L'homophobie, pas dans ma cour! - GRIS-Montréal
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entre les hommes seraient un important moteur des attitudes négatives<br />
envers les hommes gais (Connell, 1987, 1995; Kimmel, 1994, Segal, 1990).<br />
L’efféminement y serait vu comme une menace au prestige <strong>ma</strong>sculin et les<br />
hommes gais, comme des traîtres au groupe des hommes (Segal, 1990).<br />
Abandonnant l’homogénéité du groupe des hommes, ils en fragilisent la<br />
frontière, pourtant nécessaire à la consolidation des rapports de pouvoir<br />
avec les femmes.<br />
Peu d’études ont été consacrées spécifiquement aux attitudes à<br />
l’endroit des lesbiennes. Si beaucoup présument qu’elles jouissent d’une<br />
plus grande acceptation que les hommes gais, la réalité n’est <strong>pas</strong> aussi<br />
simple. Malgré le mépris qu’ils subissent, les hommes gais sont pris au<br />
sérieux et l’annonce de leur homosexualité est peu ou <strong>pas</strong> mise en doute.<br />
Les lesbiennes, par contre, ne possèdent <strong>pas</strong> cette crédibilité. Leur volonté<br />
de se définir comme sujet est balayée du revers de la <strong>ma</strong>in par bon nombre<br />
d’hommes hétérosexuels, leur homosexualité étant désavouée par une<br />
récupération objectifiante. En témoigne le mythe de la « lesbienne<br />
cochonne » en qui reposerait un fondement hétérosexuel qu’un homme<br />
suffisamment viril serait en mesure d’éveiller. En témoigne également le<br />
nombre significatif de garçons qui affirment d’emblée qu’ils de<strong>ma</strong>nderaient<br />
à une amie de coucher avec eux si elle leur annonçait qu’elle était<br />
lesbienne (Bastien Charlebois, 2007).<br />
Une définition opératoire des préjugés négatifs à l’endroit<br />
des gais et des lesbiennes<br />
Maintenant qu’un tour d’horizon des différentes façons de conceptualiser<br />
puis d’expliquer les préjugés négatifs à l’endroit des personnes homosexuelles<br />
ou présumées telles a été effectué, il est possible de s’arrêter sur<br />
<strong>GRIS</strong>-MONTRÉAL RAPPORT DE RECHERCHE<br />
2007<br />
une définition finale.<br />
Les termes « hétérosexisme » et « hétéronor<strong>ma</strong>tivité » recueillent<br />
davantage d’appuis <strong>dans</strong> les milieux universitaires, <strong>ma</strong>is leur invisibilité<br />
au sein de la population générale incite fortement à s’en tenir à la<br />
populaire « homophobie ». Il demeure important d’y apporter, cependant,<br />
les précisions permettant d’éviter les écueils vers lesquels la compréhension<br />
initiale du terme mène. Tout usage ultérieur du terme<br />
« homophobie » fera référence à la définition suivante, sauf si le contraire<br />
est spécifié.<br />
Cette définition s’inspire principalement de celles offertes par Rubin<br />
(1975), Wittig (2001), Pharr (1997) et Welzer-Lang (1994).<br />
Homophobie : Traitements institutionnels et individuels signifiant<br />
l’infériorité de l’homosexualité devant l’hétérosexualité. Il peut s’agir, par<br />
exemple, de doubles standards juridiques, de discrimination <strong>dans</strong> l’emploi,<br />
d’agressions physiques, de bousculades, de harcèlement, de mise à<br />
distance, d’insultes, de dis<strong>cour</strong>s pathologisants, de <strong>ma</strong>rques d’appréciation<br />
différenciée de l’homosexualité et de l’hétérosexualité, d’occultation<br />
des réalités homosexuelles, etc.<br />
L’homophobie est une expression du sexisme, pour lequel les sexes<br />
ne sauraient déroger aux rôles « naturels, distincts et complémentaires »<br />
assoyant l’infériorisation des femmes (entendu comme un sexe faible) en<br />
justifiant leur dépendance économique et/ou psychique et/ou symbolique<br />
aux hommes. La visibilité des couples de femmes et d’hommes homosexuels<br />
venant miner cette idée de complémentarité hétérosexuelle universelle<br />
et obligatoire, elle suscite de vives réactions chez les homophobes,<br />
notamment chez des hommes hétérosexuels pour lesquels elle signifie une<br />
perte de pouvoir.<br />
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