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L'homophobie, pas dans ma cour! - GRIS-Montréal

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phobes, il se trouve <strong>dans</strong> une position délicate. Peut-être ne révisera-t-il<br />

<strong>pas</strong> la pertinence de ses positions, <strong>ma</strong>is il se sentira moins libre de<br />

les exposer.<br />

Sans doute est-il plus efficace, pour transformer profondément les<br />

attitudes, de rechercher les moments où les personnes sont les mieux<br />

disposées à l’écoute. C’est ce que certains jeunes semblent avoir intuitivement<br />

compris en sélectionnant les moments propices, tel que mentionné<br />

plus haut. Cependant, comme ils spécifient qu’ils sont plus enclins de le<br />

faire avec des personnes chez qui ils voient un potentiel d’ouverture, rejoindre<br />

ceux qui sont particulièrement fermés semble beaucoup plus difficile.<br />

5.7.2. La portée des arguments<br />

La quête de l’égalité se fait souvent à travers le dis<strong>cour</strong>s où l’on renégocie<br />

le statut d’un groupe social. On confronte les anciennes conceptions qui<br />

légiti<strong>ma</strong>ient l’infériorisation afin de les dé<strong>ma</strong>nteler et de rendre caduque<br />

cette dernière. Cependant, le <strong>pas</strong>sage de conceptions infériorisantes à des<br />

conceptions égalitaires ne s’exécute <strong>pas</strong> subitement, tel un vieux vêtement<br />

dont on se dévêt. Les conceptions antérieures, qui ont souvent profité d’un<br />

hégémonie culturelle, ont été si profondément intégrées qu’il est difficile<br />

de s’en affranchir totalement (Bonardi et Roussiau, 1999). Ainsi peut subsister<br />

des préjugés et des conceptions infériorisant un groupe social – ici<br />

l’homosexualité – chez une personne qui recherche sincèrement l’égalité.<br />

Dans cette optique, les arguments employés par les jeunes sont<br />

<strong>pas</strong>sés en revue afin d’en sonder la valeur sur un plan rationnel. De prime<br />

abord, il est possible de voir qu’ils se regroupent sous deux catégories<br />

<strong>ma</strong>jeures. Certains visent à corriger les comportements et les autres, les<br />

idées reçues sur les gais et les lesbiennes.<br />

<strong>GRIS</strong>-MONTRÉAL RAPPORT DE RECHERCHE<br />

2007<br />

Dans la lignée des arguments visant principalement à corriger ou<br />

contenir les comportements homophobes se trouvent l’appel à la noningérence<br />

<strong>dans</strong> la vie personnelle et privée, l’exigence de silence, la<br />

de<strong>ma</strong>nde (en tant que faveur) de s’abstenir d’user de l’insulte devant soi,<br />

l’allusion à un consensus désapprobateur, l’affir<strong>ma</strong>tion du caractère non<br />

admirable de l’homophobie, le rappel de l’injustice de s’en prendre à une<br />

personne qui ne nous a <strong>pas</strong> fait de <strong>ma</strong>l, puis l’insistance sur l’incohérence<br />

de juger quelqu’un alors qu’on possède soi-même des torts.<br />

S’ils sont employés seuls, ces arguments laissent intacts les croyances<br />

et les préjugés infériorisant l’homosexualité. Réclamer pour les lesbiennes<br />

et les gais la liberté de vivre leurs relations, par exemple, n’entame<br />

en rien les idées homophobes selon lesquelles il s’agit d’une<br />

«pathologie» ou d’une «erreur de la nature». On peut également continuer<br />

à craindre, <strong>ma</strong>lgré des injonctions au silence, une certaine «prédation<br />

homosexuelle». Peut-être semble-t-il plus facile, aux yeux de ceux qui ont<br />

re<strong>cour</strong>s à ces arguments, d’insister sur une correction des comportements<br />

que sur une révision des perceptions de l’homosexualité. Comme les gens<br />

affectionnent généralement bien davantage les croyances qu’ils possèdent<br />

que leur mode d’expression, limiter ce dernier est un sacrifice moins grand<br />

que celui de supprimer ses croyances. Par conséquent, une incitation à la<br />

correction des comportements devrait susciter moins d’opposition, particulièrement<br />

<strong>dans</strong> un contexte social où le principe de non-ingérence est<br />

largement partagé. Pour une personne qui redoute l’épuisement de l’affrontement<br />

sur des questions de fond et les conflits qu’il peut susciter, il<br />

peut sembler plus aisé de s’en tenir à des arguments de la sorte. Également,<br />

une personne qui possède elle-même des opinions homophobes<br />

<strong>ma</strong>is désapprouve certains gestes de violence à l’endroit des lesbiennes et<br />

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