L'homophobie, pas dans ma cour! - GRIS-Montréal
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• L’homophobie comme préjugés.<br />
À défaut d’avoir relancé les personnes qui ont fait ce lien, il est<br />
difficile de déterminer si l’intention était de préciser brièvement ce qu’est<br />
l’homophobie ou de la renvoyer à un jugement fait avant d’avoir les<br />
infor<strong>ma</strong>tions exactes (pré-jugés). Il n’est <strong>pas</strong> impossible non plus que ceci<br />
traduise une non-réflexion ou une réflexion nouvellement entamée<br />
sur l’homophobie 64 .<br />
«Oui, habituellement quand on en parle, admettons entre amis<br />
ou à l’école, <strong>dans</strong> les classes (…), c’est souvent <strong>pas</strong> de l’homophobie en<br />
tant que telle, <strong>dans</strong> le sens qu’ils ont peur des gais, lesbiennes ou<br />
bisexuels, c’est plus des préjugés. Oui, il y en a qui ont peur puis<br />
ça les perturbe ou je sais <strong>pas</strong> quoi, <strong>ma</strong>is c’est vraiment des préjugés,<br />
ça a <strong>pas</strong> d’allure. (…) C’est vraiment juste, ils font des liens qui sont<br />
comme <strong>pas</strong> vrais.» (Karine)<br />
• L’homophobie comme proximité avec des individus gais<br />
et lesbiennes.<br />
Cette explication inusitée 65 a été employée pour rendre compte<br />
des différences d’attitudes entre les urbains et les ruraux. Ainsi, les<br />
urbains seraient plus ouverts aux homosexuels car la taille de la ville<br />
ferait en sorte que les personnes homosexuelles pourraient demeurer<br />
loin d’eux. En campagne, par contre, les gens seraient contraints<br />
à côtoyer la personne homosexuelle puisque la communauté<br />
est petite.<br />
«Quand on est en ville, t’as tellement de monde que tu te dis<br />
« ah bin regarde là, il est à l’autre bout de <strong>Montréal</strong>, ça dérange <strong>pas</strong>,<br />
il y a comme tant de kilomètres entre nous deux là.» (Sandra)<br />
<strong>GRIS</strong>-MONTRÉAL RAPPORT DE RECHERCHE<br />
2007<br />
• L’homophobie comme repli sur soi.<br />
L’homophobie résulterait – du moins en partie – de l’absence d’initiative<br />
de connaître des gais et des lesbiennes. La personne demeure<br />
repliée sur soi et satisfaite de ses préjugés. Elle ne va <strong>pas</strong> vers l’autre pour<br />
les confronter ou apprendre davantage sur la réalité. À nouveau, cette<br />
explication est peu fréquente.<br />
«(…) je peux comprendre en même temps que c’est ça que t’as<br />
comme exemple, <strong>ma</strong>is ouvre tes yeux, il n’y a <strong>pas</strong> juste ça. C’est souvent<br />
des gens qui connaissent personne proche de eux ou qui ont <strong>pas</strong> pris le<br />
temps de connaître nécessairement, qui ont une i<strong>ma</strong>ge du gai efféminé ou<br />
des trucs de cuir. (…) En même temps, je connais <strong>pas</strong> la religion juive.<br />
Ce que j’ai c’est des préjugés que j’ai entendus. Je sais qu’ils sont <strong>pas</strong> tous<br />
pareils, tu comprends. Puis je prends le temps de m’intéresser (…) il faut<br />
juste prendre le temps puis ceux qui ont <strong>pas</strong> connu quelqu’un de gai prennent<br />
<strong>pas</strong> nécessairement le temps parce qu’ils veulent <strong>pas</strong>, parce qu’ils ont<br />
des clichés <strong>dans</strong> la tête (…)» (Alexandra)<br />
• L’homophobie comme conséquence de la faiblesse numérique<br />
des gais et des lesbiennes.<br />
La situation minoritaire des gais et des lesbiennes <strong>dans</strong> la société les placerait<br />
en position de vulnérabilité et de faiblesse. Les hétérosexuels, étant<br />
de leur côté en position de <strong>ma</strong>jorité et de force, profiteraient de cet avantage<br />
pour victimiser les homosexuels. Derrière cette explication se profile<br />
une vision antagoniste des rapports hu<strong>ma</strong>ins : les individus et les groupes<br />
saisiraient l’occasion de s’en prendre à des faibles lorsqu’elle se présente.<br />
«Il y a moins de gais, il y a moins de lesbiennes que<br />
d’hétéros (…) c’est une minorité donc c’est plus facile de bûcher<br />
64 Si l’on de<strong>ma</strong>nde «pourquoi y a-t-il du sexisme?» ou «pourquoi y a-t-il du racisme?» et qu’on répond «parce que ce qu’il y a des préjugés (sexistes) et (racistes)», on demeure au même niveau. À moins qu’on précise<br />
qu’on entend ces préjugés comme des jugements hâtifs avant d’avoir une connaissance complète du sujet.<br />
65 C’est la première fois que nous la répertorions <strong>dans</strong> le cadre de nos recherches et de notre expérience terrain au sein du <strong>GRIS</strong>.<br />
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