L'homophobie, pas dans ma cour! - GRIS-Montréal
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filles autour, tu peux penser…» (Fabien)<br />
Les cibles du répertoire d’insultes «gaies», cependant, seraient<br />
variées. Certains affirment que les hommes gais en sont effectivement la<br />
cible : «quand la personne est homosexuelle, les re<strong>ma</strong>rques sont plus<br />
méchantes». Cependant, ils ne sont <strong>pas</strong> unanimes à penser ainsi. Plusieurs<br />
insistent davantage sur l’efféminement et la faiblesse comme étant les<br />
«déclencheurs» des insultes. Ce sont donc les «personnes (hommes)<br />
faibles», «qui ne sont <strong>pas</strong> capables de se défendre », qui «se laissent<br />
<strong>ma</strong>rcher dessus» et qui seraient «petites» de taille sur qui tomberaient les<br />
«t’es gai» et «t’es fif» lancés profusément par les autres garçons. Les cibles<br />
seraient également les efféminés, ceux qui s’habillent autrement, ceux qui<br />
sont «différents» et ceux qui «n’ont <strong>pas</strong> la même façon de réagir». Il serait<br />
rare, apparemment, que les filles s’adressent de la sorte à ces mêmes<br />
personnes. L’insulte gaie circulerait donc surtout à l’intérieur du groupe<br />
des hommes.<br />
5.1.8. La figure de la lesbienne<br />
Les jeunes pensent moins spontanément aux femmes quand il est question<br />
d’homosexualité. Lorsqu’ils le font, c’est souvent pour comparer les attitudes<br />
à l’endroit des gais puis à celui des lesbiennes. On y affirme soit,<br />
sourire en coin, sa préférence des lesbiennes – ce qui est souvent le cas des<br />
garçons –, soit son désarroi devant ce double standard – ce qui est cette<br />
fois-ci le fait des filles.<br />
«C’est drôle les gars là il n’y a <strong>pas</strong> de problème avec des lesbiennes.<br />
C’est drôle, c’est super cool être lesbienne, genre : « envoyez, embrassezvous<br />
<strong>dans</strong> un party les deux filles, wooow!! » (applaudissements); deux<br />
gars, excusez, ils se feraient pitcher dehors puis ils se feraient battre lit-<br />
<strong>GRIS</strong>-MONTRÉAL RAPPORT DE RECHERCHE<br />
2007<br />
téralement là. (…) C’est comme rendu cool d’être lesbienne parce que<br />
« ah, une i<strong>ma</strong>ge de deux femmes qui s’embrassent c’est donc ben sexy »,<br />
<strong>ma</strong>is deux hommes non, c’est totalement autre chose.» (Vivianne)<br />
Toutefois, l’i<strong>ma</strong>ge «cool» des lesbiennes n’est <strong>pas</strong> forcément interprétée<br />
comme un statut enviable ou comme la <strong>ma</strong>rque d’un véritable<br />
respect de la part des garçons qui disent les préférer aux hommes gais.<br />
Elle peut davantage traduire une appréciation en tant qu’objet approprié<br />
de désir :<br />
«Oui, c’est ridicule. La plupart des gars vont voir les fi... (lapsus),<br />
les lesbiennes comme des objets, puis c’est quasiment bien que deux<br />
filles soient lesbiennes, comme les partys de gars, la plupart du temps.<br />
Mais deux gais, ça par exemple, c’est dégueulasse.» (Valérie)<br />
Parallèlement à cette représentation des lesbiennes, certaines participantes<br />
ont évoqué et déploré ce qui serait un effet de mode : beaucoup<br />
de filles se disent bisexuelles, s’embrassent et ont des expériences sexuelles<br />
ensemble <strong>dans</strong> le seul but d’exciter et d’impressionner des garçons<br />
qui les observent. Dans certaines circonstances, elles le feraient sur<br />
de<strong>ma</strong>nde expresse de ces derniers.<br />
«Je rencontre beaucoup de filles (…) qui se disent bisexuelles tout<br />
simplement parce que c’est cool. Parce que ça intéresse les gars. Si tu<br />
l’es fondamentalement, ok, c’est super cool que tu t’assumes, <strong>ma</strong>is rendu<br />
à un moment donné… si c’est juste pour attirer les gars pour faire ta<br />
petite « watchez-moi <strong>dans</strong> le party », ça je trouve que c’est rendu à un<br />
autre point.» (Vivianne)<br />
«J’ai vu deux filles se frencher devant un gars juste parce qu’elles<br />
voulaient avoir de l’alcool. Le gars a dit «ok, je vais vous donner<br />
de l’alcool, <strong>ma</strong>is frenchez-vous.» (Karine)<br />
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