L'homophobie, pas dans ma cour! - GRIS-Montréal
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hétérosexuels sont faussement présumés comme étant gais ou lesbiennes<br />
et subissent le rejet, ils demeurent une minorité. À l’inverse, les homosexuels<br />
qui ne sont <strong>pas</strong> directement visés en raison de leur invisibilité ou du fait<br />
qu’ils n’ont <strong>pas</strong> «l’air gai ou lesbienne» sont tout de même blessés par<br />
les commentaires homophobes qui circulent impunément autour d’eux,<br />
signalant l’estime qu’on accorde à l’homosexualité et laissant présager le<br />
traitement qu’ils recevraient s’ils se dévoilaient (Burn, Kadlec et Rexer,<br />
2005). Résultat, les jeunes lesbiennes et gais sont globalement plus souvent<br />
victimes d’intimidation que les hétérosexuels (Williams et al., 2005).<br />
« Si tu regardes comment les autres se font injurier et traiter<br />
de noms, tu te dis « s’il fallait que je le dise, oublie ça, je serais mort! ».<br />
Ça fait que tu ne t’affirmes <strong>pas</strong>. Ça reste comme ça. Je n’ai ja<strong>ma</strong>is été<br />
victime de ça parce que j’en ai ja<strong>ma</strong>is parlé au secondaire. Mais juste<br />
regarder ce qu’il advenait aux autres – et le gars efféminé qui se faisait<br />
écœurer ne s’affichait même <strong>pas</strong> comme gai –, tu ne veux <strong>pas</strong> que ça<br />
t’arrive. » (Mathieu)<br />
Au Québec, les données a<strong>ma</strong>ssées concernent uniquement les<br />
perceptions qu’ont les jeunes de l’homosexualité. Une enquête exploratoire<br />
réalisée en 1999 auprès de 1011 jeunes de 15 à 19 ans fréquentant des écoles<br />
de la région de Lanaudière revèle que 53,4% d’entre eux auraient une<br />
attitude positive à l’endroit des gais et des lesbiennes, tandis que 17,9%<br />
auraient une position mitigée et 20,2%, une position négative. Quelque<br />
5,3% se situeraient <strong>dans</strong> une catégorie «neutre» (Bals, 2001) 27 . Plus de<br />
garçons posséderaient d’attitudes négatives (33,2%) et mitigées (21,2%) que<br />
de filles, qui se situeraient respectivement à 7,9% et 14,8%. Il existe tout<br />
de même une difficulté à classer clairement quelques brefs commentaires<br />
de jeunes parmi ces catégories, certaines affir<strong>ma</strong>tions pouvant camoufler<br />
<strong>GRIS</strong>-MONTRÉAL RAPPORT DE RECHERCHE<br />
2007<br />
la complexité des positions des jeunes 28 .<br />
Le degré de confort noté par les <strong>GRIS</strong>, quant à lui, est mesuré par<br />
rapport à quelques situations possibles ou vécues : travailler en équipe<br />
avec un gai ou une lesbienne, faire une activité sportive avec un gai ou une<br />
lesbienne, apprendre qu’une ou qu’un meilleur(e) ami(e) ou encorequ’une<br />
sœur ou un frère est lesbienne ou gai, être témoin de signes d’affection<br />
entre gais ou lesbiennes 29 . La question examinant le niveau de confort à la<br />
suite du dévoilement de l’homosexualité d’un ou d’une meilleur(e) ami(e)<br />
est centrale, puisque les relations avec les proches amis jouent un rôle<br />
important <strong>dans</strong> la socialisation des jeunes. Par ailleurs, elle révèle à quel<br />
point une personne est prête à engager une relation sérieuse avec un<br />
autrui homosexuel au lieu de le garder à distance. Les données de <strong>GRIS</strong>-<br />
Québec, recueillies auprès de 2101 élèves au <strong>cour</strong>s de l’année scolaire<br />
2003-2004, sont comparées avec celles du <strong>GRIS</strong>-<strong>Montréal</strong>, puisées au sein<br />
de 6789 questionnaires distribués en 2002-2003. Les valeurs obtenues sont<br />
statistiquement similaires.<br />
Tableau 4 : Proportion de jeunes se sentant <strong>ma</strong>l à l’aise<br />
ou très <strong>ma</strong>l à l’aise en apprenant que leur meilleur<br />
ami ou meilleure amie est gai ou lesbienne<br />
Région de Québec Région de <strong>Montréal</strong><br />
Si j’apprenais que : Filles Garçons Filles Garçons<br />
Ma meilleure amie<br />
est lesbienne<br />
37% 21% 39% 21%<br />
Mon meilleur ami est gai 16% 61% 19% 64%<br />
Sources : Grenier, Alain. (2005) et Émond, Gilbert (2004)<br />
27 Ces évaluations sont réalisées à partir des commentaires des jeunes. L’auteure a établi elle-même les catégories d’analyse.<br />
28 Les réponses classées <strong>dans</strong> la catégorie «mitigé» emploient la formule rhétorique «<strong>ma</strong>is» ou présentent des conditions : « J’ai <strong>pas</strong> de préjugés, MAIS ça me répugne qu’ils s’exhibent en public », « Je les accepte,<br />
MAIS je ne tiens <strong>pas</strong> à en côtoyer », « Je n’ai <strong>pas</strong> vraiment de préjugés, MAIS je les trouve bizarres », « Je les accepte, TANT QU’ils ne me cruisent <strong>pas</strong> », etc.<br />
29 Voir le chapitre 2 pour la présentation du questionnaire régulier.<br />
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