L'homophobie, pas dans ma cour! - GRIS-Montréal
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Les intervenants sociaux, les professeurs<br />
et les autorités scolaires<br />
Dans le milieu scolaire, les professeurs sensibilisés sont souvent la première<br />
ligne de défense des jeunes gais, lesbiennes et bisexuels. En créant<br />
un environnement sécuritaire et respectueux de la diversité sexuelle, ils<br />
contribuent fortement à leur épanouissement (Kosciw et Diaz, 2006). Pour<br />
y parvenir, ils interviennent lorsqu’ils entendent des insultes homophobes,<br />
ils annoncent d’emblée qu’ils refusent leur utilisation <strong>dans</strong> leur<br />
classe, ils sensibilisent les élèves aux impacts de l’homophobie, ils intègrent<br />
la diversité sexuelle et ne présument <strong>pas</strong> que les jeunes auxquels ils<br />
s’adressent soient nécessairement tous hétérosexuels. Selon les jeunes<br />
interrogés <strong>dans</strong> le cadre du 2005 National School Cli<strong>ma</strong>te Survey américain,<br />
ces efforts font la différence. Et ils le font d’autant plus lorsque ces<br />
initiatives sont appuyées de politiques claires interdisant spécifiquement<br />
la discrimination et le harcèlement sur la base de l’orientation sexuelle au<br />
sein de l’établissement scolaire.<br />
Seulement, les professeurs ne sont <strong>pas</strong> tous suffisamment outillés<br />
pour contrer l’homophobie. Ils ne savent <strong>pas</strong> tous en identifier les <strong>ma</strong>nifestations,<br />
peuvent en minimiser les impacts (Alain Grenier, 2005) ou encore<br />
se sentent dé<strong>pas</strong>sés par l’ampleur de l’utilisation des insultes. Plusieurs<br />
ressentent le besoin d’obtenir davantage d’infor<strong>ma</strong>tion (Martin et<br />
Beaulieu, 2002), puisque leur for<strong>ma</strong>tion universitaire ne les a <strong>pas</strong> préparés<br />
à cette réalité. Certains, sans se sentir dépourvus, se laissent guider par<br />
leurs préjugés et leurs craintes, étant convaincus que parler d’homosexualité<br />
de façon neutre revient à faire de la «promotion» et risque de «créer»<br />
de l’homosexualité (Uribe, 1994).<br />
« J’ai écrit un article <strong>dans</strong> le journal étudiant pour annoncer<br />
<strong>GRIS</strong>-MONTRÉAL RAPPORT DE RECHERCHE<br />
2007<br />
le groupe de discussion 14-18 et puis Gai-Écoute. Le directeur a dit que<br />
ce n’était <strong>pas</strong> une bonne publicité : «ouins, j’aimerais que tu ne fasses<br />
<strong>pas</strong> ça à l’avenir». » (Geneviève)<br />
D’autres, à qui les infor<strong>ma</strong>tions exactes ou le <strong>cour</strong>age <strong>ma</strong>nquent,<br />
laisseront des préjugés circuler en classe. Peut-être sont-ils également<br />
inconscients des impacts qu’ils peuvent occasionner sur les jeunes. À l’occasion,<br />
ceci engendre une situation incongrue où c’est la jeune lesbienne<br />
ou le jeune gai lui-même qui prend la responsabilité d’éduquer leur professeur.<br />
« (…) [au <strong>cour</strong>s de] morale, il y avait une activité où on devait<br />
montrer c’était quoi la famille idéale. Il y avait une équipe qui a fait une<br />
famille gaie qui adopte un enfant. C’était super stéréotypé. Les gars<br />
étaient <strong>ma</strong>niérés. Ils faisaient comme s’ils regardaient les fesses de<br />
l’enfant : « hou, c’est beau! ». C’était de la pédophilie. La prof n’est <strong>pas</strong><br />
intervenue. Elle disait qu’il y avait une autre façon de l’aborder. Je suis<br />
allée voir la prof, je lui ai dit que je suis lesbienne et je lui ai amené de<br />
la documentation. » (Marie-Ève)<br />
Au sein des universités, l’enseignement autrefois répandu de<br />
vieilles croyances pathologisant l’homosexualité s’est estompé <strong>dans</strong> un<br />
vaste silence. Si certaines d’entre elles circulent encore aujourd’hui au<br />
nom de la liberté universitaire, peu d’efforts sont faits pour les rectifier<br />
ouvertement ou offrir de nouvelles infor<strong>ma</strong>tions plus exactes (Ryan, 2003).<br />
Situés en deuxième ligne, soit davantage au niveau curatif que préventif,<br />
les intervenants et les professionnels en santé mentale sont <strong>ma</strong>rqués de<br />
cette même carence d’infor<strong>ma</strong>tions (Clermont et Sioui-Durand, 1997).<br />
De part et d’autre, le silence des programmes de for<strong>ma</strong>tion universitaire<br />
laisse les coudées franches aux méconnaissances et aux préjugées<br />
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