13.07.2013 Views

L'homophobie, pas dans ma cour! - GRIS-Montréal

L'homophobie, pas dans ma cour! - GRIS-Montréal

L'homophobie, pas dans ma cour! - GRIS-Montréal

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

individuellement aux jeunes sur ce qu’ils font <strong>dans</strong> le concret versus ce<br />

qu’ils affirment qu’ils sont disposés à faire. Le langage qu’ils emploient à<br />

ce niveau est flou. En affir<strong>ma</strong>nt qu’ils «vont» poser tel ou tel geste, qu’ils<br />

«vont» affirmer telle ou telle chose, les jeunes peuvent dire qu’ils ont<br />

l’habitude d’agir ainsi, comme ils peuvent présenter leur disposition à le<br />

faire <strong>dans</strong> le futur.<br />

Il s’agit d’une première exploration de l’action des jeunes. Le détail<br />

des approches qu’ils adoptent, quant à lui, sera exploré plus loin, après<br />

avoir examiné les obstables particuliers qu’ils relèvent à l’intervention.<br />

• La non-intervention.<br />

Sans dire qu’ils n’interviennent ja<strong>ma</strong>is, quelques jeunes laissent entendre<br />

qu’ils ne se sentent <strong>pas</strong> concernés. Ils peuvent être curieux de voir comment<br />

la scène va se dérouler. Ils peuvent aussi adhérer à la loi du plus fort,<br />

esti<strong>ma</strong>nt qu’il est «nor<strong>ma</strong>l» que des faibles soient des cibles. Dans cette<br />

optique, la solution à la victimisation est un changement d’attitude chez<br />

le faible, qui devrait répondre avec agressivité et refuser de se faire «piler<br />

sur les pieds».<br />

«Des fois, tu veux juste laisser faire, puis on va voir si le gars qui<br />

est homosexuel s’il va faire quelque chose, s’il va se défendre. Mais c’est<br />

vraiment, c’est rien, tu vas juste voir s’il va se défendre contre le gars qui<br />

l’insulte, qui lui dit quelque chose. Mais c’est rare que le gars il va se<br />

défendre.» (Chris)<br />

• L’intervention conditionnelle.<br />

La plupart des jeunes rencontrés se rangent sous cette position. Ils se disent<br />

disposés à intervenir, <strong>ma</strong>is uniquement sous certaintes conditions.<br />

<strong>GRIS</strong>-MONTRÉAL RAPPORT DE RECHERCHE<br />

2007<br />

Alternativement, ils ont bien des épisodes de solidarité à leur actif,<br />

<strong>ma</strong>is ceux-ci sont modulés par les circonstances <strong>dans</strong> lesquelles ils<br />

se trouvaient.<br />

Les jeunes qui adoptent cette posture ont vivement à l’esprit les<br />

rapports de force <strong>dans</strong> lesquels ils se situent. Ils opèrent un calcul<br />

risque/bénéfice avant de s’engager <strong>dans</strong> l’action. Parfois, l’énergie qu’ils<br />

auraient à investir serait trop grande en regard du peu d’impact qu’ils<br />

obtiendraient et des ennuis qu’ils s’attireraient. S’ils se sentent en position<br />

de faiblesse devant les victimisants, ils auront tendance à s’abstenir d’intervenir.<br />

Cette position de force et faiblesse, cependant, semble s’appuyer<br />

en bonne partie sur les lieux communs qu’ils partagent. Ainsi est-il <strong>ma</strong>l<br />

considéré de se mêler des affaires des autres, ce qui est le cas si les insultes<br />

sont «légères». Cette règle ne tient plus cependant si les gestes posés sont<br />

«vraiment» violents – à moins, évidemment, qu’il y ait un degré élevé de<br />

dangerosité –, si ce sont des amis propres qui sont touchés ou si ce sont ces<br />

mêmes amis qui commettent des actes homophobes.<br />

«Tu peux le prendre à certains niveaux <strong>ma</strong>is, parce que des fois<br />

ça vaut <strong>pas</strong> la peine de crier sur quelqu’un pour genre juste un petit mot<br />

comme ça. Ça va <strong>pas</strong> aider la cause nécessairement. Perte de temps,<br />

selon moi.» (Mélissa)<br />

«Quand tu le vois <strong>dans</strong> la face de la personne qui s’est fait insulter,<br />

si tu la vois comme « ah, peut-être qu’elle est sur le bord de pleurer<br />

ou ça l’a touchée ». Ça se voit quand même <strong>dans</strong> ses yeux ou sa face.<br />

(…) Si tu la vois brailler, là c’est sûr que tu vas faire « hey le con,<br />

pourquoi tu fais ça?» (Sandra)<br />

Finalement, on peut intervenir moins parce que la discrimination<br />

homophobe n’interpelle <strong>pas</strong> autant que d’autres discriminations.<br />

104

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!