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se passe ailleurs.<br />

J’ai beaucoup aimé entendre ce qui<br />

se passe en Angleterre, j’ai rencontré une<br />

personne de Grèce aussi, il faut s’enrichir de<br />

ce qui se passe ailleurs. On parle du Québec,<br />

ça a l’air bien beau aussi mais non, ça ne<br />

va pas bien partout, il faut s’enrichir et c’est<br />

comme ça qu’on peut y arriver. Et avant<br />

tout il faut qu’on se considère comme des<br />

personnes. Merci.<br />

Intervention du public : Je vais<br />

aller un peu dans le sens de Monsieur, en<br />

écoutant attentivement les débats, on se rend<br />

parfaitement compte qu’il y a encore ceux qui<br />

sont du côté de la seringue et ceux qui sont<br />

de l’autre côté, chacun avec ses codes. En<br />

occident, il y a une certaine valorisation du<br />

diplôme supérieur, et c’est quelque chose que<br />

l’on fait valoir comme un capital, et tant que<br />

cet état d’esprit perdurera, ça ne marchera<br />

pas. Entre celui qui va consulter et le psy, il<br />

n’y a pas de relation égale. J’ai eu la chance<br />

d’être formé et j’admire beaucoup l’équipe de<br />

Bonnafé qui était communiste et à l’époque<br />

ça voulait dire quelque chose, ils avaient<br />

un engagement. Toute l’équipe, jusqu’à<br />

celui qui balayait était main dans la main,<br />

et quand ils ont été obligés de quitter l’asile<br />

car les allemands arrivaient, et ils ont donc<br />

pris tout le monde, les malades, soignants,<br />

et résistants. Je trouve qu’il y a des choses<br />

à faire, actuellement on est en régression, je<br />

ne sais pas pourquoi. On est revenu à une<br />

psychiatrie codée. Je trouve ce colloque<br />

intéressant, mais il reste très traditionnel, tant<br />

qu’il n’y a pas une remise en question des<br />

deux camps, que les psychiatres pensent un<br />

peu moins avec leur tête et un peu plus avec<br />

leur cœur, et que les malades arrêtent de se<br />

victimiser et prennent le pouvoir, il n’y aura<br />

pas de changement.<br />

Intervention du public : Je promets à<br />

mon retour de ne pas parler de stigmatisation<br />

et de discrimination à mon médecin, sinon il<br />

va se dire « vous parlez de stigmatisation c’est<br />

donc que vous devez vous sentir mal aimé,<br />

mal accepté » et quelque part ça peut passer<br />

pour une forme de pathologie. Je pense qu’il<br />

ne faut pas trop confondre la stigmatisation<br />

et les pathologies habituelles, mais on peut<br />

tous se poser la question de la stigmatisation.<br />

Est-ce que c’est simplement le fait de parler<br />

de quelque chose qui vous a fait souffrir ? Ou<br />

est-ce quelque chose qui est naturel à votre<br />

pathologie ?<br />

Je voulais dire que c’est vraiment pénible<br />

de voir le médecin marquer sur une feuille<br />

envoyée à la Maisons départementales des<br />

personnes handicapées, de voir marquer que<br />

j’entends des voix, j’ai l’impression qu’il met<br />

un peu ce qu’il a envie de mettre et ce qui<br />

l’intéresse, c’est de passer à autre chose.<br />

Jean-Marc Legagneux : Bonjour, je<br />

suis usager d’un peu tout et n’importe quoi.<br />

Je suis membre des Nomades Célestes à<br />

Marseille et je voulais rebondir sur l’avant<br />

dernière intervention concernant le statut de<br />

victime dans lequel les gens sont enfermés<br />

par le système de soin et par eux-mêmes<br />

aussi. Je pense qu’aujourd’hui, comme disait<br />

Ron Coleman, le pouvoir ne se donne pas,<br />

il se prend, et pour le prendre il va falloir à<br />

un moment donné sortir du statut de victime.<br />

Je m’adresse à mes pairs, c’est quelque<br />

chose qui est déjà en route, mais surtout aux<br />

soignants et chercheurs qui le font de façon<br />

beaucoup plus subtile. On arrivera à lutter<br />

contre la stigmatisation le jour où le système<br />

de soin arrêtera de considérer les gens<br />

comme des victimes et je pense que c’est<br />

dans l’hôpital qu’est la clé de la prise en main<br />

par les personnes de la représentation dans<br />

la société.<br />

Gilles Ducloy : Bonjour, je travaille<br />

depuis 30 ans en psychiatrie. J’ai été formé<br />

par Ron il y a quelques années et aussi par<br />

Nathalie Lagueux. Je trouve qu’il y a quand<br />

même une spécialité un peu française qui<br />

est de ne jamais être content quoi ! Dans<br />

nos équipes, il y a des aidants, des usagers,<br />

des gens qui entendent des voix, qui aident<br />

d’autres patients. Si je répertorie l’évolution<br />

en 30 ans, ça change quand même. Il faut<br />

éviter de caricaturer et de tout opposer tout<br />

le temps.<br />

Catherine Boiteux-Rique : Catherine<br />

de Paris. Je pense que c’est tout le système<br />

de santé, c’est-à- dire les hôpitaux, les<br />

directeurs et l’administration qu’il faut<br />

reprendre, car maintenant il y a l’opportunité<br />

des fois de signer des conventions avec les<br />

agences régionales de santé. Je pense que<br />

c’est à ce niveau-là aussi que les choses<br />

peuvent être transformées, si les pouvoirs<br />

publics entendent cette transformation. Il y a<br />

quelque chose à faire pour modifier la loi et il<br />

faut fédérer un grand nombre de personnes.<br />

Dans un second temps je voudrais vous<br />

parler de la proximité, la mobilisation civile,<br />

c’est très important pour travailler sur la<br />

stigmatisation. En France, nous avons les<br />

Semaines d’information sur la santé mentale<br />

dans les collectivités locales, et ce sont<br />

des prémices qui devraient se développer<br />

de manière plus importante. Les GEM<br />

permettent aussi de jouer sur la proximité.<br />

Le troisième point serait de s’occuper des<br />

personnes malades en prison. Il faut qu’on<br />

travaille sur un système de prévention plus<br />

efficace pour avoir moins de malades en<br />

prison.<br />

Tim Greacen : Oui, c’est sûr que la prison<br />

n’est pas bonne pour la santé.<br />

Matthieu Delaunoy : Bonjour, je viens<br />

de Belgique, je suis accompagnant en<br />

milieu institutionnel et j’aurais aimé parler<br />

de la stigmatisation dans ce milieu et de<br />

ses conséquences dramatiques. On a vu<br />

arriver des personnes qui étaient passées<br />

dans différents hôpitaux psychiatriques et<br />

à qui on avait attribué une case, et qu’on<br />

empêche d’avoir des émotions. Par exemple,<br />

une personne, en milieu ouvert ou fermé,<br />

qui s’énerve pour une raison X, on attache<br />

directement ça aux symptômes de la maladie.<br />

J’ai connu quelqu’un qui était très croyant,<br />

et on lui ajoutait un délire par rapport à ça.<br />

Je vois des personnes qui pourraient avoir<br />

un accès pour l’empowerment, mais qui ne<br />

peuvent pas du fait de la médication et qui<br />

est une conséquence dramatique. On parle<br />

de stigmatisation sociale mais c’est encore<br />

plus dramatique quand elle est pratiquée par<br />

des professionnels.<br />

Hélène Réglé : Je suis animatrice en GEM,<br />

enfin en club thérapeutique précisément.<br />

A propos de la stigmatisation, ça peut être<br />

intéressant de reprendre tout le travail qui a<br />

été fait par la psychothérapie institutionnelle.<br />

Notamment en ce qui concerne la subversion<br />

des statuts soignants-soignés, qui est<br />

concrète dans certaines institutions et qui<br />

continue à être vivante, c’est rare mais ça<br />

existe. Il me semble que ça peut apporter<br />

quelque chose dans la transformation des<br />

institutions souhaitée par le mouvement<br />

recovery et la rendre un peu digeste en<br />

France, où nous avons quand même une<br />

tradition psychodynamique qui n’est pas la<br />

même que celle des fondements du recovery.<br />

Ce n’était pas le même type de militant qui a<br />

initié ce mouvement-là.<br />

Daphné Babin : Bonjour, je fais partie du<br />

Groupe d’Entraide Mutuelle l’Harmonie de<br />

Locminé en Bretagne. Je voudrais vous remercier<br />

d’avoir organisé ce colloque. Différents points<br />

m’interpellent, personnellement je n’ai pas<br />

de problème avec le mot handicap, usager,<br />

etc. Pour moi, je reconnais que ma maladie<br />

ne me permet pas de faire certaines choses,<br />

même si mon identité ne se réduit pas à « une<br />

malade ». Je suis aussi quelqu’un de doux<br />

mais aussi têtue, etc.<br />

Concernant la stigmatisation, il me semble<br />

qu’il y a un clivage entre les personnes<br />

concernées, les professionnels et la société<br />

qui ferme les yeux sur le fait que tout le<br />

monde est concerné par les problèmes<br />

126 AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT - 4 ème rencontre internationale du CCOMS (Lille, France)<br />

AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT - 4 ème rencontre internationale du CCOMS (Lille, France)<br />

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