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La main froide

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j’étais tout prêt à te payer des modèles, au moins j’aurais pu me<br />

rincer l’œil pendant les séances de pose. Mais ça… Ça ressemble<br />

à quoi ?<br />

« À ma peur, faillit lui répondre Dorana. Et à la tête que tu<br />

feras quand tu découvriras que j’ai vidé le coffre de la banque ! »<br />

Arriva enfin le jour de sortie d’Anita, celui pendant lequel<br />

elle récupérait son fils au jardin d’enfants et se consacrait à lui.<br />

Dan attendait ce moment avec impatience. Il savait en effet<br />

qu’une fois Adam Smart parti pour la banque en compagnie du<br />

chien, Dorana serait seule à la maison. Il devrait donc mettre ce<br />

court moment de répit à profit pour lui parler. <strong>La</strong> chaleur,<br />

l’isolement et la tension nerveuse le plongeaient dans un état<br />

d’hyper-réceptivité qui grossissait le moindre bruit et lui rendait<br />

la lumière du jour presque insupportable. Il fit le mort jusqu’à<br />

ce que la voiture de Smart disparaisse dans un nuage de<br />

poussière et que le système de fermeture de la grille fasse<br />

entendre son claquement sourd. Alors il sortit de la cabane pour<br />

traverser la pelouse en direction de la maison. <strong>La</strong> chaleur lui<br />

coupa le souffle, le silence lui parut « haletant », comme dans<br />

un roman de gare. Il eut soudain l’impression que tous les<br />

habitants du voisinage retenaient leur souffle pour l’espionner à<br />

la jumelle, et que des dizaines d’yeux se tenaient braqués sur le<br />

jardin des Smart.<br />

Il se mit pourtant en marche malgré les signes de frayeur que<br />

lui adressait Dorana de l’autre côté de la baie vitrée. Il comprit<br />

qu’elle lui ordonnait de rebrousser chemin, mais il n’en était pas<br />

question. Il en avait assez de jouer les imbéciles et de cuire à<br />

l’étouffée dans sa cabane en planches.<br />

Il entra dans la maison. Dorana vint à sa rencontre, très pâle,<br />

enveloppée dans une sortie de bain en éponge jaune. Elle était<br />

pieds nus, les yeux dilatés par l’angoisse. Elle se plaqua contre<br />

l’un des murs de la salle à manger, là où personne ne pouvait la<br />

voir.<br />

— Tu es fou ! siffla-t-elle d’une voix étouffée. Fiche le camp !<br />

Je t’avais dit de ne jamais chercher à me parler !<br />

— Arrête tes simagrées, coupa Dan en la saisissant par les<br />

épaules. Il est parti. Il n’y a plus personne. Nous sommes seuls.<br />

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