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La main froide

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Adam était entré dans la banque à trente ans. Il avait joué de<br />

sa prestance pour impressionner les riches veuves de San Diego<br />

ou de Beverly Hills et les convaincre de placer leur argent dans<br />

les projets immobiliers de la Trade Ltd. Il avait, paraît-il,<br />

beaucoup payé de sa personne en ces occasions. Mais dix ans<br />

s’étaient écoulés, on murmurait que ses facultés sexuelles<br />

avaient pâti des excès de zèle qui l’avaient propulsé au poste<br />

qu’il occupait présentement. Aujourd’hui, les veuves, d’abord<br />

charmées par ce quinquagénaire aux allures de commandant de<br />

l’US Navy, s’étonnaient de sa tiédeur et de son manque<br />

d’empressement à « concrétiser » des affaires pourtant bien<br />

amorcées. Les jeunes loups des écoles de commerce<br />

commençaient à lui rafler la clientèle sous le nez. Pour aggraver<br />

le tout, voilà qu’il s’était entiché de cet affreux chien dont il ne<br />

se séparait plus, pas même pour se rendre aux déjeuners<br />

d’affaires auxquels le conviait Dick Weston, son patron.<br />

— Il m’a roulée dans la farine, dit doucement Dorana. Il m’a<br />

empêchée de travailler sous prétexte qu’un mannequin doit<br />

toujours quitter l’affiche en pleine gloire, il m’a fait miroiter<br />

l’ouverture d’une boutique sur Rodeo Drive alors qu’il n’avait<br />

pas le premier dollar qu’aurait coûté l’achat du fonds. Il m’a<br />

interdit d’avoir un enfant, arguant du fait que j’étais moi-même<br />

trop immature et que je ne ferais que transmettre mes névroses<br />

au petit… Il m’a menti, pendant des années, tout en tapinant<br />

pour le compte de la banque. Et puis son attitude a changé. Il<br />

est devenu bizarre… de plus en plus distant. Il s’est mis dans la<br />

tête d’acheter un chien et de le dresser, lui qui ne supportait pas<br />

le moindre animal domestique.<br />

Dorana dit tout ce qu’elle pensait de Dust. Elle avait un peu<br />

peur de trop parler, de passer pour une folle ou une hystérique.<br />

Dan écoutait sans rien dire, les <strong>main</strong>s posées sur les accoudoirs<br />

de son fauteuil. Il avait des <strong>main</strong>s quelconques, molles et<br />

courtes, probablement sans force, comme tous les artistes. Au<br />

bout d’un moment il s’agita sur son siège.<br />

— Vous voulez que je tue ce chien ? demanda-t-il. C’est ça ?<br />

Vous pensez que votre mari se prépare à vous assassiner et vous<br />

préférez vous débarrasser du tueur qu’il a choisi pour exécuter<br />

la besogne à sa place ?<br />

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