L'homophobie, pas dans ma cour! - GRIS-Montréal
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• De<strong>ma</strong>nder (la faveur) de s’abstenir de l’insulte devant soi.<br />
Adressée aux membres de son cercle d’amis, cette de<strong>ma</strong>nde<br />
souligne le <strong>ma</strong>l qu’elle cause chez soi. Comme il est entendu que les amis<br />
ne devraient <strong>pas</strong> se faire du <strong>ma</strong>l, cette requête est perçu comme plausible.<br />
«(…) ça arrive souvent que je dise : « est-ce que tu peux utiliser<br />
une autre expression, ça me gêne. Je sais t’es <strong>pas</strong> raciste ou homophobe,<br />
peu importe », c’est arrivé aussi, peut-être de mémoire. Je sais que c’est<br />
<strong>pas</strong> comme méchant directement <strong>ma</strong>is je lui conseille de <strong>pas</strong> le dire<br />
surtout devant moi parce que moi, ça m’embête vraiment, vraiment.<br />
Je pense que c’est le mieux que je puisse faire en même temps. C’est <strong>pas</strong><br />
tout le monde qui est prêt à m’écouter non plus.» (Marianne)<br />
Dans l’exemple cité ci-haut, la de<strong>ma</strong>nde se double d’attentions «je<br />
sais que t’es <strong>pas</strong> raciste ou homophobe» afin de réduire la possibilité<br />
qu’elle soit perçue comme une accusation et d’éviter les réactions défensives<br />
qu’elle susciterait.<br />
• Souligner le caractère non admirable de l’homophobie.<br />
Il n’y a <strong>pas</strong> de gain à faire d’être homophobe, ni est-ce particulièrement<br />
reluisant. On peut émettre le commentaire à un niveau plus général,<br />
comme on peut confronter la personne à ce en quoi consiste «être une<br />
meilleure personne» et ce en quoi l’homophobie pourrait bien y contribuer<br />
réellement. On peut également, encore une fois, faire appel à l’assentiment<br />
populaire.<br />
«J’essaie de faire comprendre que t’es <strong>pas</strong> une meilleure personne,<br />
une personne plus intéressante, une personne plus cool, plus intéressante<br />
ou n’importe quoi parce que tu traites les gens de gais, pis tout; ça se<br />
fait lentement, comme tu dis aux gens « regarde, c’est <strong>pas</strong> cool de dire<br />
<strong>GRIS</strong>-MONTRÉAL RAPPORT DE RECHERCHE<br />
2007<br />
ça, tu comprends, t’es <strong>pas</strong> plus viril, t’es <strong>pas</strong> plus thug, tu comprends?»<br />
puis je pense que plus t’insistes, plus ça leur rentre <strong>dans</strong> la tête.<br />
Mais c’est long, c’est difficile.» (Alexandra)<br />
• Être affir<strong>ma</strong>tif et se présenter en position de force.<br />
Il ne s’agit <strong>pas</strong> tant d’un argument que d’une stratégie. Les personnes qui<br />
interviennent pour dénoncer l’homophobie se trouvent souvent en position<br />
défensive. Ce peut être <strong>dans</strong> le ton et l’attitude qui trahissent une faiblesse<br />
de conviction. Et ce peut aussi être <strong>dans</strong> le sentiment de devoir<br />
appuyer ses dires. Cette position défensive se notera chez la personne qui<br />
acceptera subrepticement la responsabilité d’étayer ses positions et de<br />
souligner en quoi les idées de l’autre sont fausses. En comparaison, l’autre<br />
personne, intimement convaincue que ses positions sont des évidences, ne<br />
se sentira <strong>pas</strong> du tout tenue de le faire 76 .<br />
En adoptant une attitude de confiance et en mettant l’autre au défi,<br />
par contre, on lui laisse présager qu’on sera d’attaque pour l’échange verbal<br />
qui suivrait si la personne désavoue les positions affirmées.<br />
«Ça m’est arrivé plein de fois, je parle à des gens qui sont<br />
vraiment homophobes, puis je leur dis «ouan, <strong>ma</strong> mère est lesbienne, tout<br />
ça, y a-tu un problème?». Ils font «non, c’est bon». Il y en a qui me posent<br />
des questions puis «toi, t’es-tu lesbienne?», «non, ça a aucun rapport». Puis<br />
les gens, vu qu’ils voient que je suis bien, je suis confortable puis je trouve<br />
ça stupide, ils vont <strong>pas</strong> se mettre à m’engueuler pis à rire de moi.» (Jasmine)<br />
• Désamorcer les tentatives d’être affublé du «stig<strong>ma</strong>te<br />
de l’homosexualité».<br />
Tandis que certains jeunes sont terrorisés à l’idée qu’on puisse penser<br />
76 C’est souvent le cas pour toute forme de préjugé. Les personnes luttant contre les notions de sens commun se retrouvent plus souvent à devoir défendre leurs propos que celles qui les possèdent. Comme ces<br />
dernièeres sont elles-mêmes conscientes de l’emprise de ces notions, elles ne voient <strong>pas</strong> forcément la présence du double standard au niveau de l’attribution de responsabilité pour la démonstration de la validité<br />
de certaines idées. Or, recevoir le fardeau de la preuve – tandis que l’autre n’en hérite que très partiellement – est beaucoup plus exigeant, surtout quand on s’adresse à une personne qui se sent absolument<br />
convaincue de ses positions, sans s’être pour autant livrée à une exercice de réflexion soutenu sur leurs fondements.<br />
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