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La main froide

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Il se réveilla en pleine nuit, en proie à une angoisse<br />

incontrôlable, une certitude de danger absolu et imminent.<br />

Quand il ouvrit les yeux, la chambre était plongée dans les<br />

ténèbres, et il mit un certain temps à comprendre que la<br />

respiration haletante qui résonnait dans ses oreilles n’était pas<br />

la sienne. C’est alors qu’il vit les yeux du chien, au pied du lit,<br />

deux boules phosphorescentes en suspension dans l’air. <strong>La</strong><br />

terreur l’empêcha de bouger. Plus tard, il songea que c’était<br />

probablement cette inertie qui l’avait sauvé de l’égorgement. <strong>La</strong><br />

bête ne bougeait pas. Elle aurait pu être empaillée, sculptée<br />

dans un bloc de charbon. On l’entendait seulement respirer<br />

tandis que sa gueule béante exhalait une odeur de viande.<br />

Dan, toujours nu, les bras le long du corps, ne s’était jamais<br />

senti aussi vulnérable. Il n’osait esquisser le moindre geste de<br />

peur de provoquer une riposte fulgurante de l’animal. Il se<br />

maudit d’avoir oublié de décrocher la passerelle, mais la fatigue<br />

l’avait fauché par surprise, ne lui laissant pas le temps de<br />

s’organiser pour la nuit.<br />

Il n’était pas très difficile d’imaginer ce qui s’était passé<br />

ensuite : Adam Smart, de retour à la maison, avait libéré le<br />

chien qui s’était empressé de courir à la cabane, attiré par<br />

l’odeur de l’étranger. <strong>La</strong> bête n’avait eu qu’à grimper la<br />

passerelle et à soulever le loquet avec son museau pour entrer<br />

dans la baraque. Depuis combien de temps était-elle là, à le<br />

surveiller ?<br />

Dan ne savait que faire. Appeler ? Essayer d’amadouer le<br />

fauve ? Il n’avait guère envie de se lancer dans une telle<br />

entreprise.<br />

Il resta ainsi pendant une heure, à suer sur sa paillasse,<br />

n’osant pas même poser les <strong>main</strong>s sur son pénis exposé. Il avait<br />

entendu dire que c’était toujours à cette partie de l’anatomie que<br />

s’en prenaient les chiens d’attaque, par instinct, parce qu’ils<br />

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