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L'homophobie, pas dans ma cour! - GRIS-Montréal

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grand nombre de familles sont encore largement imprégnées du «mythe de<br />

la famille hétérosexuelle» où les parents projettent un avenir hétérosexuel<br />

ro<strong>ma</strong>ncé et idéalisé pour leurs enfants, envisageant le jour où ils se<br />

<strong>ma</strong>rieront et/ou auront eux-mêmes des enfants (Herdt et Koff, 2001).<br />

Peu songent en fait à la possibilité qu’un de leurs propres enfants soit<br />

homosexuel et, par conséquent, beaucoup sont consternés lorsque ceci<br />

leur arrive.<br />

Les jeunes gais et lesbiennes perçoivent les attentes idéalisées des<br />

parents et sont <strong>ma</strong>rqués par les préjugés occasionnels ou fréquents que<br />

ceux-ci <strong>ma</strong>nifestent à l’endroit de l’homosexualité. Ils vivent <strong>dans</strong><br />

l’appréhension de décevoir, d’être jugés ou rejetés par leurs parents, dont<br />

l’opinion compte énormément à leurs yeux. Résultat, au moment où ils<br />

vivent des difficultés à l’école en raison de l’homophobie ambiante et où<br />

ils auraient d’ailleurs le plus besoin du soutien de leur famille, peu osent<br />

se confier. Craignant et présupposant que leurs parents les rejetteraient,<br />

plusieurs deviennent agressifs et se distancient de ces derniers (Jalbert,<br />

2002; Williams et al., 2005).<br />

Dans les faits, si à l’annonce de l’homosexualité de leur enfant, un<br />

grand nombre de parents déclarent leur amour inconditionnel pour lui ou<br />

elle, peu sont outillés pour l’aider immédiatement à traverser leurs<br />

épreuves. Ils doivent d’abord vivre un processus de deuil et de <strong>ma</strong>laise où<br />

ils affrontent leurs préjugés et leurs méconnaissances avant d’en venir<br />

à une acceptation complète (Jalbert, 2002). En contraste, un jeune appartenant<br />

à une minorité culturelle pourra généralement recevoir tout au long<br />

de son cheminement personnel de la compréhension, de la solidarité,<br />

du soutien et de l’aide de la part de ses parents pour affronter le racisme<br />

puisqu’ils l’ont en très grande <strong>ma</strong>jorité eux-mêmes vécus, à moins d’être<br />

<strong>GRIS</strong>-MONTRÉAL RAPPORT DE RECHERCHE<br />

2007<br />

des parents adoptifs blancs.<br />

Mais bien avant le soutien à l’affrontement des préjugés, c’est la<br />

confir<strong>ma</strong>tion de leur valeur personnelle qui importe le plus aux jeunes :<br />

leur homosexualité fait-elle d’eux des personnes moins bonnes? Les condamne<br />

t-elle à l’infériorité? L’acceptation inconditionnelle des parents a un<br />

impact positif crucial sur la santé psychologique et sociale des jeunes gais,<br />

lesbiennes, bisexuels et bisexuelles. Elle nourrit l’estime de soi du jeune<br />

et réduit les difficultés de santé mentale qu’il pourrait éprouver<br />

(Herschberger et D’Augelli, 1995; Otis et al., 2002). À ce titre, certains<br />

parents démontreront non seulement une ouverture totale, <strong>ma</strong>is une solidarité<br />

active devant les épreuves homophobes. Globalement, toutefois,<br />

les jeunes gais rapportent en moyenne moins de soutien de la part de leurs<br />

parents que les jeunes hétérosexuels (Williams et al., 2005). Dans<br />

l’enquête réalisée au sein du Projet Sain et Sauf, un réseau d’organismes<br />

communautaires desservant les jeunes gais et lesbiennes, seulement 13%<br />

d’entre eux se sentaient «acceptés de façon inconditionnelle avec leurs<br />

bons et leurs <strong>ma</strong>uvais côtés» par leur père, tandis que 38% se sentaient<br />

ainsi acceptés de la part de leur mère 43 (Otis et al., 2002).<br />

3.3.2. Les impacts fondamentaux<br />

L’invisibilité, la présomption d’hétérosexualité, l’infériorisation de l’homosexualité,<br />

l’homophobie ambiante, l’appréhension – ou la concrétisation –<br />

du rejet de la part des pairs et des parents, l’absence ou l’inadéquation du<br />

soutien ont des impacts certains sur les jeunes lesbiennes et gais. Si ces<br />

impacts se <strong>ma</strong>nifestent fréquemment par un ensemble de symptômes<br />

visibles dont la gravité est variable, ne <strong>pas</strong> en repérer ne signifie <strong>pas</strong> que<br />

tout va bien chez le jeune. Son estime personnelle peut tout de même être<br />

43 À noter, les jeunes fréquentant ces organismes se distinguent possiblement par un degré de détresse plus élevé que chez la moyenne des jeunes gais, lesbiennes et bisexuels. Toutefois, il est assuré<br />

que le sentiment d’acceptation inconditionnelle est moins élevé chez ceux-ci que chez les hétérosexuels, puisque l’orientation sexuelle de ces derniers ne sera ja<strong>ma</strong>is problé<strong>ma</strong>tique aux yeux de leurs parents.<br />

Qui plus est, l’ensemble des problèmes pour lesquels les jeunes hétérosexuels peuvent être ostracisés s’applique également aux jeunes GLB.<br />

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