L'homophobie, pas dans ma cour! - GRIS-Montréal
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taines personnes peuvent-elles préférer ne <strong>pas</strong> intervenir du tout, alors que<br />
d’autres le feront à l’occasion – <strong>dans</strong> des circonstances précises – et que<br />
d’autres encore le feront presque en tout temps.<br />
5.3.1. La sensibilité<br />
Il est très ardu de saisir la sensibilité d’une personne à moins qu’elle<br />
l’appuie expressément lors de déclarations. Lorsque nous avons directement<br />
de<strong>ma</strong>ndé aux jeunes comment ils se sentaient par rapport aux gestes<br />
homophobes qu’ils observaient, peu répondaient. C’est davantage à<br />
travers des commentaires fortuits qu’il a été possible de relever ici et là des<br />
dispositions émotives face à ce que subissent les lesbiennes et les gais<br />
ainsi que les personnes présumées telles.<br />
Dans l’extrême théorique des positions négatives, personne<br />
n’a clamé devant le groupe prendre plaisir à victimiser des gais, des lesbiennes<br />
et des garçons efféminés, ou déclaré qu’ils méritent d’être<br />
ostracisés. Si des jeunes l’ont pensé, ils se sont tus. Certains ont laissé<br />
entendre, cependant, qu’ils emploient les insultes «t’es gai» pour<br />
«niaiser». D’autres ont <strong>ma</strong>nifesté leur indifférence en minimisant l’impact<br />
des insultes sur les personnes qui en sont la cible, au-delà même du<br />
cercle d’amis.<br />
Toutefois, à travers des positions mitigées, des jeunes peuvent<br />
témoigner de la désapprobation pour d’autres gestes homophobes. Ainsi<br />
peut-on rabrouer l’efféminement d’un autre jeune <strong>ma</strong>is rester incrédule<br />
devant le fait que des personnes s’opposent au <strong>ma</strong>riage entre personnes<br />
de même sexe ou exprimer du désarroi devant le fait que des parents<br />
puissent rejeter leur enfant après que celui-ci ou celle-ci leur ait révélé<br />
son homosexualité.<br />
<strong>GRIS</strong>-MONTRÉAL RAPPORT DE RECHERCHE<br />
2007<br />
À partir du moment où le jeune est proche de lesbiennes et de<br />
gaies, cependant, la désapprobation se transforme souvent en exaspération.<br />
On ressent de la colère et de la tristesse devant les préjugés et la<br />
fermeture d’esprit de beaucoup de jeunes. Blesser des gens qu’ils aiment<br />
revient à les blesser eux-mêmes :<br />
«C’est des hu<strong>ma</strong>ins au même titre que n’importe qui ici, ou sur la<br />
Terre. Puis moi c’est ça qui me choque, c’est que c’est rendu comme une<br />
race, c’est rendu des gens qu’on observe, puis qu’on juge par rapport à<br />
qui ils aiment (…)» (Vivianne)<br />
«Moi je trouve ça triste qu’il y a des gens que leur mentalité est<br />
<strong>pas</strong> capable d’être plus ouverte que ça. Ils restent <strong>dans</strong> leur petit monde<br />
de confort puis ils sortent <strong>pas</strong> en dehors de ce monde-là.» (Jasmine)<br />
Les jeunes qui sont proches de personnes lesbiennes, gaies ou<br />
bisexuelles sont d’ailleurs plus enclins – <strong>ma</strong>is non les seuls – à rapporter<br />
et condamner l’homophobie de certains professeurs. Leur frustration semble<br />
vive puisqu’ils sont conscients du rôle que jouent les professeurs<br />
auprès des élèves, de même que de l’autorité dont ils jouissent. Ils notent<br />
des carences sérieuses <strong>dans</strong> l’enseignement que ces profs dispensent sur<br />
l’homosexualité.<br />
«Un prof, c’est eux qui font notre éducation, puis c’est eux qui<br />
font des commentaires. J’ai trouvé vraiment très moyen en classe,<br />
<strong>ma</strong>is ils sont supposés nous apprendre des bonnes choses, faire notre<br />
éducation pour qu’on soit des meilleures personnes, puis c’est eux<br />
à qui on a dû faire un <strong>cour</strong>s pour expliquer c’est quoi l’homosexualité.»<br />
(Karine)<br />
«Mais je sais que je me rappelle quand, en 6e année, projet de…,<br />
on s’en allait en autobus puis on partait, on allait en autobus, on <strong>pas</strong>sait<br />
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