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L'homophobie, pas dans ma cour! - GRIS-Montréal

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« Mon amie d’enfance m’a dit qu’elle était lesbienne. Elle m’a dit<br />

que j’étais la seule à le savoir et je lui ai dit qu’elle pouvait me faire<br />

confiance et que ça ne changerait rien <strong>dans</strong> notre amitié. Un jour, elle l’a<br />

dit à quelqu’un d’autre et tout le monde l’a su!! Elle se mutilait à cause<br />

que sa mère et son père l’ont su et son père n’est <strong>pas</strong> le genre à frapper<br />

ses enfants <strong>ma</strong>is il l’a étranglée. Car il avait perdu le contrôle!! Mais<br />

<strong>ma</strong>intenant tout va bien pour elle et tout est comme avant sauf qu’elle est<br />

encore gaie <strong>ma</strong>is ça ne me dérange <strong>pas</strong> du tout! » (Exclue, fille, âge inconnu)<br />

Si les filles sont plus confortables face aux jeunes homosexuels et<br />

homosexuelles que les garçons, il ne s’agit <strong>pas</strong> d’une panacée, ce confort<br />

varie selon diverses conditions. Le mythe des filles « ouvertes » à l’homosexualité<br />

a ses limites. Les filles se sentiraient plus inconfortables s’il s’agissait<br />

d’une personne proche de leur intimité et plus particulièrement s’il s’agissait<br />

d’une jeune du même sexe qu’elles. Elles restent toutefois relativement confortables<br />

avec ces idées. Quant aux garçons, une proportion systé<strong>ma</strong>tique<br />

d’entre eux reste réfractaire aux jeunes gais, <strong>ma</strong>is aussi aux jeunes<br />

lesbiennes, peu importe les circonstances. Dans un espace où leur intimité est<br />

moins sujette à être interpellée, les garçons semblent bien d’accord avec l’idée<br />

de voir ou partager leurs activités avec une jeune lesbienne, <strong>ma</strong>is fortement<br />

plus réfractaires quand il s’agit d’un jeune gai.<br />

Pour toutes les questions vues jusqu’ici, plus du quart des garçons se<br />

sentiraient <strong>ma</strong>l à l’aise <strong>dans</strong> une situation impliquant un jeune gai. Cette<br />

situation nettement exprimée par plusieurs garçons amène l’idée que cette<br />

attitude n’est <strong>pas</strong> le fruit d’une réflexion en solitaire, qu’elle a à voir avec un<br />

rejet systé<strong>ma</strong>tique pour certains garçons de ce qui est féminin ou homosexuel<br />

– selon leur perception – <strong>dans</strong> leur vie (Badinter, 1992; Moss, 2001;<br />

Red<strong>ma</strong>n, 2000; Reiter, 1991). Ces phénomènes d’inconfort sont <strong>cour</strong>ants sans<br />

<strong>GRIS</strong>-MONTRÉAL RAPPORT DE RECHERCHE<br />

2007<br />

pour autant être universels. Il semble donc que tous les jeunes ne soient<br />

<strong>pas</strong> initiés à la vie suivant les mêmes modèles de socialisation. Ce que<br />

des auteurs comme Badinter (1992) présentent comme une règle de la<br />

<strong>ma</strong>sculinité ne serait en fait qu’un des modèles de socialisation présents chez<br />

les jeunes.<br />

Notre recherche exploratoire et appuyée par un questionnaire relativement<br />

concis ne peut discuter de façon approfondie des inconforts et des<br />

formes de socialisation qui amènent les jeunes à penser et à vivre ainsi.<br />

Il n’en reste <strong>pas</strong> moins que beaucoup de garçons et un nombre quand même<br />

notable de filles <strong>ma</strong>nifestent un inconfort face à différentes situations de<br />

proximité avec des homosexuels, d’où l’importance de démystifier ce qu’est<br />

la vie des homosexuels et de déconstruire les préjugés qui associent<br />

<strong>ma</strong>lheureusement pédophilie et homosexualité. Mais d’un autre côté,<br />

les classes d’élèves ne sont <strong>pas</strong> constituées de blocs monolithiques de personnes<br />

réfractaires à l’homosexualité et intervenir <strong>dans</strong> un groupe se doit d’être<br />

fait avec nuance en connaissant la diversité des personnes auxquelles les<br />

<strong>GRIS</strong> s’adressent.<br />

Derrière chaque réponse se trouve une nuance, un apprentissage<br />

variant selon sa socialisation, une ou plusieurs « raisons » qui font que les<br />

jeunes pensent ainsi. En échangeant avec eux durant les entrevues de groupe,<br />

nous avons pu voir que les inconforts surviennent parfois parce qu’ils ont<br />

confiance en leurs amis ou leurs frères et sœurs, et pensent donc bien les<br />

connaître. Quand l’homosexualité émerge <strong>dans</strong> la vie de ces derniers, ils s’en<br />

étonnent d’autant plus et leur confiance est en ébranlée.<br />

L’émergence des questionnements sur l’orientation sexuelle ne semble<br />

<strong>pas</strong> comprise, plusieurs assument que chacun et chacune connaît très<br />

jeune son orientation sexuelle. En fait, la clarification des orientations varie<br />

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