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L'homophobie, pas dans ma cour! - GRIS-Montréal

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Par conséquent, des gestes d’affection considérés comme banaux entre<br />

hommes et femmes deviennent des exagérations lorsqu’ils sont témoignés<br />

par deux personnes du même sexe. On est plus prompt, par exemple, à<br />

dire qu’ils «se lèchent en public». Dans cette optique, l’homosexualité est<br />

moins digne d’être visible et célébrée en public que l’est l’hétérosexualité.<br />

• Les homosexuels «exagèrent».<br />

Il y a la conviction que les gais sont déraisonnables. Leurs de<strong>ma</strong>ndes<br />

d’égalité et d’acceptation sont contradictoires et exagérées. Dans cette<br />

perspective, les espaces que les gais et les lesbiennes se créent sont des<br />

excès car ils n’auraient <strong>pas</strong> leur contrepartie chez les hétérosexuels. Cette<br />

idée homophobe se recoupe avec la précédente, là où des gens estiment<br />

que les gais et lesbiennes veulent «trop se montrer» et exagérer les signes<br />

d’affection qu’ils se témoignent entre eux en public.<br />

«Il y en a beaucoup aussi, de ce que moi j’ai entendu sur le sujet,<br />

j’en parle veut-veut <strong>pas</strong>, qui aiment <strong>pas</strong> la <strong>ma</strong>nière des gais, comme la<br />

parade gaie, les jeux olympiques gais, (…) Ça dérange <strong>pas</strong> que les gais lesbiennes<br />

font leurs choses, ça les dérange vraiment <strong>pas</strong>, <strong>ma</strong>is s’ils s’affichent<br />

comme avoir des choses de gais seulement, des clubs de gais, des<br />

parades gaies, c’est eux qui s’affichent, qui affirment qu’ils sont <strong>pas</strong><br />

comme les hétéros.» (Jasmine)<br />

• Les homosexuels envahissent les hétérosexuels.<br />

La récente émergence de la visibilité gaie est perçue comme une menace<br />

ou une tentative d’envahissement de l’espace social hétérosexuel.<br />

Par exemple, même si l’apparition de gais et de lesbiennes demeure très<br />

faible comparativement à celle des hétérosexuels, on suppose que c’est<br />

<strong>GRIS</strong>-MONTRÉAL RAPPORT DE RECHERCHE<br />

2007<br />

déjà trop et que ce n’est qu’un début <strong>dans</strong> une <strong>ma</strong>rche assurée vers un<br />

renversement des positions.<br />

«Il y a aussi du monde qui ont peur, parce que les gais récemment,<br />

ça fait comme quelques années qu’ils commencent à se <strong>ma</strong>nifester<br />

plus. Il y a un film là-dessus, il y a des émissions. Moi j’écoutais [titre<br />

d’émission?], puis il y avait une émission que c’était un gars gai qui<br />

se cherchait des gars gais. Puis là mon frère il avait dit genre :<br />

« Ah, ils sont en train de nous voler la télé, puis tout. Ils vont nous<br />

envahir.» (Fabien)<br />

• Les homosexuels doivent céder devant les préjugés.<br />

Cette posture est rarement énoncée ainsi. Elle se trouve tapie sous une variété<br />

d’affir<strong>ma</strong>tions où l’homophobie et les préjugés des gens sont sousentendus<br />

comme des états de fait qui ne sont <strong>pas</strong> à remettre en question –<br />

sinon que très légèrement. La souffrance et la victimisation que subissent<br />

les gais et les lesbiennes seraient réduites ou abolies s’ils consentaient<br />

à diminuer ou cesser leur visibilité et leur existence.<br />

Une illustration de cette posture est lorsqu’une direction d’école<br />

décide d’isoler un jeune gai (le faire sortir avant la fin des <strong>cour</strong>s) plutôt que<br />

de s’attaquer aux préjugés qui sont à la source de son harcèlement. Une<br />

autre est lorsque des gens affirment que des gais ne devraient <strong>pas</strong> avoir<br />

d’enfants parce que ces derniers seront la cible de préjugés de la part de<br />

leurs pairs – au lieu de proposer de s’attaquer aux préjugés eux-mêmes.<br />

«J’ai entendu un très bon ami à moi (…) qui a dit « moi si je sors<br />

(sic) <strong>ma</strong> blonde, je dois la mettre enceinte puis que je sais que son<br />

enfant est homo, genre que notre enfant est homosexuel, je veux<br />

qu’elle se fasse avorter ». (…) pis là, je lui ai dit « t’es wack, pourquoi? »<br />

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