13.07.2013 Views

La main froide

La main froide

La main froide

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

chimies opposées se télescopaient, conduisant la machine au<br />

bord du déraillement. Réprimant un frisson, il se rendit dans la<br />

chambre aux volets clos pour prendre le pouls de l’homme<br />

endormi. <strong>La</strong> respiration était « encombrée », selon la<br />

terminologie médicale, et le visage du banquier présentait une<br />

coloration bleuâtre, annonciatrice d’un début de cyanose. Il<br />

n’était pas rare que les asthmatiques, les « insuffisants<br />

respiratoires » succombent à une OD de somnifères, et cela sans<br />

qu’ils aient eu le moins du monde l’intention de mettre fin à<br />

leurs jours. Smart était en train de prendre ce chemin. Si le<br />

hold-up n’avait pas lieu très rapidement, il mourrait dans son<br />

lit, victime des barbituriques dont on avait saturé son<br />

organisme.<br />

Doc’ se massa le visage du bout des doigts, comme si ce<br />

simple geste allait le débarrasser de l’accablement qu’il<br />

éprouvait. Il avait été trompé par l’apparence du banquier, sa<br />

stature d’homme de fer, de colosse à cheveux gris. Il aurait<br />

pourtant dû savoir que tous les hommes sont fragiles passé un<br />

certain âge, et que même les bûcherons font des infarctus.<br />

Il laissa retomber la <strong>main</strong> d’Adam sur le drap. Les ongles en<br />

étaient bleuâtres, eux aussi. « Hypoxie généralisée »,<br />

diagnostiqua Seth. À peine prononcés, ces mots le mirent hors<br />

de lui.<br />

— Arrête de jouer au toubib ! siffla-t-il entre ses fausses<br />

dents. Avoue enfin que tu n’y connais rien !<br />

Il eut un regard pour le téléphone cellulaire posé sur la table<br />

de chevet. Smart devrait être en état de passer son foutu coup<br />

de fil de contrôle de<strong>main</strong> matin, sinon toute la combine serait à<br />

l’eau. Il faudrait encore lui faire une injection de speed pour<br />

l’arracher aux profondeurs du sommeil artificiel… puis le<br />

rendormir de nouveau, pour éviter qu’il ne s’impatiente et<br />

n’appelle son assureur afin d’obtenir l’envoi d’une navette<br />

médicale. Combien de temps tiendrait-il encore à ce rythme ?<br />

Vingt-quatre, quarante-huit heures ?<br />

Un grattement, en provenance de l’extérieur fit tressaillir le<br />

vieillard. Il y avait quelqu’un dehors. Sous la fenêtre de la<br />

chambre. Quelqu’un qui grattait contre la façade.<br />

221

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!