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L'homophobie, pas dans ma cour! - GRIS-Montréal

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Émond 2004; Grenier 2005).<br />

Certains tenants du mythe seront probablement tentés de répondre<br />

qu’il s’agit simplement d’exceptions à la règle ou, à l’extrême, d’affirmer<br />

que ces jeunes hommes ouverts ne sont <strong>pas</strong> tout à fait des vrais hommes.<br />

Dans un cas comme <strong>dans</strong> l’autre, ces réponses sont des paralogismes<br />

et n’ont aucune valeur argumentative. Lorsqu’on postule une nature<br />

fondamentale à un groupe de personnes, on base l’affir<strong>ma</strong>tion sur le<br />

partage universel d’un trait donné et on émet en principe une règle qui ne<br />

peut souffrir de cas contraires. Brandir par la suite la défense de l’exception<br />

qui confirme la règle est un joli tour de <strong>pas</strong>se-<strong>pas</strong>se conceptuel pour<br />

éviter de tenir compte des faits qui démentent notre affir<strong>ma</strong>tion 36 . Il en<br />

va de même en ce qui concerne l’emploi des qualificatifs de « vrai » et<br />

de « faux » 37 .<br />

Ainsi, non seulement ne peut-on <strong>pas</strong> logiquement affirmer que les<br />

jeunes hommes ouverts et confortables devant l’homosexualité ne sont <strong>pas</strong><br />

de « vrais » hommes, <strong>ma</strong>is nous sommes également en droit de remettre en<br />

question le postulat d’une nature homophobe profonde et universelle.<br />

L’existence de ces garçons ouverts lance un pavé <strong>dans</strong> la <strong>ma</strong>re de<br />

l’inévitabilité de l’homophobie <strong>ma</strong>sculine et nous force à considérer<br />

d’autres explications alternatives.<br />

Certes, on pourra toujours préciser que les déterminismes naturels<br />

ne font que colorer les comportements des jeunes hommes ou qu’ils ne<br />

sont présents que chez une proportion donnée du groupe. Ceci entre néanmoins<br />

en conflit avec le fait qu’on présente le mythe de l’origine naturelle<br />

comme première explication spontanée, lui accordant ainsi préséance ou<br />

du moins une forte ascendance. En d’autres termes, si l’on croit vraiment<br />

que la biologie ne fait que colorer les attitudes à l’endroit de l’homosexu-<br />

36 À ce titre, toute personne qui produit une théorie a ensuite le beau jeu d’esquiver les critiques en faisant appel à « l’exception qui confirme la règle ».<br />

37 Ceci consiste à affirmer la contradiction :<br />

A – « Les X sont fondamentalement Y ».<br />

B – « Mais certains X ne sont <strong>pas</strong> Y ».<br />

A – « Ah <strong>ma</strong>is eux, ce ne sont <strong>pas</strong> de vrais X ».<br />

<strong>GRIS</strong>-MONTRÉAL RAPPORT DE RECHERCHE<br />

2007<br />

alité, on devrait d’abord mentionner d’autres hypothèses pour expliquer<br />

celles-ci. Qui plus est, il est difficile d’affirmer avec assurance que les comportements<br />

homophobes d’un individu sont dus à ses gènes ou à ses hormones<br />

plutôt qu’à l’éducation culturelle, puisque aucun environnement<br />

non-social n’existe.<br />

La fondation de l’identité <strong>ma</strong>sculine<br />

Les théories, les hypothèses et les mythes associés aux diverses perspectives<br />

sur l’identité <strong>ma</strong>sculine sont particulièrement nombreux. Découlant<br />

généralement de la nébuleuse de la psychanalyse, <strong>dans</strong> ses versions<br />

universitaires et vulgarisées, ces points de vue s’attachent également<br />

à l’idée d’un certain déterminisme sexuel. Les hommes seraient homophobes<br />

parce que la consolidation de leur identité l’exigerait. Quatre mythes<br />

communs existent à ce niveau et sont chacun à leur tour examinés :<br />

Mythe 2<br />

Les hommes sont homophobes car ils doivent construire leur<br />

identité en rejetant le féminin.<br />

Selon la logique de ce mythe, les garçons doivent constituer leur identité<br />

en se désidentifiant de leur mère, en rompant la symbiose préoedipale<br />

qui les unit à elle. Ils sont alors amenés – ou contraints – à<br />

constamment repousser hors d’eux toute trace de féminin à travers leur<br />

par<strong>cour</strong>s ultérieur (Badinter, 1992; Moss, 2001; Red<strong>ma</strong>n, 2000; Reiter,<br />

1991). À la différence des femmes qui n’auraient <strong>pas</strong> à effectuer de telle<br />

rupture puis «prouver leur féminité», les hommes devraient donc<br />

constamment travailler, soigner et démontrer au monde leur identité<br />

35

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