L'homophobie, pas dans ma cour! - GRIS-Montréal
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3.1. Une topographie de « l’homophobie »<br />
Aucun mot ne peut rendre de façon exhaustive toute la gamme des <strong>ma</strong>nifestations<br />
de l’infériorisation des personnes homosexuelles. Sonder les<br />
opinions et recenser les gestes se décuple lorsqu’on en explore tous les<br />
aboutissements : des représentations intériorisées, des préjugés inconscients,<br />
des exposés francs jusqu’aux dis<strong>cour</strong>s de convenance, des mises à<br />
l’écart, des silences, des violences verbales, des insultes «banales», des<br />
paroles haineuses, des bousculades jusqu’aux assauts fatals. Ensuite,<br />
chaque milieu présente ses propres particularités, les uns étant caractérisés<br />
par davantage d’ouverture que les autres. Des villes principales aux<br />
régions rurales, des universités aux écoles secondaires, d’une dénomination<br />
religieuse à une autre, d’une famille à l’autre, les conditions des<br />
personnes gaies et lesbiennes ne sont <strong>pas</strong> exactement les mêmes.<br />
En 2007, deux rapports importants de l’appareil gouvernemental<br />
faisaient état de ces situations dont nous n’abordons que quelques-unes<br />
ici, <strong>ma</strong>is de façon plus spécifique. Le rapport de la Commission des droits<br />
de la personne et de la jeunesse du Québec (2007) De l’égalité juridique à<br />
l’égalité sociale trace un portrait des distances à par<strong>cour</strong>ir pour atteindre<br />
une pleine égalité <strong>dans</strong> l’articulation des droits <strong>dans</strong> les différentes sphères<br />
sociales. De son côté, la recherche-avis du Conseil per<strong>ma</strong>nent de la<br />
jeunesse (2007) Sortir l’homophobie du placard… et de nos écoles<br />
secondaires établit une enquête aux multiples dimensions sur la connaissance<br />
et la reconnaissance de l’homophobie <strong>dans</strong> les écoles secondaires<br />
du Québec. Ces deux rapports, tout en citant l’action du <strong>GRIS</strong>, s’attachent<br />
à formuler des recom<strong>ma</strong>ndations aux ministères et acteurs politiques afin<br />
que soient mises en place des politiques et programmes nécessaires à<br />
<strong>GRIS</strong>-MONTRÉAL RAPPORT DE RECHERCHE<br />
2007<br />
réduire l’homophobie et à favoriser une politique de l’inclusion plus active<br />
<strong>dans</strong> les milieux institutionnels. Notre dé<strong>ma</strong>rche de recherche vise à constater<br />
puis orienter vers des actions concrètes à réaliser sur le terrain, <strong>dans</strong><br />
les milieux scolaires et de jeunes.<br />
Comme nous ne pouvons couvrir toutes les nuances de ces<br />
phénomènes dits homophobes, nous allons nous concentrer sur les deux<br />
milieux qui affectent principalement notre étude et sur lesquels il existe<br />
des données substantielles, soit la société en général et le milieu scolaire<br />
en particulier. Bien que notre champ d’action touche d’abord ce dernier,<br />
celui-ci n’évolue <strong>pas</strong> en vase clos et demeure lié à ce qui se <strong>pas</strong>se <strong>dans</strong> la<br />
société en général.<br />
3.1.1. Dans la société en général<br />
Une série de sondages ont été effectués au <strong>cour</strong>s des dernières années<br />
pour cerner le profil des opinions et des attitudes à l’endroit de l’homosexualité<br />
et des personnes lesbiennes et gaies corollairement aux enjeux<br />
politiques d’actualité les concernant. En prenant une perspective<br />
diachronique, c’est à dire qui suit la ligne du temps, nous re<strong>ma</strong>rquons une<br />
transfor<strong>ma</strong>tion des positions reflétant les changements sociaux rapides<br />
survenus au <strong>cour</strong>s des dernières années.<br />
En <strong>ma</strong>tière de valorisation de l’homosexualité, 47% des Québécois<br />
sondés en 1990 par la firme Léger Marketing la considéraient immorale,<br />
ce pourcentage baissant ensuite à 22% en 2006. Au Canada, l’approbation<br />
de la reconnaissance du <strong>ma</strong>riage entre conjoints de même sexe est <strong>pas</strong>sée<br />
de 37% en 1997 à 53% en 2004 (Étude électorale canadienne, 1997, 2004).<br />
S’il est possible de trouver des personnes se situant à chaque extrémité<br />
du spectre des attitudes à l’endroit des lesbiennes et des gais, la tendance<br />
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