous<br />

enfermez, vous internez. ». Il est vrai que,<br />

quand je discute dans les assemblées avec<br />

les magistrats dans le cadre de question de<br />

l’application de la nouvelle loi sur les soins sans<br />

consentements, la vision que nous donnons<br />

à l’extérieur, nous établissements, c’est d’être<br />

en fait des hospitaliers. C’est l’hospitalisation<br />

et, principalement dans l’esprit, c’est une<br />

hospitalisation sans consentement. Or , 80 %<br />

de l’activité n’est pas de l’hospitalisation.<br />

L’hospitalisation représente rarement 20 %,<br />

souvent moins. Donc, notre volonté à tous<br />

est de se projeter vers l’extérieur, être en<br />

communauté, en externe. Je lance souvent<br />

l’idée de, finalement, faire de l’hospitalisation<br />

une alternative aux soins. Ça, c’est un<br />

changement de mentalité, changer les idées,<br />

changer la façon dont nous nous voyons.<br />

En ce qui concerne l’évaluation, ce qui est<br />

dommage à nouveau, c’est la crainte que j’ai<br />

chaque fois quand on en parle. On transforme<br />

l’évaluation en contrôle. Ce qui est terrible,<br />

quand on parle d’outils, je comprends le désir<br />

d’avoir un outil d’évaluation, mais ne devonsnous<br />

pas le construire nous-mêmes ? Il<br />

faut penser que les outils que certains ont<br />

fabriqués ne vont pas être complètement<br />

adaptés à ma propre activité et l’appropriation<br />

n’est donc pas forcément bonne, quand<br />

bien même la participation des usagers est<br />

absolument fondamentale. Rappelons que<br />

nous sommes soumis à la Haute Autorité de<br />

Santé. Ce qui serait intéressant quand même,<br />

je pose la question aux professionnels et<br />

même aux usagers : connaissez- vous le rang<br />

de l’établissement dans lequel vous vous<br />

rendez ? Dans lequel vous travaillez ? Dans<br />

lequel vous êtes soignés ? Savez-vous s’il<br />

est bien évalué ou pas ? Savez-vous même<br />

qu’il y avait une Haute Autorité de Santé qui<br />

a environ 200 ou 300 critères pour évaluer<br />

les établissements, le management, le soin,<br />

la pratique ? Finalement, les évaluations que<br />

l’on a sur les services extérieurs ne sont pas<br />

encore au meilleur niveau, mais quand même<br />

utilisons les éléments positifs. Nous sommes<br />

soumis aussi au contrôleur général des lieux de<br />

privation de liberté. C’est une autorité originale<br />

qui s’impose et qui vient nous dire, le cas<br />

échéant, « ce que vous faites n’est pas bien ».<br />

Il vient nous le dire d’une manière autoritaire si<br />

nous sommes dans la maltraitance.<br />

174 AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT - 4 ème rencontre internationale du CCOMS (Lille, France)<br />

AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT - 4 ème rencontre internationale du CCOMS (Lille, France)<br />

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