L'homophobie, pas dans ma cour! - GRIS-Montréal
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premier temps que les efféminés ne sont <strong>pas</strong> forcément gais et que les gais<br />
ne sont <strong>pas</strong> forcément efféminés, <strong>ma</strong>is on rapplique par la suite en affir<strong>ma</strong>nt<br />
pouvoir «reconnaître un gai par son allure extérieure» 66 . Ceci,<br />
à souligner, n’est <strong>pas</strong> le fait de tous les participants, <strong>ma</strong>is est récurrent.<br />
Le gai – ou presque interchangeablement, l’efféminé – est souvent<br />
illustré comme un homme adoptant des <strong>ma</strong>nières, des habitudes et des<br />
attitudes dites féminines. Il s’habille de façon soignée, à la mode. Il porte<br />
du linge serré et des couleurs <strong>pas</strong>tel ou du rose. Ses chandails pourraient<br />
avoir des messages doux : «I love the world». Il préfère les culottes aux<br />
boxers. Il a une allure métrosexuelle : il peut «s’épiler» et porter des<br />
«gougounes». Il aurait aussi, pour certains, les cheveux longs. Néanmoins,<br />
cette énumération ne fait <strong>pas</strong> toujours l’unanimité. Il existe des zones<br />
floues autour de la description des hommes gais.<br />
«Ça a <strong>pas</strong> rapport, mon chum se rase les jambes pis il est<br />
<strong>pas</strong> gai.» (Sandra)<br />
«Pas d’accord, parce qu’il y a <strong>pas</strong> <strong>ma</strong>l de gars qui ont<br />
les cheveux longs.» (Olivier)<br />
Parallèlemement à la présentation de soi, les hommes gais se distingueraient<br />
par des attitudes et des gestuelles qu’on prête davantage aux<br />
femmes. Ils auraient les poignets «fourchus» (cassés), puis auraient une<br />
voix et une dé<strong>ma</strong>rche «féminines». En outre, ils aimeraient se tenir avec<br />
des filles et discuter avec elles de «choses de filles», ce qui semble incongru<br />
aux yeux des garçons adolescents hétérosexuels.<br />
Peu de jeunes l’affirmeront d’emblée 67 , <strong>ma</strong>is certains associent<br />
ouvertement les hommes gais aux femmes, puis, <strong>dans</strong> un même souffle,<br />
à la faiblesse – sans toutefois annoncer directement l’équation<br />
femmes = faiblesse.<br />
<strong>GRIS</strong>-MONTRÉAL RAPPORT DE RECHERCHE<br />
2007<br />
«C’est ça qui fait <strong>ma</strong>l aussi à part soi, à des gais. À chaque fois<br />
qu’un gars il dit « tapette », plein d’insultes, là, « gai, tapette », tu te dis<br />
<strong>dans</strong> ta tête, admettons si t’étais gai, tu te dit « si j’avouais que j’étais<br />
gai, ils vont me traiter de tapette, ils vont me prendre pour une tapette ».<br />
C’est parce que souvent, les gais, on les prend pour des filles. Souvent,<br />
on considère les gais comme faibles.» (Miguel)<br />
Encore une fois, les jeunes ne se représentent <strong>pas</strong> tous les hommes<br />
gais comme étant efféminés ou inversement, <strong>ma</strong>is plusieurs le font, si ce<br />
n’est inconsciemment. Ce que les jeunes pensent des hommes gais n’a <strong>pas</strong><br />
été exploré en profondeur. C’est davantage sur les cibles de l’insulte «gaie»<br />
qu’ils ont été questionnés. Néanmoins, il ressort que les filles semblent<br />
avoir plus de confort que les garçons à leur endroit, au point même où il<br />
y a idéalisation de l’ami gai :<br />
«Je l’emmènerais <strong>ma</strong>gasiner.» (Ève)<br />
Dans l’esprit de certains, il y a une sorte d’affinité croisée à<br />
l’endroit des personnes homosexuelles. Les garçons détesteraient les<br />
hommes gais <strong>ma</strong>is aimeraient les lesbiennes, tandis que les filles adoreraient<br />
les hommes gais <strong>ma</strong>is n’apprécieraient <strong>pas</strong> les lesbiennes.<br />
Développant sur les opinions négatives que les garçons adolescents<br />
auraient des hommes gais, quelques répondants ont affirmé que ces<br />
opinions seraient dues à une forme de jalousie, sinon de possessivité<br />
(territorialité) :<br />
«Je pense que c’est nor<strong>ma</strong>l qu’un homosexuel ait plus de facilité à<br />
être ami avec les filles puis les comprendre. (…) C’est pour ça des fois,<br />
il y a des gars qui voient ça pis ils font genre « ah, check-le, il vient<br />
<strong>dans</strong> mon territoire l’espèce de fif! ». C’est presque ça « Ah, parce qu’il<br />
vole mes amies ou parce qu’il se fait plus ami avec des filles, il a plus de<br />
66 Ceci s’observe également <strong>dans</strong> les entrevues réalisées <strong>dans</strong> le cadre de la production de la thèse de doctorat Virilité en jeu : analyse de la diversité des attitudes des garçons adolescents<br />
à l’endroit des hommes gais.<br />
67 Encore une fois, c’est le cas chez les jeunes garçons rencontrés <strong>dans</strong> le cadre des entrevues mentionnées <strong>dans</strong> la note précédente. Ce n’est qu’au c?ur ou vers la fin de l’entretien qu’ils feront cette associaton.<br />
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