L'homophobie, pas dans ma cour! - GRIS-Montréal
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5.2.2. Les garçons problé<strong>ma</strong>tiques<br />
Un des thèmes que les jeunes évoquent spontanément à travers les discussions<br />
sur l’homophobie, l’efféminement et l’homosexualité est celui<br />
de l’artificialité des comportements (efféminés) de certains garçons. Ils<br />
sont persuadés de l’existence d’un découpage : il y aurait les vrais et les<br />
faux efféminés, les vrais et les faux gais. Ils déplorent ce qu’ils considèrent<br />
être une mise en scène où les comportements sont affectés, loin de l’authenticité<br />
des «vrais garçons».<br />
S’il existe des garçons qui ressemblent véritablement à des filles,<br />
qui sont «naturellement» efféminés, d’autres exagèrent. Ils vont prendre<br />
une voix efféminée alors qu’ils n’en avaient <strong>pas</strong>, ils vont adopter une<br />
gestuelle propre aux filles alors qu’avant, ils étaient «nor<strong>ma</strong>ux». Dans<br />
cette optique, les vrais efféminés et les vrais gais sont plus rares que ce<br />
qu’il n’y paraît, confortant l’idée que certains établissements scolaires<br />
puissent n’avoir aucun gai.<br />
La motivation de ces personnes serait simplement d’attirer l’attention<br />
sur eux. Ainsi, certaines personnes se diraient gaies ou affecteraient<br />
des comportements efféminés pour «se créer un style» ou pour «avoir l’air<br />
intéressant». Ils se «prennent pour d’autres» et ne seraient <strong>pas</strong> «euxmêmes»,<br />
c’est-à-dire un reflet de leur véritable nature profonde – qu’on<br />
suppose correspondant aux stéréotypes de ce qu’un «vrai homme» est.<br />
Cette association avec l’artifice et la volonté d’attirer de l’attention peut se<br />
concevoir même <strong>dans</strong> des scénarios extrêmes :<br />
«Il y en a, pour avoir de l’attention, ils sont prêts à tout…<br />
il y en a qui sont prêts à vouloir se suicider pour avoir de<br />
l’attention, il y en a d’autres qui sont prêts à dire des conneries<br />
pour le faire.» (Ève)<br />
<strong>GRIS</strong>-MONTRÉAL RAPPORT DE RECHERCHE<br />
2007<br />
Dans l’esprit des personnes qui déplorent ce qu’ils considèrent<br />
comme de la non-authenticité, il serait possible – sinon facile – de<br />
distinguer les «wanna be» des véritables gais et efféminés. On se sentirait<br />
ensuite en bon droit de ne <strong>pas</strong> être clément avec les premiers et de<br />
les traiter de gais (notez l’auto-correction pour répondre à un biais<br />
de désirabilité) :<br />
«Quand on voit quelqu’un qui se prend pour quelqu’un d’autre,<br />
parce que ça paraît, je pense qu’on pourrait les traiter de gais. Ben <strong>pas</strong> on<br />
pourrait, <strong>ma</strong>is ça se peut qu’il y ait du monde qui… »(Ève)<br />
Nous avons exploré la variabilité du concept de «vraie» <strong>ma</strong>sculinité<br />
en soumettant à un groupe le cas de la mode des chandails roses qui,<br />
à l’été 2005, a été populaire parmi bon nombre de garçons hétérosexuels.<br />
Les jeunes n’y ont <strong>pas</strong> vu un signe d’artificialité du concept de «vrais»<br />
gars. On a affirmé que ce n’était <strong>pas</strong> un signe d’efféminement, «parce que<br />
c’était une mode». Ainsi professe-t-on l’existence de <strong>ma</strong>rqueurs vestimentaires<br />
féminins chez l’homme, <strong>ma</strong>is on précise ensuite que c’est<br />
«l’attitude» du garçon qui détermine finalement s’il est efféminé ou non.<br />
5.2.3. La valse(hésitation) vers l’ouverture<br />
Dans la compréhension des attitudes à l’endroit des personnes lesbiennes<br />
et gaies – ou supposées telles – il importe d’être à l’affût des nuances et des<br />
tensions, ne serait-ce que par souci de précision. Tout l’héritage analytique<br />
d’autres formes de discrimination nous indique d’ailleurs qu’il y a une<br />
différence entre ce que les gens sont en réalité et ce qu’ils disent être. Dans<br />
un contexte sociohistorique où la possession de préjugés est de plus en<br />
plus décriée, il est attendu que la plupart des gens ne désirent <strong>pas</strong> être<br />
perçus comme étant fermés d’esprit. D’où les nombreux «je ne suis<br />
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