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L'homophobie, pas dans ma cour! - GRIS-Montréal

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les nourrir devrait faciliter le cheminement à travers la réflexion que nous<br />

vous proposons. À partir du moment où nous avons à cœur la lutte contre<br />

les préjugés envers les personnes gaies, lesbiennes et bisexuelles, nous<br />

souhaitons être efficaces <strong>dans</strong> l’identification de leur origine, préférant<br />

aller à la source plutôt que de rester en surface. Nous reconnaissons tout<br />

de même qu’il est fort compréhensible que ces mythes ou ces explications<br />

partielles habitent un grand nombre de personnes, puisqu’ils s’appuient<br />

sur des représentations sexuelles jouissant d’une grande diffusion et étant<br />

fortement enracinées.<br />

Avant d’entamer l’examen des mythes, il convient de rappeler que<br />

les tentatives générales de compréhension des attitudes négatives portent<br />

une attention <strong>ma</strong>rquée aux hommes ainsi qu’aux garçons. Bien que les<br />

filles soient comprises <strong>dans</strong> certaines analyses globales de l’homophobie,<br />

elles ne font <strong>pas</strong> l’objet d’études exclusives. Inversement, peu d’entreprises<br />

de recherche se penchent spécifiquement sur la perception qu’a la<br />

population des lesbiennes puisqu’on estime généralement à tort qu’elles<br />

souffrent de moins de préjugés que les hommes gais.<br />

À des fins de clarté, les mythes et explications superficielles seront<br />

regroupés au sein du niveau d’analyse <strong>dans</strong> lequel elles s’inscrivent : soit<br />

le biologique, le psychologique, le nor<strong>ma</strong>tif et le social.<br />

L’empreinte du naturel<br />

Mythe 1<br />

Les garçons sont « naturellement » homophobes.<br />

La saillance <strong>ma</strong>rquée d’attitudes négatives à l’endroit de l’homosexualité<br />

<strong>GRIS</strong>-MONTRÉAL RAPPORT DE RECHERCHE<br />

2007<br />

chez les garçons est expliquée par certains par l’expression d’une « nature<br />

<strong>ma</strong>sculine profonde 35 » . Ils seraient « naturellement » homophobes en<br />

vertu du par<strong>cour</strong>s développemental propre que com<strong>ma</strong>nderaient leurs<br />

hormones et leurs gènes, éléments constitutifs de leur sexe. La forte agressivité<br />

et la compétition entre hommes qui découleraient de ce déploiement<br />

hormonal se traduiraient en un rejet des éléments les plus « faibles » et<br />

efféminés, incarnés souvent par les hommes gais.<br />

Peu diffusée <strong>dans</strong> le milieu universitaire, cette hypothèse l’est<br />

davantage au sein de la population générale (Nayak et Kehily, 1996).<br />

Déduite à partir de théories naturalisant les différences des sexes ainsi que<br />

l’agressivité <strong>ma</strong>sculine, elle trouve un ancrage <strong>dans</strong> la sociobiologie et la<br />

psychologie évolutionniste, qui allouent des origines biologiques aux comportements<br />

sociaux (Daly et Wilson, 1994; Kenrick et Luce, 2000; Weisfeld,<br />

1994). Les rares auteurs à avoir produit des explications naturalistes de<br />

l’homophobie affirment qu’elle sert à assurer le processus de reproduction<br />

hu<strong>ma</strong>ine, les parents ne possédant <strong>pas</strong> d’intérêt à s’investir auprès<br />

d’enfants (homosexuels) qui ne peuvent pérenniser leur patrimoine génétique<br />

(Gallup, 1995; Archer, 1996).<br />

Non seulement les notions d’agressivité <strong>ma</strong>sculine naturelle sontelles<br />

démenties par des études relevant les biais culturels qui – souvent à<br />

leur insu – traversent les analyses des biologistes ainsi que des sociobiologistes<br />

(Fausto-Sterling, 1992, 2000; Haraway, 1991; Lancaster, 2003),<br />

<strong>ma</strong>is les théories évolutionnistes ne rendent <strong>pas</strong> compte de la variation<br />

historique et sociale des attitudes des garçons envers l’homosexualité.<br />

En effet, en dépit de l’existence d’une saillance d’attitudes négatives chez<br />

une <strong>ma</strong>jorité de jeunes hommes, plusieurs sont néanmoins bel et bien<br />

ouverts et confortables devant l’homosexualité (Bastien Charlebois, 2007;<br />

35 Un des facteurs menant à cette explication est la conviction intime que ce qui est répandu et ce qui résiste au changement chez un sexe est forcément attribuable au biologique. Nous avons souvent tendance<br />

à minimiser la force du conditionnement ou du contrôle social.<br />

34

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