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L'homophobie, pas dans ma cour! - GRIS-Montréal

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monde est hétéro <strong>dans</strong> la classe. Parce que si tu es gai, tu n’auras <strong>pas</strong><br />

l’impression que ça s’adresse à toi. » (David)<br />

L’homophobie intériorisée et la détresse psychologique<br />

Réalité souvent méconnue, les membres de groupes discriminés intériorisent<br />

fréquemment leur infériorisation. Ils tiennent alors pour vrai,<br />

parfois inconsciemment <strong>dans</strong> les profondeurs de leur émotivité, certaines<br />

postures les condamnant. Ryan (1999) attribue aux insultes l’effet dévastateur<br />

de la honte de soi, que reflète l’homophobie intériorisée.<br />

Borillo, quant à lui, y ajoute tout le système hétérosexiste à la source de<br />

l’infériorisation :<br />

« Dans une société où les idéaux sexuels et affectifs sont construits<br />

sur la base de la supériorité psychologique et culturelle de l’hétérosexualité,<br />

il semble difficile d’esquiver les conflits intérieurs résultant d’une<br />

non-adéquation à de telles valeurs. De surcroît, les gays et lesbiennes<br />

grandissent <strong>dans</strong> un environnement qui déploie ouvertement son hostilité<br />

anti-homosexuelle. L’intériorisation de cette violence, <strong>ma</strong>nifestée sous la<br />

forme d’insultes, de propos méprisants, de condamnations morales ou<br />

d’attitudes com<strong>pas</strong>sionnelles, mène beaucoup d’homosexuels à lutter<br />

contre leurs désirs, provoquant parfois des troubles psychologiques<br />

graves. Culpabilité, anxiété, honte et dépression sont les principales<br />

<strong>ma</strong>nifestations d’une telle réaction. » (Borillo, 2000, p. 100)<br />

Le poids des préjugés familiaux et des condamnations des personnes<br />

d’autorité peut être particulièrement lourd. Le jeune leur accordera d’abord<br />

beaucoup de crédit, donnant lieu à des conflits internes intenses. Pour s’en<br />

dégager, la haine sera tournée contre soi-même et/ou les « autres :<br />

« I used to hate gays, I was aware they existed. I hated them (…)<br />

<strong>GRIS</strong>-MONTRÉAL RAPPORT DE RECHERCHE<br />

2007<br />

because I wasn’t accepting myself, because I thought I was the only<br />

person in the entire world. I was, like, not in the entire world but,<br />

you know, «these people should be killed. They don’t exist», whatever,<br />

that stuff. »<br />

Q- « Where did you get that impression? »<br />

« My family, especially my family, and high school. I think I can<br />

say it in French because I was in a French school, a private institution<br />

and everything, and I was hearing « tapette », « fifi »… » (Amir)<br />

L’opinion des pairs et l’importance d’être cool sont primordiales<br />

pour les jeunes (Martino et Chiarolli, 2005). Si le moindre défaut peut être<br />

utilisé contre une personne, l’homosexualité, toute « correcte pareil »<br />

qu’elle puisse être aux yeux de certains, n’en reste <strong>pas</strong> moins suffisamment<br />

« inférieure » pour être une prise facile pour l’insulte et le ridicule.<br />

Et <strong>dans</strong> les cas où elle a valeur de stig<strong>ma</strong>te, cette prise est d’autant plus<br />

forte. Empêtrés <strong>dans</strong> l’intériorisation des préjugés, la vulnérabilité des<br />

jeunes est décuplée.<br />

« (…) il y avait un brainstorming au début de la rencontre où les<br />

gens sortaient des noms qu’ils associaient à l’homosexualité. Au début<br />

c’était « gai, lesbienne », puis ça s’est mis à débouler puis c’est devenu «<br />

tapettes, pousse-crottes, etc », et ils écrivaient tout au tableau. Moi<br />

j’ai<strong>ma</strong>is <strong>pas</strong> bien ça. C’était <strong>dans</strong> cette année-là, en secondaire V, que<br />

j’avais <strong>ma</strong> première blonde et c’était caché. Dans <strong>ma</strong> tête, je n’étais <strong>pas</strong><br />

lesbienne. J’étais juste avec elle, pis ça allait être juste avec elle. Ja<strong>ma</strong>is<br />

je n’irais avec une autre fille parce que c’était <strong>ma</strong>l. J’avais bien de la<br />

misère avec ça. J’étais super angoissée, je ne voulais <strong>pas</strong> aller à ce <strong>cour</strong>slà,<br />

j’ai failli le foxer. Ça me rendait <strong>ma</strong>lade. Donc écouter les autres<br />

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