L'homophobie, pas dans ma cour! - GRIS-Montréal
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« Il y a deux ans, pour faire un travail en équipe, on devait être<br />
six personnes et on était seulement cinq et quand j’ai voulu faire<br />
entrer mon ami <strong>dans</strong> l’équipe, les autres ont refusé car il était gai. »<br />
(Exclue 52 , fille, 17 ans)<br />
« Dans une chambre de hockey, un joueur s’est fait sortir de<br />
l’équipe à cause qu’il était gai. » (Exclu, garçon, 17 ans)<br />
« Dans l’école, il y a un gai et l’année <strong>pas</strong>sée, il se faisait lancer<br />
de la nourriture sur lui et il se faisait battre. » (Exclue, fille, 14 ans)<br />
« Ma meilleure amie s’est fait taxer parce qu’elle est lesbienne<br />
et elle ne vient plus à notre école. » (Exclue, fille, 13 ans)<br />
« Moi je viens de commencer un travail de télé<strong>ma</strong>rketing, puis<br />
j’avais un collègue de travail très « fifille » <strong>ma</strong>is j’avais ja<strong>ma</strong>is re<strong>ma</strong>rqué<br />
qu’il était gai jusqu’à temps que lui me le dise et sincèrement, je n’ai <strong>pas</strong><br />
accepté et je n’ai <strong>pas</strong> trop reparlé avec [lui] car je ne serais <strong>pas</strong> [bien]<br />
<strong>dans</strong> <strong>ma</strong> peau. » (Exclue, fille, 16 ans)<br />
Les garçons <strong>ma</strong>nifestent une certaine facilité à être en présence<br />
relativement « publique » d’une fille lesbienne <strong>ma</strong>is beaucoup moins d’un<br />
garçon gai. Cette facilité se <strong>ma</strong>nifeste aussi lorsqu’il s’agit de voir deux<br />
personnes de même sexe se donner des <strong>ma</strong>rques d’affection en public,<br />
comme se tenir par la <strong>ma</strong>in ou s’embrasser : face à deux femmes se montrant<br />
des <strong>ma</strong>rques d’affection en public, les garçons se sentiraient généralement<br />
très à l’aise. Les filles, sur ce sujet précis, montrent plus de réserve, peu<br />
importe le sexe des « acteurs en public ». Mais les garçons se sentiraient<br />
franchement plus <strong>ma</strong>l à l’aise en voyant deux hommes faire la même chose.<br />
En détail, les garçons ont des réactions très différenciées selon les<br />
sexes : ils se sentiraient à l’aise ou très à l’aise <strong>dans</strong> une proportion de 83%<br />
face à deux femmes se démontrant des <strong>ma</strong>rques d’affection en public. Les<br />
<strong>GRIS</strong>-MONTRÉAL RAPPORT DE RECHERCHE<br />
2007<br />
filles, plus réfractaires à l’idée, se sentiraient à l’aise ou très à l’aise face<br />
à deux hommes homosexuels <strong>dans</strong> une proportion de 52%. Elles se sentent<br />
un peu plus à l’aise, 56%, face à deux femmes lesbiennes <strong>dans</strong> cette<br />
situation. Une fille sur six se sentirait très <strong>ma</strong>l à l’aise (17%) <strong>dans</strong> la même<br />
situation. Mais lorsque des garçons voient deux hommes le faire en public,<br />
ils sont généralement inconfortables puisque 28% seulement se sentiraient<br />
alors à l’aise ou très à l’aise. Près de la moitié des garçons se sentiraient<br />
très <strong>ma</strong>l à l’aise (47%) face à deux hommes se démontrant des <strong>ma</strong>rques<br />
d’affection en public.<br />
Les jeunes rapportent de telles situations :<br />
« C’est juste qu’il y avait un gars qui s’habillait bizarrement et les<br />
gars de l’école l’humiliaient en lui disant qu’il était gai. » (Exclue, fille, 15 ans)<br />
« Au ciné<strong>ma</strong>, mon meilleur ami était venu avec son chum. Tout le<br />
monde les dévisageait parce qu’ils se tenaient par la <strong>ma</strong>in. J’étais à côté et<br />
moi je trouvais ça mignon <strong>ma</strong>is je crois que j’étais la seule. Du monde disait<br />
et criait qu’ils se lâchent parce que c’était dégueulasse. » (Exclue, fille, 15<br />
ans, attirée par les deux sexes)<br />
« J’ai vu deux gars s’embrasser au centre-ville. C’était dégueulasse. »<br />
(Exclu, garçon, 15 ans)<br />
« Bien ça implique <strong>pas</strong> vraiment un gai <strong>ma</strong>is quand j’en parle avec<br />
mes amis gars, ils sont vraiment dégoûtés!! Je trouve qu’ils auraient<br />
sérieusement à voir plus grand, et accepter! » (Exclue, fille, 16 ans)<br />
« J’ai plusieurs cousins et cousines qui sont gais ou lesbiennes et<br />
chaque fois que je les vois et que nous [sommes allés] en public, ils se sont fait<br />
tous traiter au moins une fois de gai ou de lesbienne et se sont fait menacer de<br />
se faire dénoncer ou battre. » (Exclue, fille, 13 ans, attirée par les deux sexes)<br />
52 Les commentaires des jeunes font référence à la question de<strong>ma</strong>ndant de raconter « un événement auquel tu as assisté et qui impliquait quelqu’un qui serait gai ou lesbienne ». Ils ont été classés – nous le verrons<br />
plus loin <strong>dans</strong> le texte – selon divers types de répondants : les « Exclus » sont ceux qui disent ne <strong>pas</strong> lancer ni recevoir d’insultes du type « T’es donc gai », « C’est fif » ou « Hey, la gouine ». Nous aurons aussi<br />
les autres types qui sont moins nombreux : les « Tyrans » sont ceux qui les lancent exclusivement, les « Riposteurs » en lancent et en reçoivent tandis que les « Victimes » les reçoivent sans en lancer aux autres,<br />
selon leurs réponses au questionnaire. En utilisant le mot « tyran », nous avons tenté de rejoindre le concept de bully (littéralement une « brute ») présenté <strong>dans</strong> la documentation scientifique anglophone,<br />
<strong>ma</strong>is en n’oubliant <strong>pas</strong> que ces jeunes « tyrans » comptent aussi des filles et des garçons qui n’ont <strong>pas</strong> les bras de la brute qu’on peut i<strong>ma</strong>giner autrement.<br />
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