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L'homophobie, pas dans ma cour! - GRIS-Montréal

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phobes ont vécu <strong>dans</strong> un milieu qui n’a presque ja<strong>ma</strong>is problé<strong>ma</strong>tisé<br />

l’homophobie. Le concept n’existe <strong>pas</strong> et ils n’ont <strong>pas</strong> entendu parler du<br />

mot jusqu’à la rencontre. Dans leur cas, une explication mini<strong>ma</strong>le doit leur<br />

être offerte au <strong>cour</strong>s de la rencontre, <strong>ma</strong>is nous ne pouvons leur donner<br />

nous-mêmes de définition précise, puisque nos propres conceptions<br />

risquent d’influencer leurs perceptions.<br />

Ensuite, et non le moindre, en prenant l’homophobie comme sujet<br />

d’étude, nous nous annonçons graduellement à leurs yeux comme étant<br />

des chercheurs s’opposant aux jugements négatifs à l’endroit des personnes<br />

gaies, lesbiennes et bisexuelles. Même si nous spécifions d’entrée de jeu<br />

que les participants sont libres d’exprimer ce qu’ils veulent, ceux qui<br />

possèdent une opinion négative de l’homosexualité peuvent se sentir<br />

scrutés et craindre d’être jugés s’ils en viennent à voir la tangente qui<br />

anime la recherche.<br />

Ces participants peuvent alors prendre une attitude défensive où ils<br />

ne précisent <strong>pas</strong> leurs positions, préférant faire des allusions en s’en<br />

remettant au sens commun de leurs auditeurs. Ils laissent des phrases<br />

incomplètes. Ils s’abstiennent d’ajouter des qualificatifs. Ils n’ajoutent <strong>pas</strong><br />

de précision. Ils concluent à l’occasion en disant «en tout cas, tu sais<br />

ce que je veux dire». Certes, ces formes évasives ne sont <strong>pas</strong> forcément<br />

le résultat de soupçons des jeunes à l’endroit des véritables positions<br />

des chercheurs. Elles peuvent être une forme de précaution fortement<br />

intériorisée où la personne veut se prémunir d’une prise de conscience ou<br />

d’une expression trop flagrante de ses propres préjugés. Il y a alors là aussi<br />

la crainte d’en dire trop, de développer.<br />

Seulement, comme il importe aux chercheurs d’être concis,<br />

de réduire les espaces de doute et de ne <strong>pas</strong> supposer ce que les omissions<br />

<strong>GRIS</strong>-MONTRÉAL RAPPORT DE RECHERCHE<br />

2007<br />

dissimulent, ils doivent alors poser des questions de précisions. Pour un<br />

jeune qui s’en remettait au sens commun, ceci peut être troublant. Il n’y a<br />

<strong>pas</strong> toujours d’explication claire derrière le «en tout cas, tu sais ce que je<br />

veux dire». Même si nous ne leur de<strong>ma</strong>ndons <strong>pas</strong> de se justifier avec un<br />

«pourquoi 11 » , ils peuvent tout de même se sentir exposés.<br />

Néanmoins, au fil de ces échanges, nous obtenons des précisions<br />

sur les incertitudes émises et sur les affir<strong>ma</strong>tions d’abord laissées<br />

incomplètes. Les jeunes ont suffisamment développé leurs idées entre eux<br />

pour que nous puissions avoir une idée riche de leurs positions, de leur<br />

compréhension de l’homophobie et de leur disposition à intervenir.<br />

Le chapitre 5, intitulé « L’homophobie <strong>dans</strong> le regard des jeunes », présente<br />

les infor<strong>ma</strong>tions tirées de leurs propos <strong>dans</strong> toutes leurs nuances et leur<br />

complexité, <strong>ma</strong>is les organise de façon à en simplifier la compréhension.<br />

11 En recherche qualitative, comme c’est le cas <strong>dans</strong> les entrevues de groupe, il importe d’éviter de poser des questions en utilisant la forme interrogative «pourquoi», car ils peuvent avoir l’impression de devoir<br />

se justifier. Il vaut mieux leur de<strong>ma</strong>nder comment ils en viennent à leur position (Becker, 2002). Cependant, même si le «comment» est moins lourd, lorsqu’ils sont convaincus que leurs positions vont de soi,<br />

ils peuvent se sentir confrontés.<br />

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