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L'homophobie, pas dans ma cour! - GRIS-Montréal

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essource. Dans les <strong>ma</strong>nuels, il n’y avait aucune définition. J’aurais<br />

aimé définir ça. J’ai eu <strong>ma</strong> première blonde en deuxième secondaire.<br />

Ça a duré et elle aussi c’était une fille de mon propre collège. Nous aussi,<br />

on se posait des questions, <strong>ma</strong>is il n’y avait aucune définition qui était<br />

posée pour définir le cadre social que ça peut entraîner (sic). Parce qu’un<br />

moment donné, tu te dis «c’est trop dur, je ne serai <strong>pas</strong> capable».<br />

Je croyais que ça ne se pouvait <strong>pas</strong>. Deux ans plus tard, c’est revenu,<br />

<strong>ma</strong>is ça aurait pu dire que c’est nor<strong>ma</strong>l, ça fait partie de la vie. Mais<br />

non, ça ne se pouvait <strong>pas</strong>. Déjà à l’école, ça se traitait «d’estie de<br />

tapette», «d’estie de fif». Dès que deux filles se regardaient <strong>dans</strong> le vestiaire,<br />

ça y est, les rumeurs étaient parties. Quand ça s’est su pour moi,<br />

les vestiaires sont devenus difficilement accessibles parce qu’ils pensaient<br />

que j’allais tripper sur toutes les filles. Toutes les filles venaient me voir<br />

et me de<strong>ma</strong>ndaient «est-ce que tu as trippé sur moi?». Il faudrait quand<br />

même que tout le monde le sache, moi je suis allée chercher mon<br />

infor<strong>ma</strong>tion par moi-même. » (Marie-Ève)<br />

Cette carence d’infor<strong>ma</strong>tion et cette absence de modèle, qui donnent<br />

libre <strong>cour</strong>s aux préjugés et qui envoient le message que son expérience<br />

n’est <strong>pas</strong> suffisamment valide pour être mentionnée, nourrissent une<br />

i<strong>ma</strong>ge négative de soi. Sachant que ces idées sont largement diffusées et<br />

les croyant valides, le jeune craindra vivement le rejet, particulièrement<br />

celui de ses pairs et de ses parents. Dans l’espoir d’éviter cette éventualité,<br />

le jeune tentera de taire son orientation sexuelle à ses proches, compartimentant<br />

son existence. Son isolement prendra une dimension sociale.<br />

Devant les autres, il se présentera comme hétérosexuel, confinant son vécu<br />

et ses questionnements homosexuels à son intériorité.<br />

En raison de l’isolement social, les émotions que ce par<strong>cour</strong>s lui<br />

<strong>GRIS</strong>-MONTRÉAL RAPPORT DE RECHERCHE<br />

2007<br />

fera vivre devront être gardées pour lui-même ou elle-même. Les joies<br />

comme les détresses ne pourront être partagées, de peur d’être jugé et<br />

incompris. Mais surtout, la séquence de l’isolement cognitif, social et émotif<br />

laisse <strong>dans</strong> le cœur du jeune l’impression d’être seul au monde.<br />

« Je dois avouer qu’en tant que gai à l’école secondaire, ce qui<br />

m’a fait plus de dom<strong>ma</strong>ge, c’est l’isolation (sic). Je me sentais tellement<br />

isolé, c’était <strong>pas</strong> croyable. Je savais qu’il y avait de l’homosexualité,<br />

<strong>ma</strong>is on n’en parlait <strong>pas</strong>. Sur Internet, j’ai trouvé le site d’un gars<br />

ouvertement gai, ça a beaucoup aidé. Enfin, je n’étais <strong>pas</strong> seul! Je savais<br />

que ça existait, <strong>ma</strong>is je ne savais <strong>pas</strong> concrètement qu’il existait d’autres<br />

gais. Si j’en avais vu des jeunes quand j’étais plus jeune, ça m’aurait fait<br />

du bien. Ça aurait brisé un paquet de mes préjugés et j’aurais peut-être<br />

commencé <strong>ma</strong> vie plus tôt. » (Francis)<br />

« (…) I thought I was the only kid in the world. I never thought<br />

about another kid feeling the same thing. And I knew gays existed,<br />

and I knew older gay people, but that was it (…) my parents, they talked<br />

about it as if it was something that could never happen to me. »<br />

(Simon)<br />

La non-prise en compte de la diversité sexuelle, jumelée à la profusion<br />

des insultes et des préjugés, contribue au sentiment d’exclusion que<br />

vivent les jeunes gais, lesbiennes et bisexuels. Ils éprouveraient ainsi<br />

moins de sentiments d’appartenance à l’école que les hétérosexuels, ce<br />

qui influe éventuellement sur le cheminement scolaire (Vicker<strong>ma</strong>n<br />

Galliher, Scales Rostock et Hughes, 2004).<br />

« Ce qui devrait être aboli, c’est le modèle unique, le «nous»<br />

[hétérosexuel]. Si tu ne rentres <strong>pas</strong> là-de<strong>dans</strong>, tu n’as <strong>pas</strong> d’appartenance,<br />

tu te sens rejet, bizarre. Il ne faut <strong>pas</strong> présupposer que tout le<br />

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