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Je vous remercie de m’avoir écoutée.<br />

Barbara d’Avanzo : Bonjour, je vais<br />

faire ma présentation en anglais car on m’a<br />

déjà dit que c’était bien mieux de m’écouter<br />

en anglais ! Je vais vous parler d’une<br />

bonne pratique. Enfin, quelque chose qui a<br />

commencé comme étant une très bonne<br />

pratique, mais qui, au cours de l’évolution,<br />

a montré ses limites. Je vous montrerai les<br />

avantages et également les limites de ce<br />

projet. Le projet consiste en une évaluation<br />

de qualité des services de santé en Italie, à<br />

Pistoia, 100 000 habitants, et avec un service<br />

de santé mentale basé dans la communauté,<br />

organisé en deux unités séparées mais<br />

connectées. Tout d’abord, je vais préciser le<br />

lien entre l’empowerment et l’évaluation de<br />

la qualité. Vous allez me poser la question :<br />

quelle est la relation entre les deux éléments ?<br />

Et bien cela dépend de la façon dont vous<br />

interprétez le terme qualité. Dans ce cas, la<br />

qualité ne doit pas être comprise comme<br />

dans l’efficience ou l’efficacité, mais plus<br />

comme une véritable amélioration du service.<br />

Elle doit toujours inclure une amélioration<br />

en termes de représentativité de toutes les<br />

parties prenantes et en termes de démocratie<br />

au sein du service. La qualité doit avoir une<br />

relation claire avec l’émancipation. Quand<br />

on parle de qualité, dans ce cas, on entend<br />

bien entendu la qualité des services, des<br />

interventions, du travail, des professionnels,<br />

ce qu’ils donnent aux usagers. Nous nous<br />

exprimons donc dans le cadre des services<br />

et quand nous parlons d’autonomisation,<br />

nous devons aller au-delà de ces frontières,<br />

il faut élargir la perspective. Les services<br />

sont la première plateforme dans laquelle les<br />

stigmatisations institutionnelles doivent être<br />

éradiquées, c’est une priorité dans le service<br />

car il y a beaucoup de travail à accomplir<br />

dans ce domaine.<br />

La direction nous a demandé de mener<br />

une évaluation avec la participation des<br />

usagers, en particulier les usagers avec des<br />

pathologies lourdes. Il était important d’évaluer<br />

la qualité des services principalement du point<br />

de vue des usagers car nous savons qu’il y<br />

avait beaucoup de différences de point de<br />

vue entre professionnels, familles, usagers,<br />

etc. concernant les aspects importants du<br />

concept de qualité. Les usagers sont souvent<br />

considérés comme incapables de donner<br />

un jugement ou une évaluation pertinente.<br />

Néanmoins, l’évaluation par les usagers est<br />

de plus en plus commune, et nous avons<br />

donc pensé qu’il était important d’avoir cette<br />

expérience.<br />

Le projet se déroulait en quatre<br />

phases : d’abord l’élaboration commune du<br />

questionnaire ; ensuite l’administration de<br />

celui-ci aux usagers identifiés d’après des<br />

critères communs ; ensuite la discussion des<br />

éventuels changements dans les services<br />

selon les résultats des questionnaires ; et enfin<br />

une seconde passation de questionnaire.<br />

Nous avons donc décidé de créer un<br />

« focus group » composé de quatorze usagers<br />

et de deux chercheurs afin de coordonner<br />

ce projet. Il a fallu définir les indicateurs et<br />

la formulation des différents éléments. Ils<br />

étaient très précis afin d’éviter un langage<br />

qui conduise à une perte d’autonomisation<br />

et pour permettre au contraire la clarté, pour<br />

avoir des questions claires. Ce questionnaire<br />

a été élaboré sur cette base et ensuite validé.<br />

Le processus de validation a été très formel,<br />

mais très utile, pas seulement d’un point de<br />

vue méthodologique mais parce qu’il donne<br />

une idée des questions qui ne correspondent<br />

pas aux renseignements nécessaires. Par<br />

exemple, nous avons demandé : « Que pensezvous<br />

des traitements psychologiques ? ».<br />

Cela a entraîné une certaine confusion : on<br />

nous a dit que les traitements n’étaient pas<br />

très répandus, les interventions étant rares.<br />

Beaucoup des usagers n’ont donc pas su<br />

quoi répondre à cette question. Au cours<br />

de la procédure de validation, nous avons<br />

pu mieux comprendre la pertinence de<br />

certaines questions et le fait que certains<br />

résultats doivent être analysés prudemment.<br />

Les usagers ont été formés à la passation<br />

du questionnaire et il a été administré par les<br />

usagers et les professionnels. Il faut préciser<br />

que cette étude a été menée dans une région<br />

montagneuse et certains logements sont<br />

difficiles à atteindre, c’est pourquoi nous<br />

avons dû nous appuyer sur l’aide de ces<br />

différents professionnels. Cette phase a été<br />

achevée début 2010.<br />

Nous n’avons pas eu de contrôle sur la<br />

seconde phase, la phase de discussion, et<br />

nous n’avons pas été réellement informés<br />

de la manière dont cela avait été organisé<br />

ni sur les changements apportés suite aux<br />

discussions. Par la suite, nous avons suivi la<br />

même procédure avec le même questionnaire<br />

deux ans après.<br />

Concernant les résultats, les répondants<br />

ont eu tendance à répondre de manière<br />

positive, dans le sens ce qui est attendu<br />

et désirable. Ce risque peut être limité par<br />

un choix adéquat des indicateurs. Il nous<br />

a fallu prêter une attention particulière aux<br />

évaluations négatives et les comparer selon<br />

les items.<br />

Nous avons collecté 204 questionnaires<br />

dans la première étude et 199 dans la<br />

deuxième. Rapidement, nous avons quelques<br />

10 % d’évaluations négatives concernant la<br />

relation avec les professionnels. À propos des<br />

effets des interventions, il y avait entre 14 % et<br />

17 % d’évaluations négatives concernant le<br />

traitement des addictions, du rétablissement<br />

professionnel et de l’emploi aidé (mais<br />

cela a atteint 40 % en 2012 concernant le<br />

rétablissement professionnel), avec un niveau<br />

plus élevé pour les groupes d’entraide (26 %).<br />

Concernant l’information sur les drogues et la<br />

maladie : environ 30 % des participants ont<br />

déclaré qu’elle était insuffisante dans les deux<br />

cas. La possibilité de choisir ou de changer<br />

de professionnel : plus de la moitié ont dit que<br />

c’était impossible.<br />

Il y a eu de très bons scores concernant<br />

les compétences des psychiatres et des infirmières.<br />

Il n’y a pas de différences significatives<br />

entre les deux sondages.<br />

En résumé, la qualité a été perçue comme<br />

étant relative. Je ne vous ai pas vraiment<br />

permis d’apprécier ce qui justifie cette<br />

évaluation, mais on a eu une appréciation<br />

modérée.<br />

On pense qu’il y a eu des progrès dans<br />

certains centres, mais dans d’autres, aucun<br />

n’a été accompli. Nous avons obtenu de<br />

très bons scores dans le domaine des<br />

compétences des professionnels, mais il<br />

nous faut nous poser la question de savoir s’il<br />

s’agit de l’efficacité de ces professionnels ou<br />

la perception supposée de leur compétence.<br />

L’efficacité elle-même est rarement mesurée<br />

dans une évaluation de la qualité, et il s’agit<br />

là d’une limite, car la question de l’efficacité<br />

d’un suivi sur la santé et la vie d’une personne<br />

devrait être systématiquement posée, nous<br />

devrions toujours évaluer cela. Nous avons<br />

tenté de mener cette évaluation, nous<br />

n’avons obtenu que très peu de satisfaction,<br />

très peu de progrès. Les grands problèmes<br />

ont porté sur les temps d’attente, les effets<br />

secondaires et les groupes d’entraide.<br />

Pourquoi les groupes d’entraide n’ont pas<br />

marché? Car leur création vient d’en haut :<br />

ce sont les professionnels qui avaient décidé<br />

qu’il était nécessaire de mettre sur pied des<br />

groupes d’entraide et ça n’a pas fonctionné<br />

dans ce service.<br />

Nous pouvons tirer deux enseignements<br />

de cette recherche. Tout d’abord, les résultats<br />

ont montré que même dans un service orienté<br />

vers la communauté, les besoins des usagers<br />

dans des domaines sensibles sont loin d’être<br />

satisfaits. L’information, la communication<br />

et le choix sont cruciaux. Ce sont les bases<br />

sur lesquelles une relation et un traitement,<br />

et tout simplement un échange, peuvent se<br />

construire. Ces aspects appartiennent à la<br />

notion de réactivité, définie par l’OMS et qui<br />

correspond à la qualité de la réaction des<br />

autorités sanitaires concernant les attentes<br />

160 AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT - 4 ème rencontre internationale du CCOMS (Lille, France)<br />

AUTONOMISATION / EMPOWERMENT : AGIR AUTREMENT - 4 ème rencontre internationale du CCOMS (Lille, France)<br />

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